vendredi 27 juillet 2018

BP mise sur le schiste aux Etats-Unis, huit ans après la marée noire

source : Romandie.news
Londres - Le géant britannique BP s'apprête à changer d'échelle aux Etats-Unis avec l'achat d'actifs dans le pétrole et gaz de schiste pour 10,5 milliards de dollars, signe de ses ambitions retrouvées dans le pays après la marée noire de 2010.

Cette transaction a été annoncée dans la nuit de jeudi à vendredi et verra BP acquérir ces actifs pétroliers et gaziers au Texas et en Louisiane auprès du premier groupe minier au monde, l'anglo-australien, BHP Billiton.

BP explique vouloir boucler d'ici octobre prochain l'opération qu'il financera pour moitié par sa trésorerie, pour moitié par l'émission d'actions.

Cette acquisition va considérablement renforcer sa force de frappe, avec une augmentation de la production de 190.000 barils équivalent pétrole par jour, soit une hausse de 20% dans le pays, avec des ressources potentielle évaluées à 4,6 milliards de barils.

Pour l'heure, les champs pétrolier et gazier américains de BP produisent 744.000 barils par jour, dont 315.000 barils dans cinq Etats, 320.000 produits dans le Golfe du Mexique et 109.000 en Alaska.

"C'est une étape majeure et un ajout d'envergure mondiale au portefeuille de BP", explique Bob Dudley, directeur général du groupe.

Pour Maxim Petrov, analyste chez Wood Mackenzie, "BP était auparavant moins fort que ses paires dans le pétrole de schiste américain" et "cette opération transforme l'activité américaine" du groupe, avec notamment un pied mis dans le bassin Permian, dans l'ouest du Texas, l'un des plus riches au monde.

Compte tenu des bénéfices attendus de cette acquisition dans une secteur qui devient incontournable sur le marché pétrolier mondial, le groupe annonce par la même occasion une augmentation de son dividende.

BP explique en outre vouloir faire de nouvelles cessions, surtout dans l'amont (exploration et production) pour 5 à 6 milliards de dollars, afin de financer un programme de rachat d'actions d'un montant similaire.

Le groupe met le paquet sur les Etats-Unis, alors même que sa réputation a énormément souffert ces dernières années, en raison de la marée noire du Golfe du Mexique en 2010 après l'explosion de sa plate-forme pétrolière DeepWater Horizon.

-Retour des géants -

Entre amendes, indemnisations des victimes et nettoyage des côtes, le coût total avant impôt de cette catastrophe environnementale, la pire de l'histoire des Etats-Unis, s'élève pour l'heure à 66 milliards de dollars.

Mais le groupe, comme l'ensemble des autres majors, profite désormais à plein du rebond des prix du pétrole, ce qui gonfle ses résultats et lui permet d'envisager un peu plus sereinement l'avenir, après des années de discipline budgétaire.

"Ce genre d'acquisition dit une seule chose: les majors pétrolières sont de retour. C'est évidemment parce qu'elles se sentent portées par une demande en pétrole qui s'annonce prometteuse", remarque Naeem Aslam, analyste chez Think Markets.

De son côté, BHP Billiton parvient à se séparer de ces actifs dans le pétrole et gaz de schiste, après avoir annoncé l'an dernier son intention de les vendre.

Il agissait notamment sous la pression d'un actionnaire activiste, le fonds américain Elliott, qui poussait pour une restructuration des activités et la vente des opérations américaines.

BHP a d'ailleurs précisé qu'il avait pour objectif de reverser le produit de la cession à ses actionnaires.

Cette vente "est conforme à notre plan à long terme visant à simplifier et renforcer notre portefeuille afin de générer valeur et retour sur investissement pour les actionnaires dans les prochaines décennies", souligne Andrew Mackenzie, directeur général de BHP.

L'entreprise avait dépensé 20 milliards de dollars en 2011 pour acquérir ces actifs américains, mais le secteur a connu par la suite une baisse des prix qui a plombé les bénéfices et réduit les investissements.

Au total, BHP a annoncé ou réalisé depuis six ans des cessions pour 18 milliards de dollars, afin de se concentrer sur des activités qu'il juge plus rentables à long terme, comme le minerai de fer, le cuivre, le charbon ou la potasse.

bur-jbo/js/awa

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(©AFP / 27 juillet 2018 09h57)

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