lundi 29 février 2016

Voici l’hélicoptère du futur : plus sobre, doté du stop-and-start et d’écrans tactiles !


source : veille technologique
PAR  PUBLIÉ LE  À 08H26
Voici l’hélicoptère du futur : plus sobre, doté du stop-and-start et d’écrans tactiles !
Le H160 d'Airbus Helicopter préfigure les machines de demain.
Ce sont les technologies maturées dans l’automobile ou les smartphones qui débarquent dans les cockpits des hélicoptères du futur. Alors que la grand-messe annuelle des voilures tournantes, Heli Expo, débute ce 29 février à Louisville (Kentucky), voici un passage en revue des principales innovations que l’on verra apparaître dans les cinq années qui viennent.
Le monde de l’hélicoptère, au même titre que l’aviation commerciale, doit trouver de nouvelles solutions pour réduire ses émissions de CO2 et ses nuisances sonores. C’est l’un des enjeux majeurs en matière d’innovation dans un secteur où les impératifs de sécurité et de coût d’utilisation des machines sont aussi très importants.
La flotte mondiale des hélicoptères civils atteint la bagatelle de 35 000 machines, selon Flightglobal(étude Helicopters 2015). Chiffre auquel il faut ajouter 21 000 hélicoptères militaires. Certes, ces machines volent en moyenne beaucoup moins que les avions civils,  mais elles n’en polluent pas moins.
Ces dernières années, les programmes de recherche se sont multipliés pour réduire les émissions polluantes des machines. Elles ont été divisées par plus de deux par rapport aux turbines des années 60. Mais le secteur va devoir aller beaucoup plus loin : dans le cadre du programme Clean Sky 2, le «moteur vert» doit – d’ici 2020 - consommer 22 % de moins par rapport à une turbine Arriel 2 dont la conception remonte à 2004 et émettre 60 % de NOx en moins. Ce moteur devra aussi réduire de 10 dB le bruit émis.
L’environnement n’est pas le seul enjeu. Il y aussi l’amélioration de la sécurité des vols, l’ergonomie du cockpit, la réduction des coûts de maintenance. « Nous œuvrons autour de trois dimensions principales : l’environnement, le marché et les normes de sécurité », résume Tomasz Krysinski, vice-président d’Airbus Helicopters, en charge de la recherche et de la technologie.

L’hélicoptère stop and start
Cela peut paraître incroyable, mais comme une voiture, l’hélicoptère de demain sera doté de ce type de dispositif. L’objectif est de mieux gérer la puissance des moteurs. En effet, lorsqu’un hélicoptère bi-turbine décolle, il utilise 100 % de la puissance de ses deux moteurs. Mais lorsqu’il arrive en phase de croisière, en général, il n’utilise plus que 50 % de cette puissance, sans pour autant consommer deux fois moins. L’idée, expérimentée tant par Turbomeca (Safran) que par Airbus Helicopters (programme Bluecopter), est de mettre en sommeil l’un des moteurs, sans l'éteindre. « On peut gagner entre 10 et 15 % en consommation de carburant », ajoute Eric Seinturier, chef de programme R&T de Turbomeca. L’un des défis est d’arriver à redémarrer immédiatement le moteur mis en sommeil, et ce, à pleine puissance, grâce à un système électrique équivalent à celui que l’on trouve dans une voiture. La filiale de Safran a d’ailleurs travaillé avec Valeo, l’équipementier automobile, pour mettre au point cette technologie. Il faudra aussi réduire la masse ajoutée (batterie notamment). Pour que le stop and start entre en service, ce qui est faisable vers 2020-2025, il faudra faire évoluer la réglementation… et convaincre les opérateurs.
De son côté, Airbus Helicopters travaille sur un concept d’hélicoptère hybride dans le cadre de CleanSky2, où il entend combiner vitesse et faible consommation, avec des premiers vols pour 2018. Car la vitesse reste un élément important pour le monde des voilures tournantes notamment dans les missions de sauvetage. « L’objectif est de voler 50 % plus vite que les modèles actuels, mais en ne consommant que 20 % de plus », explique Tomasz Krysinski. Son rival européen, Finmeccanica Helicopters (ex-AgustaWestland) planche depuis plusieurs années sur l’architecture Tiltrotor ou rotor basculant, avec son AW609, là aussi pour augmenter la vitesse (jusqu’à 500 km/h) sans trop consommer en plus. Le succès reste à prouver puisque l’appareil a volé pour la première fois en 2003 et qu’il n’entrera en service qu’en 2018.
Les moteurs « verts » seront… à pistons !
Comment améliorer encore la performance des turbines à gaz, déjà très matures ? C’est la question à laquelle Turbomeca apporte une réponse en travaillant sur les systèmes de contrôle et de régulation du moteur. Le motoriste estime qu’il pourra encore générer des gains en consommation grâce à de nouveaux calculateurs, qui gèreront de façon encore plus optimisée l’injection du carburant dans la chambre de combustion. « Nous travaillons aussi sur la compacité et la fiabilité des actionneurs », ajoute Eric Seinturier. Le motoriste tarbais expérimente notamment des petits vérins électriques (au lieu d’être hydrauliques) plus compacts et plus précis à piloter, qu’on pourrait voir apparaître d’ici 5 à 10 ans. Mis bout à bout, ces éléments devraient aussi permettre de réduire les coûts de maintenance des turbines en allongeant les intervalles d’inspection à tous les 4 à 5 000 heures de vol, contre 3 000 heures actuellement.
Mais l’une des pistes étudiées serait de revenir au bon vieux moteur à pistons. Ainsi, Airbus Helicopters a testé en vol un modèle H120 équipé d’un moteur V8 de 4,6 litres à haute compression, doté d’un système d’injection directe à rampe commune (1 800 bar) et de deux turbos. Selon le constructeur, les résultats sont impressionnants : la consommation est diminuée de 40 à 50 % selon les régimes d’utilisation par rapport à une turbine. Pour lutter contre les kilos, le bloc est en aluminium et les bielles en titane. Le rapport masse puissance développé reste toutefois en défaveur du moteur à pistons avec 0,7 kg / kWh contre 0,3 kg pour une turbine à gaz. « Mais le haut taux de compression permet un rendement jusqu’à 45 % contre 25 % avec une turbine », argumente Tomasz Krysinski. Le constructeur de Marignane espère amener son prototype au niveau de maturité technologique 6 (TRL 6), quand les essais en vol seront achevés.
Pales et fenestrons nouvelle génération
Améliorer la traînée induite, alléger les structures, et diminuer le bruit. L’un des chantiers concerne les pales du rotor principal, la plus importante source de nuisances sonores avec le moteur. Au terme de plusieurs années de travaux menés conjointement par l’Onera, le DLR allemand etAirbus Helicopters, les premières pales nouvelle génération sont apparues vers 2010.  Avec leur forme caractéristique de boomerang aux extrémités, qui permet de réduire la vitesse en bout de pales, elles équipent désormais le dernier né d’Airbus Helicopters, le H160. L'hélicoptériste poursuit d'ailleurs ses travaux sur ce sujet dans le cadre de Bluecopter avec un fenestron nouvelle génération, ce carénage qui abrite le rotor de queue. Un revêtement spécial a été par exemple conçu pour piéger le bruit. Au final, le constructeur estime le gain total à 10 décibels.
Côté fuselage et structures, la problématique concerne l’allégement. Et de ce côté, la réponse reste classique avec l’emploi de la fibre de carbone, 25 % plus légère que l’aluminium. Le H160 a non seulement son fuselage en composite, mais aussi le moyeu rotor, qui est normalement en alu, en acier ou en titane.
Les écrans deviennent tactiles
Une vraie révolution. C’est ainsi que Thales, l’un des principaux fournisseurs d’avionique pour les hélicoptères voit la généralisation du tactile dans les cockpits. « Les hélicoptères seront les premiers où nous allons proposer ces technologies dans le cadre de notre programme Avionic 2020 », explique Richard Perrot, vice président marketing de la division avionique du groupe français. D’ici 2020, la totalité des écrans pourront être tactiles. Les interfaces de l’avionique, très intuitives, seront autant orientées vers les systèmes (paramètres moteurs, météo, navigation, etc…) que missions (recherche et sauvetage, surveillance maritime, évacuation sanitaire, etc…). « Nous allons superposer d’autres types d’informations, par exemple une carte routière ou la visualisation des vents ou des courants marins », ajoute Richard Perrot. L’équipage pourra ainsi intervenir plus rapidement sur le lieu où doit récupérer des blessés.
Le tactile permettra aussi au pilote de modifier très facilement la trajectoire, en touchant un point et en le déplaçant sur l’écran. Le système calculera immédiatement la nouvelle trajectoire alors qu’auparavant, il fallait entrer les nouvelles cordonnées sur un clavier. Au final, la puissance de calcul sera 4 à 5 fois supérieure à celle des avioniques existantes. Les gains ne se comptent pas uniquement en terme de confort et de précision de pilotage, mais aussi en masse gagnée. Cette nouvelle avionique devrait être 20 à 25 % plus légère que les systèmes actuels puisqu’elle va intégrer plusieurs équipements ou fonctions dans un écran unique. Enfin, et l’argument devrait faire mouche, les fonctions seront désormais ségrégées : c’est à dire que si un constructeur veut faire évoluer une fonction, il n’aura pas à tout re-certifier auprès des autorités, mais uniquement la fonction changée. « On peut en espérer un gain d’au moins 30 % sur la durée de vie d’un hélicoptère », affirme Richard Perrot.
Le HUD s’impose
Comme dans les avions de combat, les dispositifs tête haute (Head-up display) ou les systèmes de visualisation montés sur un casque, devraient se généraliser dans les cockpits des hélicoptères, comme d’ailleurs des avions commerciaux. Seules les fonctionnalités et l’interface seront un peu différentes de celles que l’on trouve à bord du Rafale. Le principe consiste à reconstituer une image synthétique à partir d’une base de données afin d’offrir au pilote un visuel en 3D sur la situation extérieure, tout en lui fournissant les paramètres de vol, ce qui évite au pilote de baisser la tête pour regarder ses cadrans. Ce genre de systèmes sera particulièrement utile pour les missions délicates, comme l’hélitreuillage ou la pose de pylônes.
Thales a développé un prototype, baptisé TopMax, constituée d’un viseur très léger (350 grammes) qui s’adapte sur un œil (droit ou gauche), et qui est deux fois moins coûteux qu’un HUD. Le système permet une vision quasiment à 360 degrés, ou de visualiser une dérive de trajectoire en phase d’approche. Une vingtaine de marqueurs sont disséminés dans le cockpit de sorte que lorsque le pilote tourne la tête, la caméra accroche l’un de ces marqueurs. Le système repère ainsi les mouvements du pilote et lui donne en permanence le bon affichage. Si tout va bien, cette solution, qui a été dévoilée en novembre dernier, pourrait entrer en service vers 2018-2019.
La fabrication additive pour baisser les coûts
La plupart des firmes aéronautiques testent, ou ont déjà validé des productions de pièces avec les technologies de l’impression 3D. C’est le cas des motoristes comme des constructeurs. Et le monde de l’hélicoptère n’est pas exempté de cette tendance, bien au contraire. Exemple : depuis début 2015, Turbomeca a lancé la fabrication en série de pièces moteur métalliques, les injecteurs de l’Arrano et les tourbillonneurs de la chambre de combustion de l’Ardiden 3, dans son usine de Bordes (Pyrénées-Atlantiques). « Nous y croyons beaucoup »,  lance de son côté Tomasz Krysinski. La fabrication additive permet notamment de produire et surtout de disposer beaucoup plus rapidement des pièces de rechange. Ces technologies aideront donc constructeurs et équipementiers à réduire les coûts de maintenance, un poste toujours élevé dans les voilures tournantes. 

Comment reconnaître une banque véritablement alternative, éthique et d’utilité publique

PAR 
C’est le moment de changer de banque : des banques éthiques émergent partout en Europe. Mais comment s’y retrouver ? Si en France, trois des cinq plus grandes banques sont coopératives, cela ne les a pas empêchées de tremper dans la finance spéculative et toxique, au même titre que les banques d’affaires classiques. Heureusement, une nouvelle forme de banque coopérative fait son chemin. Avec un fonctionnement réellement démocratique et des financements socialement utiles, la Nef et le Crédit coopératif contribuent à modifier le paysage bancaire hexagonal. Cette dynamique pourra-t-elle changer le visage de la finance ? Enquête.
C’est la crise financière qui a tout déclenché. « La réflexion a commencé, en 2009, quand nous avons senti qu’il n’y aurait pas de réelle réponse à la crise. Alors nous nous sommes dit : “essayons nous-mêmes” », raconte Marc Bontemps, co-initiateur du projet de nouvelle banque coopérative belge, New B. « Les 40 000 premiers coopérateurs sont arrivés en quelques mois seulement. » Aujourd’hui, New B réunit près de 49 000 citoyens sociétaires, plus de 130 ONG et associations et plus de deux millions d’euros de souscriptions. Elle compte lancer très bientôt un premier produit bancaire pour ses futurs clients : une carte de paiement durable.
La finance éthique, solidaire et écologique connaît une nouvelle dynamique depuis la crise financière de 2008, et pas uniquement en Belgique. En Croatie, pays de quatre millions d’habitants, entré dans l’Union européenne il y a trois ans, un projet de nouvelle banque coopérative et éthique est aussi en train de voir le jour. « Le but est de créer une banque qui soit entre les mains des Croates et de renforcer l’inclusion de la population dans la gouvernance bancaire », rapporte Magdalena Jelić, porte-parole de Ebanka. Créée en 2014, cette coopérative croate pour une finance éthique annonce avoir réuni plus de 70 millions de kunas croates (9 millions d’euros). Elle vient d’envoyer une première demande d’agrément à la banque centrale croate.

Des banques éthiques dans toute l’Europe

À un millier de kilomètres de là, en Allemagne, la banque coopérative écologique et sociale GLS, née dans les années 1970, compte 40 000 sociétaires, 200 000 clients, et revendique 2 000 nouveaux clients chaque mois. En 2014, elle a attribué 1,9 milliard de prêts, dont 600 millions à des projets de production d’énergie renouvelable. Des banques éthiques de ce type existent un peu partout en Europe : Banca Etica (Italie), Triodos (Pays-Bas), Merkur (Danemark), Ekobanken (Suède)... Ces banques sont réunies au sein de la Fédération européenne des banques éthiques et alternatives, laFebea.
En France, le Crédit coopératif, première banque de financement de l’économie sociale et solidaire (ESS), compte plus de 320 000 clients et 44 500 sociétaires. La Nef, coopérative financière créée en 1988, attire près de 36 000 sociétaires et s’approche de plus en plus de son objectif : devenir une véritable banque de plein exercice [1]. Pendant longtemps, les clients de cette petite société financière ne pouvaient y avoir que des placements à terme de plus de deux ans. Pour les comptes chèques (aussi appelés comptes à vue ou encore comptes courants) et les livrets d’épargne, la Nef passe alors par un partenariat avec le Crédit coopératif. Depuis avril 2015, elle est autorisée à ouvrir des livrets d’épargne et des comptes à vue pour les clients professionnels. Ceux-ci doivent être mis en place rapidement. « L’objectif suivant, c’est de proposer des comptes courants aux particuliers d’ici 2018 », indique Nicolas Morand, conseiller à la Nef.

Des banques démocratiques, solidaires, d’utilité publique, transparentes

Le modèle de la banque coopérative n’est pas nouveau, puisqu’il en existe dans le monde entier depuis le XIXe siècle. Du point de vue juridique, le statut dit « coopératif » signifie simplement que la banque appartient à ses sociétaires – citoyens, associations ou entreprises –, qui en ont acquis des parts. Et que la prise de décisions suit le principe « un sociétaire, une voix », quel que soit le nombre de parts acquises. Sur la forme, une banque coopérative n’est donc pas, en tant que telle, nécessairement plus éthique.
L’exemple des banques coopératives historiques françaises le prouvent. Trois des cinq plus grands groupes bancaires du pays, Crédit agricole, Banques populaires-Caisses d’Épargne (BPCE) et Crédit mutuel, sont des banques coopératives. Cela ne les a pas empêchées de développer des activités spéculatives avec leurs filiales de banques d’investissement, ni de financer les énergies polluantes [2] ou l’armement nucléaire (lire notre article « Quand des banques de “l’économie sociale” financent la bombe atomique »). Ni de vendre des produits financiers toxiques, voire de tremper dans des pratiques douteuses (lire notre article « Évasion fiscale, fraudes et manipulations : découvrez le casier judiciaire de votre banque »). Qu’est-ce qui différencie alors les nouvelles banques coopératives de ces grandes sœurs pas toujours recommandables ?

Financer l’agriculture biologique ou l’habitat écologique

C’est que ces banques-là se sont explicitement donné pour mission de contribuer à une finance solidaire, d’utilité publique, transparente et le plus souvent écologique. La Nef, dont l’acronyme signifie « Nouvelle économie fraternelle », s’est engagée à« favoriser l’implication consciente des individus pour que l’argent contribue à une évolution sociale, en plaçant l’être humain au cœur d’une économie plus solidaire et fraternelle » [3]. La banque, dont le siège social est à Vaulx-en-Velin, près de Lyon, s’est aussi dotée d’une charte des valeurs, qui précise par exemple que les fonds déposés à la Nef, réinvestis dans des crédits, sont utilisés pour des projets « qui contribuent à un développement économique durable, dans un esprit de solidarité, dans les domaines culturel, écologique et social ». Et que les ressources de la Nef proviennent en totalité de l’épargne et du capital de ses membres, sans aucun recours aux marchés financiers. Le Crédit coopératif s’est, de son côté, dédié au financement de l’économie sociale et solidaire.
Impossible pour la Nef ou le Crédit coopératif de participer directement au financement de projets d’extraction de charbon ou à la spéculation sur les matières premières dans le monde. En 2014, la Nef a débloqué 1,6 million d’euros de prêts pour l’agriculture biologique et biodynamique, et 620 000 euros pour l’habitat écologique. Le volet « écologie » des crédits de la Nef représente, à lui seul, deux tiers des 21,2 millions d’euros de crédits accordés l’année dernière. Le reste des prêts sont classés dans des volets « sociaux » (par exemple des crèches, des entreprises d’insertion, etc.) et « culturels » (écoles Montessori, librairies...). Et en toute transparence, car la Nef rendpublics tous les prêts qu’elle accorde. Toujours en 2014, la Nef a ainsi prêté, 37 800 euros pour un élevage bovin bio avec transformation fromagère en Dordogne, 50 000 euros pour la création d’une microbrasserie artisanale bio dans les Côtes-d’Armor, 12 600 euros à la coopérative locale Énergie partagée en Alsace pour une installation photovoltaïque [4].

Innovations financières et taxe sur les transactions

Au-delà de leur politique originale pour l’octroi de crédits, les banques éthiques françaises se sont aussi distinguées par les produits financiers qu’elles développent : les comptes à terme de la Nef, qui permettent de donner les intérêts du placement à une association partenaire (les Amis de la terre, Amnesty International...) ou à des projets d’énergies renouvelables ; les comptes courants Agir du Crédit coopératif, qui servent à financer l’ESS. Les comptes à terme de la Nef et les livrets d’épargne du Crédit coopératif bénéficient d’ailleurs du label « Finance solidaire » de Finansol, association qui a pour objet de promouvoir la solidarité dans l’épargne et la finance.
La finance éthique a même développé de véritables innovations bancaires. En 2011, le Crédit coopératif a ainsi mis en place une « taxe Tobin » maison : la contribution volontaire sur les transactions de change (CVTC). Soit une contribution de 0,01 % sur le montant des opérations de change, reversée ensuite à des acteurs du développement international. En trois ans, la contribution a produit environ 230 000 euros. Versée notamment à des projets d’énergies renouvelables, d’habitat passif et d’économie d’énergie en Inde, au Maroc et au Mali, cette contribution volontaire représente « la seule véritable innovation financière de ces dernières années », estime Nadine Richez-Battesti, maître de conférences en économie à l’université d’Aix-Marseille, spécialiste de l’ESS et des banques coopératives.

Des banquiers itinérants

Sur le terrain, la Nef a introduit en 2009 une autre forme d’innovation : le métier de banquier itinérant. « L’idée, c’est de faire en sorte qu’une petite structure comme la Nef puisse à la fois s’ancrer sur le territoire, maintenir des sociétaires actifs, et entrer dans une dynamique de développement », explique Béatrice Chauvin, première banquière itinérante de la Nef et auteure d’une thèse sur le sujet. C’est elle qui a lancé cette initiative, sur le modèle des banquiers ambulants de la Banca Etica italienne. Aujourd’hui, la Nef compte six banquiers itinérants implantés aux quatre coins de la France (Caen, Lille, Forcalquier, Marseille, Bordeaux et Strasbourg).
« Les banquiers itinérants sont comme des animateurs de territoire. Ils rendent possible une prise de contact avec les sociétaires. Sur mon territoire, j’ai par exemple mis en place une permanence et des apéros-débats dans un café coopératif que la Nef avait financé, décrit Béatrice Chauvin. Les banquiers itinérants arpentent le territoire pour faire remonter des affaires. Mais nous ne sommes pas dans le démarchage commercial classique. Nous créons des groupes de sociétaires bénévoles. Nous pouvons leur demander s’ils connaissent tel ou tel projet sur leur territoire. »

Des sociétaires impliqués dans le fonctionnement de la banque

La Nef compte aujourd’hui une trentaine de ces groupes de sociétaires bénévoles, et une poignée d’autres sont en cours de création. « Notre fonction est d’aller voir les porteurs de projets et de relayer, décrit Annick Proix, sociétaire à la Nef depuis 2003 et membre du groupe créé il y a quelques mois dans les Alpes-de-Haute-Provence. Nous sommes 280 sociétaires dans le département. Tout le monde n’est pas forcément au courant de ce qui se passe sur le terrain. Nous voulons montrer à nos sociétaires ce que devient leur argent. Les groupes locaux jouent aussi un rôle dans la démocratie interne de la Nef. « En préparation de l’assemblée générale, nous discutons des résolutions qui seront proposées. Nous suivons des formations », explique Annick Proix. Des débats sont organisés avec les sociétaires. Par exemple, les livrets à court terme qui vont être lancés doivent-ils être ouverts à tous ou uniquement aux sociétaires ? Les groupes locaux débattent aussi des entreprises qui bénéficient de prêts, et des sociétaires siègent aussi au sein des comité régionaux de crédit.
Au Crédit coopératif, seuls les sociétaires qui sont des personnes morales – c’est-à-dire des associations et entreprises de l’ESS – ont un droit de vote dans les assemblées générales. « C’est pour protéger le modèle de la banque, explique Imad Thabet, responsable de la vie coopérative au Crédit coopératif. Pendant longtemps, le Crédit coopératif finançait exclusivement l’économie sociale et solidaire. Trois quarts de l’activité se font toujours avec l’ESS. Mais les particuliers sont évidemment invités aux assemblées générales, et nous avons créé un poste d’administrateur réservé aux sociétaires particuliers. »

Comment être une banque éthique tout en étant « adossée » à un groupe ?

Dans les deux banques, un événement a fait bondir une partie des sociétaires : l’adossement, décidé en 2002, du Crédit coopératif à la BPCE. Un rapprochement qui concerne aussi la Nef, par ricochet, puisque la petite banque éthique est en partenariat avec le Crédit coopératif pour les comptes chèques et les livrets d’épargne qu’elle propose à ses clients. « Les débats ont été houleux dans les deux banques », signale la chercheuse Nadine Richez-Battesti. Cet « adossement » doit permettre au Crédit coopératif de se refinancer au même taux que le grand groupe bancaire BPCE. « Nous ne sommes pas une filiale de la BPCE, insiste Imad Thabet. C’est plutôt le contraire. Dans une coopérative, c’est la base des sociétaires qui détient les caisses locales, qui elles-mêmes détiennent la banque nationale. C’est le modèle des banques populaires. » Le Crédit coopératif détient ainsi 1 % du capital de la BPCE.
Il n’empêche. Le lien entre les deux banques a de quoi refroidir les citoyens qui cherchent, dans le Crédit coopératif et la Nef, des banques alternatives totalement indépendantes des dérives de la finance. Comment, tout à la fois, être la banque de référence de l’économie sociale et solidaire et se retrouver adossée à un groupe bancaire dont la filiale d’investissements, Natixis, a été largement impliquée dans la crise de subprimes de 2008 ? Comment, tout à la fois, être une banque pionnière du financement de l’agriculture biologique et des énergies renouvelables et se trouver liée, même par un intermédiaire, à un groupe qui a consacré 11 milliards d’euros aux énergies fossiles depuis 2009 [5] ? L’équation est difficile. La Nef veut la résoudre en devenant une banque de plein exercice dans les prochaines années. Ce qui rendrait de fait caduc le partenariat avec le Crédit coopératif.

La concentration fait obstacle aux banques alternatives

Le paradoxe tient en partie dans la concentration du monde bancaire. Tout particulièrement en France, où la loi de 1984 sur la banque universelle a favorisé le modèle des très grandes banques. Les cinq plus grandes banques de France, BNP, Société générale, Crédit agricole, BPCE et Crédit mutuel, contrôlent à elles seules 85 % du marché bancaire français [6]« Nous nous sommes retrouvés, au début des années 2000, à être la seule banque de taille moyenne dans le paysage bancaire français. Et comme nous faisons, comme toutes les banques, des prêts à long terme mais des dépôts à court terme, nous avons eu besoin de nous refinancer. Or, le coût de ce refinancement dépend de la taille de la banque. Le Crédit coopératif s’est alors retrouvé avec un coût de refinancement plus élevé que le taux de crédit accordé à ses clients », détaille Imad Thabet. Adossé aux réserves de la BCPE, le Crédit coopératif est considéré comme un acteur plus solide sur les marchés. Et profite de taux plus bas. « Nous sommes entrés dans le groupe des Banques populaires pour profiter des mêmes taux de refinancement. Mais sur la base d’un protocole qui préserve l’autonomie du Crédit coopératif. »
Est-il donc aujourd’hui impossible de voir se développer en France des banques alternatives comme l’allemande GLS, qui propose tous les services d’une banque de plein exercice, tout en restant totalement indépendante ? Ou comme le groupe néerlandais Triodos, né en 1980 et présent dans cinq pays européens, qui finance l’ESS et propose des placements durables, le tout sans adossement à un autre groupe bancaire [7] ? « Les réglementations européennes et internationales ne sont pas du tout adaptées aux banques coopératives, et rendent très difficile l’émergence d’un nouvel organe bancaire, explique Nadine Richez-Battesti. Déjà, elles ne reconnaissent pas les parts des sociétaires comme des fonds propres. Alors que le sociétariat, contrairement à l’actionnariat, est très stable. Les sociétaires ne reprennent presque jamais leur part. »
Une analyse confirmée par Nicolas Morand, de la Nef : « La réglementation n’est pas très adaptée pour nous, alors que notre capital et très solide. Notre principal risque est de faire le lien entre les épargnants et les emprunteurs sur une création d’activité dans des secteurs pour lesquels, au départ, nous n’avons pas de vision claire de leur réussite à venir – par exemple sur l’agriculture bio dans les débuts de la Nef, ou, aujourd’hui, sur l’habitat groupé. »
Le développement des banques éthiques est-il en péril ? « Le danger est que la régulation pousse à uniformiser », craint Béatrice Chauvin. Tout en regardant du côté du système de banques scandinaves Jak : « Lorsque des gens épargnent,cela donne droit à des points. Ensuite, il est possible d’emprunter sans taux d’intérêt, en payant juste les frais de fonctionnement. Et les personnes qui ont épargné mais n’ont pas besoin d’emprunter peuvent transmettre leurs points d’emprunts à d’autres. » De quoi inspirer de nouvelles expériences de banques alternatives ? « Je pense de toute façon que la solution se trouve dans les formes de proximité. Dans les territoires. » Alors en 2016, on change de banque ?
Rachel Knaebel
Illustration : un billet de 60 milliards d’euros édité par l’association Attac pour incarner le montant de l’évasion fiscale réalisée en France avec le soutien direct ou indirect des grandes banques.

La Chine va fermer mille centrales à charbon polluantes

29 février 2016 via Reporterre 

  

    
La Chine, pays premier producteur de charbon au monde, et plus gros émetteur de gaz à effet de serre, prévoit de fermer mille centrales électriques au charbon cette année. Cette action va réduire l’excédent de charbon sale de la Chine et lutter contre la la pollution de l’air, avec des réductions encore plus importantes prévues pour l’avenir.
La nouvelle, d’abord annoncée par l’agence de presse officielle Xinhua, a été confirmée lundi 22 février par l’Administration nationale de l’énergie de la Chine.
- Source : Grist.org

Atlas, The Next Generation

Le graphène est-il toxique?

27.03.2015, par Vahé Ter Minassian source : La lettre du CNRS

Le graphène est composé d'atomes de carbone organisés en nids d’abeilles.
 SCIENCE PICTURE CO./CORBIS
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Médecine, électronique, énergie... les applications potentielles du graphène suscitent l’engouement. Mais avant tout, les scientifiques veulent s’assurer de son innocuité pour la santé et l’environnement.
Innombrables sont les applications attendues du graphène. Mais, avant dans se lancer dans leur développement, encore faut-il, selon une démarche industrielle classique, s’assurer de l’innocuité du matériau ou du moins préciser ses conditions d’utilisation. Évaluer les risques potentiels sur la santé et l’environnement de cette nouvelle forme cristalline du carbone est justement l’objectif de l’un des groupes de travail du programme européen Flaghsip Graphene
 qui réunit 142 partenaires institutionnels dans 23 pays. Les chercheurs qui y participent ne partent pas de zéro. « En effet, explique Alberto Bianco, directeur de recherche à l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire1, à Strasbourg et co-coordinateur du groupe, ces feuillets d’atomes de carbone ne sont pas fondamentalement différents des nanotubes de carbone, auxquels d’importantes études, dont on peut s’inspirer, ont été consacrées par le passé. »
Car ces derniers s’avèrent eux aussi être composés de feuillets carbonés. À ceci près qu’ils ne sont pas à plat comme dans le graphène, mais enroulés sur eux-mêmes, en une ou plusieurs couches, à la manière d’un cigare. Ainsi sont augmentées, suppose-t-on, les chances qu’ils puissent s’assembler entre eux pour former des fibres, susceptibles de s’accumuler dans les compartiments pulmonaires en cas d’inhalation par un être vivant. Les travaux conduits voilà quelques années avaient d’ailleurs conclu à une toxicité des nanotubes de carbone lorsqu’ils étaient d’un certain type et dépassaient une certaine taille. Ils avaient dans le même temps permis d’identifier des parades comme limiter la production des plus grosses de ces molécules.

Modélisations d'un nanotube de carbone biparoi (à gauche) et de la structure de graphène.

 E. FLAHAUT; V. BOUCHIAT/CNRS PHOTOTHEQUE
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Des batteries de tests réalisés in vitro
Qu’en est-il du graphène ? Pour tenter de répondre à cette question, les neuf partenaires institutionnels du groupe de travail de Flagship Graphene vont procéder à partir de maintenant à des batteries de tests in vitro afin d’évaluer les effets sur l’activité des cellules immunitaires et neuronales en présence d’une plus ou moins grande quantité de ce nanomatériau. À terme, ils envisagent des études sur l’animal. « À ce stade préliminaire, poursuit le chercheur, nous n’avons pas observé de risques pathogènes alarmants comparables à ceux posés, en leurs temps, par les nanotubes de carbone. Bien sûr, il est encore trop tôt pour conclure. Par précaution, on peut envisager de limiter les risques en l’intégrant à d’autres matériaux pour éviter sa dissipation dans l’air. »
Ailleurs en Europe, les travaux des autres groupes semblent se diriger vers des conclusions comparables. C’est par exemple le cas au sein de la célèbre université de Manchester, au Royaume-Uni qui vit, en 2010, deux de ses chercheurs – André Geim et Konstantin Novoselov – récompensés du prix Nobel de physique pour leur découverte du graphène. En effet, si les recherches de l’équipe d’Irina Barbolina de la faculté des sciences de la vie concernant les effets du matériau sur l’activité des bactéries sont trop récentes pour avoir livré des résultats, ce n’est pas tout à fait le cas de celles conduites par Cyrill Bussy, toujours à l’université de Manchester.
Cet ancien post-doctorant à l’Inserm et au CNRS, actuellement maître de conférences, travaille, au sein du National Graphene Institute et du Centre for Tissue Injury and Repair de la faculté des sciences médicales et humaines, sur la toxicité de la forme cristalline et notamment sur les conséquences d’une exposition des poumons et du cerveau. Pour cela, il effectue depuis deux ans des séries de tests consistant à soumettre des cellules pulmonaires dites macrophages et épithéliales à des quantités croissantes de divers types de graphène oxydé. Il explique qu’« aucune nécrose ou apoptose et donc toxicité du matériau à des doses raisonnables n’a été constatée ». En revanche, précise-t-il : « Lorsque le graphène oxydé, utilisé dans notre expérience, dépasse une certaine taille, on observe, au bout d’un moment, une réaction de type inflammatoire des cellules épithéliales. »
Pour en savoir plus, lui et ses collègues vont maintenant passer à des modèles plus réalistes en menant les mêmes expériences en présence ou en absence de protéines – des macromolécules biologiques naturellement omniprésentes dans l’organisme – ou en initiant d’autres, in vivo, sur la souris. Objectif de ces dernières : établir l’incidence du graphène sur les maladies pulmonaires telles que des infections bactériennes.
Pas de résultats alarmants pour le moment
Le champ d’investigation du groupe de Cyrill Bussy ne s’arrête pas à ces seuls organes de la respiration. Il conduit aussi des études sur le cerveau. Réalisée dans le cadre du Nanomedicine Lab dans le but d’évaluer l’innocuité du graphène en vue de son éventuelle utilisation en nano-médecine, l’une d’entre elles a ainsi consisté à comparer in vivo le potentiel inflammatoire et toxique du matériau avec celui de liposomes et de nanotubes de carbone. Là encore, aucun impact alarmant n’a pour l’instant été constaté ni parmi les neurones ni parmi les cellules gliales. Seul un effet transitoire d’inflammation « à faible dose » a été mis en évidence pour l’un des types de cette dernière famille cellulaire. Enfin, l’un de ses étudiants en thèse travaille également sur la possibilité de biodégradation in vivo du graphène oxydé et sur les conséquences biologiques éventuelles de ce catabolisme.
Si la toxicité directe du graphène reste encore à démontrer, qu’en est-il de sa génotoxicité, c’est-à-dire de sa capacité à provoquer chez l’animal des cancers et/ou des déficiences transmissibles au travers des générations ? Avec ses confrères du laboratoire EcoLab2, Emmanuel Flahaut, directeur de recherche au Cirimat3, cherche à détecter cette génotoxicité chez les organismes aquatiques. L’une de ses expériences, réalisée sur un amphibien, le xénope, a consisté à comparer l’impact de plusieurs types de nanomatériaux carbonés. Jusqu’ici, cette étude n’a pas mis en évidence de génotoxicité du graphène.

Des tests sur la génotoxicité du graphène sont menés sur des larves de xénopes.

 C.SARRIEU; E. FLAHAUT; L.GAUTHIER/CIRIMAT/ECOLAB/CNRS PHOTOTHEQUE
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Le développement
d’un marché
du graphène pose
la question de son
devenir après sa
mise en décharge.
Autre champ d’investigation : l’environnement. « Le développement d’un marché du graphène pose la question de son devenir après sa mise en décharge ou son relargage accidentel à la suite de l’usure des produits industriels auxquels il est associé », estime Emmanuel Flahaut. Les équipes du Flagship Graphene concentrent ainsi leurs activités sur deux des « compartiments » susceptibles d’être atteints : les sols et les eaux. Là encore, les données disponibles s’avèrent également insuffisantes pour juger des dangers réels.
Mais des travaux antérieurs réalisés sur d’autres types de nanomatériaux sont là pour orienter les efforts actuels de la recherche. « Certaines études conduites sur des plantes mises en culture dans des terres où avaient été dispersés des nanotubes de carbone ont mis en évidence des effets négatifs apparaissant uniquement à fortes doses, comme des malformations chez le haricot ou le transfert du nanomatériau aux fruits et aux feuilles chez la tomate, résume le chimiste. Pour le graphène, il est encore un peu tôt pour conclure. Seule une diminution du nombre de feuilles a été observée à des concentrations élevées pour le chou, la tomate et l’épinard. » Affaire à suivre donc…
Notes

  • 1.
    Immunopathologie et chimie thérapeutique (CNRS).
  • 2.
    Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement (CNRS/Univ. Toulouse-III Paul Sabatier/INP Toulouse).
  • 3.
    Centre inter-universitaire de recherche et d’ingénierie des matériaux (CNRS/Univ. Toulouse-III Paul Sabatier/INP Toulouse).

Des scientifiques chinois découvrent un traitement possible contre la stérilité liée au SOPK

Xinhua | 29.02.2016 08h23 via le Quotidien du Peuple
Des scientifiques chinois ont annoncé la découverte d'un traitement possible pour les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), une cause majeure de stérilité liée à une absence chronique d'ovulation.
Une transplantation de tissu adipeux brun (TAB), l'un des deux types de graisse présent chez l'homme et chez d'autres mammifères, sur des rats atteints de SOPK, a permis de stabiliser considérablement l'irrégularité des menstrues et d'améliorer les résultats en termes d'ovulation et de conception de petits, ont rapporté les scientifiques dans le journal médical américain Proceedings of the National Academy of Sciences.
Cette étude a été menée en commun par Jin Wanzhu, de l'Institut de zoologie de l'Académie chinoise des sciences, et par Chen Zijiang, de l'université de Shandong.
Le SOPK, l'une des maladies endocrines les plus communes chez les femmes nubiles, peut provoquer des irrégularités des cycles menstruels, des ovaires polykystiques et une perte de fertilité.
Cette maladie est également associée à un risque élevé de développement de résistance à l'insuline, de diabète de type 2, d'obésité, de dyslipidémie, et de maladies cardiovasculaires.
La cause du SOPK reste largement inconnue, de sorte qu'il n'y a pas de médicament ou de traitement spécifiquement adapté pour ce trouble. Des changements de mode de vie, tels que perte de poids et exercices, sont recommandés pour les femmes atteintes de SOPK.
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont découvert que la transplantation de TAB activait le TAB endogène, qui sécrète l'adiponectine, un adipokine brun systémique qui joue un rôle majeur dans le métabolisme énergétique de l'ensemble du corps et la physiologie des ovaires, a déclaré M. Jin à Xinhua.
Des recherches plus poussées montrent que l'injection d'adiponectine chez des rats atteints de SOPK "reproduit les effets bénéfiques de la transplantation de TAB en normalisant l'activité des TAB, les anomalies métaboliques et les niveaux d'hormones anormaux".
"Cette étude apporte un tout nouvel élément sur le traitement des patients atteints du SOPK", indique M. Jin.
Toutefois, la transplantation de TAB en elle-même est encore loin d'être utilisable pour des applications cliniques car elle n'est pas facile à opérer sur des patients humains, a-t-il observé.
En conséquence, l'administration de produits renforçant l'activité des TAB constituera une stratégie alternative pour le traitement du SOPK, a-t-il ajouté.
Les chercheurs prévoient maintenant des essais cliniques de l'utilisation de médicaments pour activer les TAB chez les femmes atteintes de SOPK. 
(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)

Sols, air et eaux, les nanomatériaux polluent tout. Avec quelles conséquences ?

Loïc Chauveau
A+A- 
source : Sciences et Avenir

L’OCDE publie un rapport démontrant que les nanomatériaux ne sont pas traités par les stations d’épuration et les usines d’incinération. Ces particules se diffusent ainsi largement dans l’environnement.

Station d'épuration des eaux usées en France. Boulat Alexandra/SipaStation d'épuration des eaux usées en France. Boulat Alexandra/Sipa
DISPERSION. On utilise de plus en plus de matériaux d’une taille comprise entre un et cent nanomètres. Lorsqu’ils arrivent en fin d’utilisation, il est très difficile de les récupérer lors des traitements des déchets solides et des eaux usées des ménages et des industriels. On assiste donc aujourd’hui à une dispersion à grande échelle de ces substances qui ont un impact non évalué sur l’environnement. Tel est en résumé le cri d’alarme de la section environnement de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) qui regroupe les 34 Etats les plus riches de la planète.
Le succès des nanomatériaux peut être qualifié de fulgurant. Présents dans les produits cosmétiques, les engrais et pesticides, l’électronique, les textiles antibactériens, les articles de sport ou encore les batteries lithium-ion, les nanomatériaux équipent désormais plus de 1300 produits de consommation. Les applications a été multiplié par 5 entre 2006 et 2011. En 2012, il s’en est fabriqué 11 millions de tonnes pour une valeur de 20 milliards d’euros. "Malgré cette tendance et les risques qui y sont associés, les déchets contenant des nanomatériaux sont mélangés avec les autres résidus sans aucune précaution ou traitement particulier", note le service environnement de l’OCDE. A défaut d’être récupérées, ces particules très fines se retrouvent dans la boue des stations d’épuration, dans les fumées des incinérateurs ou dans les lixiviats (jus pollués) des décharges. Quel type de produit ? En quelle quantité ? "L’important déficit de connaissance provient du manque d’informations sur le type et la quantité des différents nanomatériaux entrant dans les différents modes de traitement", affirme le rapport.

Une pollution qui pourrait être contenue

Tout aussi abyssale est l’ignorance sur l’effet des particules sur les sols, dans l’air et dans les eaux, assure encore l’OCDE. L’inquiétude porte notamment sur la qualité des sols agricoles. Les boues de stations d’épuration servent en effet d’engrais. En France, la moitié de ces boues servent ainsi d’amendement. Quel est le comportement des noirs de carbone et oxydes de titane dans le sol ? Sont-ils absorbés par les plantes ? Peuvent-ils à terme affecter la santé humaine ? Ces questions seraient aujourd’hui sans réponse. Ingérés, ces matériaux pourraient provoquer des cancers du poumon et des effets toxiques sur le système nerveux.
Les nanoparticules peuvent cependant être filtrées. Les meilleures stations d’épuration arrivent à éliminer jusqu’à 80% de cette charge polluante. Les systèmes de lavage de fumée sont également très efficaces. Mais ces techniques de dépollution sont encore peu répandues parmi les Etats membres. Leur diffusion serait pourtant d’autant plus nécessaire que les nanoparticules perturbent l’efficacité des traitements biologiques des eaux usées. L’OCDE préconise donc d’augmenter l’effort de recherche sur la toxicité des nanomatériaux dans l’environnement, de moderniser les systèmes de traitement des déchets et d’améliorer les taux de recyclage des objets utilisant ces produits. Pour l’OCDE, il y a urgence.
 Les nanomatériaux en FranceDepuis 2013, les fabricants et importateurs de nanomatériaux sont tenus de déclarer les volumes qui sont mis sur le marché français ainsi que les produits qui en comportent. Selon le rapport de 2014, plus de 10 000 déclarations ont été effectuées cette année-là, contre 3400 en 2013. Le secteur de la pêche, de la sylviculture et de l’agriculture est à l’origine de 6400 déclarations, un poids vraisemblablement dû à la volonté de ces professions de répondre à ses obligations. Les nanomatériaux sont surtout présents dans les engrais et pesticides. Au total, 275.000 tonnes ont été produites en France et 122.500 importées. Les deux principaux matériaux produits et/ou importés à plus de 100.000 tonnes sont le noir de carbone et le dioxyde de silicium...