jeudi 30 juin 2016

Scandale : Véolia à l’origine de la contamination au plomb de 27 000 enfants américains

Scandale : Véolia à l’origine de la contamination au plomb de 27 000 enfants américains
Depuis 2014, la ville de Flint aux Etats-Unis est en proie à une crise sanitaire majeure ; son eau, fortement concentrée en plomb, a contaminé des milliers d’habitants, dont plus de 27 000 enfants. Si bien que la ville a été déclarée en situation d’urgence par Barack Obama. Mais à l’origine de ce scandale se cache Véolia, l’entreprise française de traitement des eaux. 
La petite ville de Flint, dans l’Etat du Michigan, connaît un destin tragique depuis quelques dizaines d’années. Autrefois rayonnante cité industrielle, elle fait désormais figure de ville damnée, perdant près de la moitié de sa population en quelques années. Même General Motors, autrefois plus grande société de la ville avec ses 400 000 employés, fait pâle figure en ne conservant que quelques milliers de travailleurs. Mais la débâcle de l’ancienne reine du Midwest ne s’arrête pas ici, puisque depuis près de deux ans y sévit une sévère contamination au plomb.
Une ville en faillite contrainte à des économies 
Déclin économique de Flint et crise de la contamination au plomb sont bel et bien liés, puisque c’est l’une qui a déclenché l’autre. En effet, c’est l’inquiétante situation économique de la ville qui a engendré la nomination du gouverneur républicain Rick Snyder et de l’administrateur d’urgence Darnell Earley. Leur mission principale consistait à relever les finances de la ville. Pour cela, l’austérité était de mise : Darnell Earley décide d’arrêter de se fournir en eau glacière du lac Huron, jugée trop chère. L’eau potable de la ville sera désormais fournie par la rivière Flint.
Or, celle-ci ne se trouve pas être de la meilleure qualité qui soit. Le très connu réalisateur Michael Moore, originaire de la ville, n’a cessé de s’indigner contre le fait que ce « cloaque industriel » serve de réserve d’eau potable à la ville, soulignant que « des toxines de dizaines d’usines de General Motors et de DuPont ont été déversées pendant plus de cent ans dans la rivière ».
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Un bilan qui s’alourdit de jour en jour 
Les conséquences ne tardent pas à se faire sentir : depuis avril 2014, une grave crise de contamination au plomb sévit dans la ville, puisque l’eau très polluée a entrainé une corrosion rapide des canalisations municipales obsolètes. De fait, les concentrations en plomb de l’eau y sont désormais 1300 fois supérieures à la norme conseillée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).
Et cette crise, toujours irrésolue, a un coût humain fort : depuis deux ans, plus d’une dizaine de personnes sont mortes de légionellose. Cette infection pulmonaire se contracte par l’inhalation d’eau contaminée : elle a sans doute favorisée par l’utilisation de l’eau sale de la rivière et l’état désastreux des canalisation – même si, en l’absence d’étude approfondie, on ne peut rien affirmer. A cela s’ajoute 27 000 cas avérés d’enfants contaminés au plomb, ce qui risque de provoquer chez eux de très graves problèmes de santé.
L’expertise ratée de Véolia 
Mais la faute n’incombe pas à la seule décision de l’administrateur d’urgence Darnell Earley. Celui-ci avait pris ses précautions et demandé au préalable une double expertise de l’eau : Véolia, le géant français de l’eau, et Lockwood, Andrews & Newnam, entreprise privée américaine, étaient en charge du dossier. La mission de consultance, qui portait sur le système et la qualité de l’eau, avait conclu qu’elle était suffisamment bonne pour être bue, même si Véolia préconisait quelques changements minimes dans le système d’exploitation.
Or, l’eau était déjà contaminée au plomb depuis un an : et le scandale ne tarda pas à éclater quelques mois plus tard. Pour le procureur général du Michigan, qui a porté plainte contre l’entreprise française pour négligence et fraude, Véolia a « lamentablement échoué » et ses « recommandations frauduleuses et dangereuses ont aggravés une situation qui était déjà mauvaise ». Car la firme française est non seulement passée à côté d’un problème majeur, mais ses conseils ont augmenté les risques de contamination, en recommandant notamment l’utilisation accrue du chlorure de fer. Véolia continue cependant de nier toute responsabilité, estimant que l’étude réalisée « était sans rapport avec le problème de contamination au plomb ».
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Une population pauvre et noire abandonnée ? 
Le problème est tel que le gouverneur du Michigan a prié à Barack Obama de déclarer la ville en situation d’urgence ; demande à laquelle le président a accédé. Depuis, l’Agence fédérale de gestion des situations d’urgence (FEMA) distribue des bouteilles d’eau et des filtres à la population. Cependant, la sortie de la crise est encore lointaine pour les populations touchées, déjà défavorisée.
Car une rapide étude sociologique des victimes est sans appel : les populations noires et pauvres de Flint sont les plus touchées. Quelques politiques, au rang desquels Hillary Clinton, ainsi que de nombreux défenseurs des droits de l’Homme, dénoncent le désintéressement des organismes gouvernementaux du cas de Flint. Pour eux, la situation plus que critique de la ville et le manque d’attention avec lequel on la traite sont liés à sa composition sociale : c’est une ville en majorité noire (57%), dont 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Une attitude qui en révolte plus d’un. Reste à voir si le procès intenté à Véolia y changera quelque chose.
(Quand, véolia sera condamné, c'est nous qui paierons ! note de rené)

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