vendredi 28 octobre 2016


SUSPENSION DE LA CULTURE DU COTON GENETIQUEMENT MODIFIE (CGM) AU BURKINA FASO

source : Sofitex

Les raisons de la suspension du Coton Génétiquement Modifié (CGM) par l’Association Interprofessionnelle du Coton du Burkina (AICB).
Introduit en grande culture au Burkina Faso en 2008 après les essais au niveau de l’INERA, le Coton Génétiquement Modifié(1) (CGM) avait pour objectifs principaux de lutter contre les principaux ravageurs du cotonnier que sont les chenilles destructrices. Huit (8) ans après, le Burkina Faso rencontre actuellement des problèmes avec cette spéculation, car la longueur de la soie étant courte, les acheteurs ne sont plus très intéressés.


Lutter contre les principaux ravageurs du cotonnier devenus résistants aux insecticides utilisés ; accroitre la productivité au champ ; diminuer les quantités d’insecticides épandus ; et réduire sensiblement les coûts de production au champ et de la pénibilité des travaux. Ce sont entre autres raisons qui ont motivé le Gouvernement burkinabé, à autoriser depuis 2003, l’expérimentation du Coton Génétiquement Modifié (CGM) communément appelé coton Bt. Cette option a été ainsi opérée dans le souci d’améliorer la protection phytosanitaire du cotonnier. C’est à la faveur de la décision de vulgarisation de la culture du CGM qu’un contrat commercial a été signé en juin 2008 entre la Firme MONSANTO et la Partie Nationale représentée par la SOFITEX et INERA. Par la suite, un deuxième contrat a été établi entre ces deux parties en janvier 2013 pour la poursuite du développement de la culture CGM au Burkina Faso.
Au cours de l’exécution de ces contrats, des concertations ont permis aux parties prenantes de discuter des problématiques survenues dans le cadre de la vulgarisation du CGM et d’adopter des mesures idoines, prenant en compte des engagements pour l’atteinte des résultats escomptés.
Au regard des difficultés survenues pendant les campagnes 2009/2010 et 2010/2011, les deux parties avaient convenu que MONSANTO compense les pertes financière subies par les sociétés cotonnières. Ces pertes étaient liées à la baisse de la longueur de la soie et du rendement égrenage de la variété CGM FK 96 BG2 comparativement à la variété conventionnelle STAM 59 A dont elle est dérivée.
Aussi, concernant la baisse de la longueur de la soie CGM, la Firme MONSANTO a pris des engagements en avril 2011 pour corriger cette insuffisance dans un délai de trois (03) campagnes cotonnières.
Pour la période allant de la campagne 2011/2012 à celle de 2014/2015, des concertations dont la dernières en date du 17 février 2015, ont permis d’examiner les difficultés, d’analyser les résultats des actions de correction en cours et définir les positions et choix stratégiques pour le développement du CGM en lien avec la vision commune des parties prenantes.
Depuis lors, rien n’est fait malgré les insuffisances et difficultés qui sont constatées. Il faut noter que le contrat qui liait le Burkina Faso à la Firme MONSANTO a expiré en janvier 2016. En plus des pertes financières enregistrées par les sociétés cotonnières, c’est la perte du label et de la qualité du coton burkinabè.
La longueur de la soie étant jugée très courte pour les acheteurs, le Burkina Faso a réalisé un manque à gagner à l’ordre de 48 milliards de nos francs (avec l’intégration des données de la campagne 2015/2016). Ce qui n’est pas sans répercussion sur le prix d’achat planché du coton graine, étant donné que le mécanisme de fixation du prix d’achat qui se mène de concert avec l’interprofession, tient compte du prix de vente de la fibre de coton. C’est à ce titre qu’un Mémorandum a été adressé à MONSANTO et dix mois après la réception de ce document et à l’issue des différentes rencontres tenues à Ouagadougou, il n’y a pas eu de réaction favorable de la firme MONSANTO par rapport aux problèmes posés par la Partie Nationale (faible longueur de la fibre CGM, rendement égrenage faible, perte de la prime sur la vente de la fibre, décote sur la fibre, perte du label, pertes financières, perte de marchés).
Face à cette situation, le Burkina Faso à travers une décision courageuse de l’AICB, a décidé de produire 100% du coton conventionnel durant cette campagne 2016/2017. Il faut retenir cependant que le retour au coton conventionnel n’est pas un rejet du coton OGM, encore moins du partenariat avec MONSANTO, mais plutôt un repli tactique cest-à-dire « reculer pour mieux sauter » en attendant que la firme MONSANTO continue les recherches en collaboration avec l’INERA, en vue d’améliorer la longueur de la soie du CGM qui est controversée à l’heure actuelle sur le marché mondial et qui entraine des pertes énormes pour la filière cotonnière au Burkina Faso.
Pour faire face à ce défi, des dispositions sont prises pour la campagne agricole 2016/2017, avec un engagement total de la part des producteurs et du personnel de la SOFITEX, pour l’atteinte des objectifs de production, voire les dépasser.
Le retour à la culture du coton génétiquement modifié de Monsanto ou de toute autre firme développant des technologies similaires pourra être envisagé par l’Association Interprofessionnelle du Coton  du Burkina (AICB) dès lors que les travaux de restauration des caractéristiques du label coton burkinabé seront achevés.

(1) Un organisme génétiquement modifié (OGM) est un animal, une plante ou un micro-organisme (par exemple une bactérie), auquel l’homme a ajouté ou retiré au laboratoire un gène, afin qu’il exprime un caractère donné qu’il n’avait pas avant. L’exemple le plus proche de nous est le coton Bt. C’est un coton génétiquement modifié pour que la plante produise son propre insecticide pour se protéger.
Cela veut dire que quand ce cotonnier pousse, il produit dans ses racines, sa tige, ses feuilles,  ses fleurs et ses capsules un insecticide, de sorte qu’il lutte lui-même contre certains de ses ravageurs, sans qu’on ait besoin de le pulvériser avec un insecticide extérieur.

Aminata Jacqueline BAMBA
Chargée de l’Animation et de la Communication
SRPP - SOFITEX

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