lundi 17 décembre 2012

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 Lundi 17 décembre 2012 - 20h40:39

L'Islande se réjouit d'avoir abandonné ses banques

SAUVEGARDER
Par: Loïc Struys
14/12/12 - 15h09
Octobre 2008, la faillite des trois grandes banques islandais (Kaupthing, Glitnir et Landsbanki) est proclamée. En cause: une politique d'endettement à risque et le gonflement de leur bilan. Pour prévenir l'effondrement du système bancaire, celles-ci furent nationalisées. Les créanciers étrangers pas remboursés.D'autres mesures furent prises. Quatre ans plus tard, elles portent leur fruit.
Au lendemain des accords conclus à Bruxelles dans la nuit de mercredi à jeudi autour de la création d'une supervision bancaire opérée par la Banque Centrale Européenne, Olafur Ragnar Grimsson, le président Islandais, s'est permis de narguer l'Union Européenne en se félicitant d'avoir laissé tomber les banques. Une décision "difficile mais décisive" pour la relance économique de son pays. Et contraire à la démarche européenne.
"La région arctique se retrouve petit à petit au coeur des enjeux de l'économie globale". Olafur Ragnar Grimsson salue aujourd'hui la renaissance de cette région au micro de CNN. Tandis que l'Europe est empêtrée dans la hausse du chômage et le retard de croissance, l'Islande a survécu à l'effondrement de son système bancaire non sans avoir été à deux doigts de devenir "le premier cas de faillite nationale de la crise financière mondiale".

"La plus dure, mais la plus judicieuse"
Quatre ans après la cruciale décision de ne pas sauver les banques, criblées de dettes, la croissance du pays dépasse désormais celle de la zone euro. "Accepter de laisser les banques tomber en faillite fut l'acte le plus difficile qu'il m'ait été donné de prendre. Mais sans doute le meilleur. Il est l'une des raisons fondamentales de la forte reprise économique de notre pays au regard des autres pays européens. Il valait mieux laisser l'Islande s'autogérer que de laisser l'Union Européenne parler en son nom. Le pays en recueille les fruits aujourd'hui". En empruntant un chemin inverse à l'Europe, les politiques islandais ont contribué à améliorer la santé économique du pays.
Le président islandais, Olafur Ragnar Grimsson, opposerait un refus catégorique à toute proposition d'adhérer à l'Union Européenne. © belga.
La pêche et le tourisme
La réhabilitation s'est opérée en trois temps: par une nationalisation et un refus de recapitaliser les trois géants bancaires (Kaupthing, Glitnir et Landsbanki), par un abandon des créanciers étrangers à leur triste sort et, surtout, par une dévaluation volontaire de la couronne. Comme l'analysait La Tribune le mois dernier,  cette dévalorisation de la couronne islandaise a provoqué une inflation (jusqu'à 18%) au cours de l'année 2009, un ralentissement de la hausse des salaires en 2009 et 2010, mais elle a permis aux secteurs épargnés, comme la pêche et le tourisme (en hausse de 16% sur l'année 2012), de profiter de la relance économique mondiale pour engranger des bénéfices et relancer des investissements.

Loin de l'Europe
Avec un certain succès, puisque 2012 marque un accroissement du PIB - qui avait reculé de 6,6% en 2009- de 2,1%, là où la plupart des pays européens affichent une croissance en berne. Avec un déficit à l'équilibre prévu pour l'an prochain, un taux de chômage proche de 5% et le remboursement total des 2,1 milliards prêtés par le FMI, Reykjavik respire. Le politicien de 69 ans attribue au Groenland et à la Norvège - deux autres acteurs économiques de la région arctique non membre de l'Union Européenne - un rôle de modèle. Et pour celui qui assume la présidence du pays depuis le 1er août 1996, pas question d'entrevoir une adhésion à l'Europe.

Malgré la réussite de ce pari risqué, Grimsson admet que certaines cicatrices subsistent, "mais dans l'ensemble, la volonté du peuple nous a permis de nous rétablir et d'entrevoir l'avenir avec confiance".  Quelque peu narquois, Grimsson admet que la politique de son pays eut été inapplicable en Europe. "La zone euro ne pouvait se permettre de dévaluer sa monnaie, même si elle avait pu adopter notre politique à l'égard des banques". Et comme le rappelait la Tribune, la taille du pays est un facteur majeur de réussite.

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