L’année 2015 s’achève. Annus horribilis ou mirabilis, peu importe. Au delà des pertes et profits, demeure la condition humaine.
Le père Noël existe peut-être, du moins pour l’armée syrienne dont les bombardiers viennent d’éliminer à Al-Ghouta (Damas) une demi-douzaine de commandants rebelles dont le Chef suprême de Djeich Al-Islam (Armée de l’Islam), Zahrane Allouche, en lutte contre le pouvoir depuis 1987.
Zahrane Allouche, né en 1970, est le fils du Cheikh Abdallah Allouche, une des grandes figures de proue du Salafisme en Syrie. Après des études en Législation islamique à l’université de Damas, il part à Médine en Arabie Saoudite avant de revenir en Syrie et être arrêté en 2009 par la branche des Affaires palestiniennes du renseignement intérieur syrien pour détention d’armes de guerre. Il est amnistié avec plus de 1500 détenus « islamistes » deux ans plus tard à la veille du début de la guerre en Syrie.
L’amnistie de détenus politiques a toujours précédé de grands troubles à l’ordre public. On se rappelle de l’amnistie générale du colonel Gaddafi en Libye, quelques jours seulement avant les évènements du 17 février 2011, marquant le début de la guerre. Des amnisties similaires ont eu lieu en Irak, en Jordanie et en Syrie à moins de six mois d’intervalle. Certains observateurs évoquent des pressions externes mais cela est un autre sujet.
Quoi qu’il en soit, l’ensemble des amnistiés prendra les armes contre les forces gouvernementales. Allouche en tête en Syrie. Issu d’une famille religieuse dont les grands-parents sont venus accompagner en Syrie l’Emir Abdelkader vers les années 1860, il formera la Sarya d’Al-Islam (la Compagnie de l’Islam) avant que cette dernière ne devienne la Brigade islamique. En 2013, cette brigade devient Djeich (Armée) en incorporant plus de 45 organisations armées. dont plus de la moitié des unités de l’Armée Syrienne Libre (ASL).
Restait le Front Ennosra, dernier avatar d’Al-Qaïda avec laquelle Allouche entretenait des relations plus ou moins empreintes de méfiance. Mais ce dernier a fini par former -via une médiation assurée par les pays soutenant la rébellion, une alliance avec le Front pour former l’ossature de l’Armée de la conquête, destinée à être le fer de lance d’une super-offensive sur le littoral syrien, fief supposé du régime. C’est suite à une percée effectuée par les forces de cette nouvelle armée étonnamment bien équipée et dotée des armes les plus modernes dans le gouvernorat de Lattaquié que le président Al-Assad fit appel à une intervention militaire russe.
Les forces rebelles combinées finirent par être repoussées bien au delà des lignes de défense de la Syrie dite utile.
Allouche avait une vision particulière du Califat, conçu plutôt comme la continuation du Califat Ommeyade et non celui des premiers Califes éclairés. Une vision s’opposant avec celle d’une organisation comme Daech bien que les deux s’opposent violemment au concept de la Res Publica ou, pire, celui de la démocratie.
Djeich Al-Islam recevait des armes de la Turquie. C’est l’une des organisations les mieux équipées de l’échiquier syrien. Ses officiers  portaient des treillis de combat US 3 Color Desert et Woodland, des gilets pare-balles modulaires,  et utilisaient des drones de reconnaissance, des missiles TOW et Kornet ainsi q’un système de communication quasiment impossible à décrypter jusqu’à hier.