lundi 10 mars 2014

Salut aux citoyens de France, n'achetez plus les journaux. Ils vous mentent !

Sachons de quoi, nous parlons, mes chers cinq lecteurs au sujet de l'Ukraine.
Un peu d'histoire, nous fera du bien.
Voici, donc, la carte de l'Ukraine en 1918. A cette époque, la Crimée n'est pas intégrée à l'Ukraine et c'est en 1954 que Nikita Khrouchtchev, dirigeant de l'URSS et lui même ukrainien, que la Crimée passe à l'Ukraine.

(source : Wikipédia)


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Résumé modifier ]

Description
Anglais: Carte de 1919 Ukraine (après la Révolution russe et la Première Guerre mondiale, au cours de la guerre civile russe et avant le traité de Riga et la création de l'Union soviétique) publiés par Londres Institut géographique. Cette carte est téléchargé une version photoshopped de l'image originale située à hipkiss.org . Selon le site, il ya pas de droits d'auteur à cette carte.
Date12:00 3 Novembre 2007
Sourcefr: Image: Carte de l'Ukraine frontières provisoire 1919.jpg
Auteurfr: Utilisateur: MaGioZal

En 1954, les frontières de l'Ukraine évolue avec un cadeau inespéré à l'époque de Nikita Khrouchtchev ( - ) : Premier Secrétaire du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique. Lui même ukrainien.

(source : Seventeen moments in Soviet history)

1954: Le cadeau de la Crimée

Le cadeau de la Crimée



Fichier: Ukraine topo en.jpgEssai Objet: Lewis Siegelbaum
Le 27 Février 1954 Pravda a publié une courte annonce en première page que le Présidium du Soviet suprême de l'URSS avait décrété le 19 Février le transfert de l'oblast de Crimée »de la RSFSR à la République socialiste soviétique d'Ukraine. Le décret, qui a duré à peine huit lignes, a déclaré que cette mesure a été prise en raison de "points communs économiques, la proximité territoriale, et de la communication et des liens culturels" entre la Crimée et l'Ukraine. Page deux contenait un résumé de la discussion dans le Présidium et les transcriptions des discours de six de ses membres dont le président, Klement Vorochilov du Soviet suprême. Plusieurs orateurs, dont Vorochilov, renvoyé au trois-centième anniversaire de la "réunification de l'Ukraine avec la Russie", en référence au traité de Péréiaslavl de 1654 conclu entre Cosaques ukrainiens et des représentants du tsar moscovite. Tout caractérisé le transfert comme symbolisant la force des liens fraternels entre les peuples de l'Union soviétique.
Mais pourquoi est-ce fait? Était-ce, comme on l'a décrit à l'époque et depuis des décennies par la suite, un «cadeau» à l'Ukraine? Si c'est le cas, ce qui a motivé une telle générosité? Après tout, la Crimée, la péninsule accidentée qui s'avance dans la mer Noire, n'était pas devenu territorialement contigu avec l'Ukraine tout d'un coup. En outre, ses liens culturels avec l'Ukraine n'étaient pas aussi forte qu'avec la Russie. Selon le recensement de 1959, il y avait 268 000 Ukrainiens, mais 858 000 Russes ethniques vivant en Crimée. Quant économiques communs "," la principale industrie de la Crimée était loisirs et le tourisme qui a attiré la clientèle de toute l'URSS.
Avant la Grande Guerre patriotique, la Crimée était à la maison à plus de 300.000 Tatars, les descendants de la Grande Horde qui s'est déplacé à travers l'Anatolie et se sont installés dans la péninsule à partir du XIIIe siècle. En raison de la collaboration de certains Tatars de Crimée avec les occupants nazis pendant 1941-43, l'ensemble de la communauté a été expulsé en mai 1944.L'année suivante, la République autonome de Crimée a été aboli et remplacé par l'oblast de Crimée. C'est cette entité qui a été transféré à la RSS d'Ukraine en 1954 et reste, au moins pour le moment, une partie de l'Ukraine post-soviétique. Un cadeau qui était à l'époque essentiellement dépourvue de sens a acquis une grande importance historique.
Fichier d'origine (1400 × 954 pixels, taille du fichier: 542 Ko, type MIME: image / jpeg)

Et, pour finir sur l'Ukraine où certains citoyens et agences américaines se sont crus dans l'Iran de 1953 où la CIA a orchestré le renversement du premier ministre de l'époque Mohammad Mossadegh qui avait nationalisé le secteur pétrolier.
N'oublions pas que les compagnies pétrolières américaines ont signé de gros et juteux contrats avec l'Ukraine et que les terres agricoles ukrainienne intéresse beaucoup Mosanto, le propriétaire de l'agence de mercenaires Blackwater.
D'ailleurs, je vous propose quelques témoignages sur les dégâts causés par l'exploitation du gaz de schiste que les ukrainiens vont bientôt subir dans des zones très peuplées.

(source : Midi Libre)

Gard : des antis gaz de schiste de Pologne, de Tunisie... témoignent

Propos recueillis par ADRIEN BOUDET
09/03/2014, 17 h 15 | Mis à jour le 09/03/2014, 18 h 14



Ils étaient tout ce week-end à Saint-Christol (Gard). Témoignage de  militants anti gaz de schiste de cinq pays différents.
Depuis vendredi et jusqu’à ce soir, une cinquantaine de personnes, venues de quinze pays participent à une rencontre euro-maghrébine de lutte contre le gaz de schiste à Saint-Christol. Midi Libre en a profité pour rencontrer des participants de plusieurs pays, très mobilisés par le sujet.
"Ils ont profité de l’après-Révolution", Mohamed Ali Malek, Tunisie
"En Tunisie, on a entendu parler du gaz de schiste juste après la Révolution, explique Mohamed Ali Malek, président de l’association Eco conscience. Les compagnies ont profité du désordre. Perenco (compagnie pétrolière franco-britannique, NDLR) a cherché à explorer les sols et les gouvernements transitionnels ont donné des permis. Il y a deux principales régions concernées.
Pour celle de Kerouan, qui est très agricole et fournit une grande partie pays en eau, il y a 742 puits qui ont été accordés à la compagnie Shell jusqu’en 2047 ! Ailleurs, dans le Sud, dans la région de El Franig, la fracturation hydraulique a déjà été utilisée. Il n’y a aucune transparence sur tout ça."
"À Zurawlow, un combat historique", Ewa Sufin, Pologne
"En Pologne, il y a eu au départ énormément de communication pour expliquer les bienfaits supposés de l’exploitation, dit Ewa Sufin de l’association Strefa Zieleni. Ils disaient qu’avec le revenu de ce gaz, on allait payer nos retraites. En plus, c’était un moyen de nous libérer de notre dépendance pour le gaz vis-à-vis de la Russie. En fait, c’est les communautés locales qui ont donné l’alerte. Un jour, la compagnie Chevron (Etats-Unis) est arrivé dans le village de Zorawlow (100 habitants) pour effectuer des tests. Les 100 habitants se sont mobilisés. pour occuper les terres convoitées. Le combat dure depuis 9 mois. C’est historique. La population polonaise est aujourd’hui partagée. À ce jour, il y a eu 55 forages dans le pays, dont une quinzaine avec fracturation. Un tiers de la Pologne a été distribué en concessions."
"Les deux tiers de l’Angleterre touchés", Kathryn McWhirter, R-U
"Je viens de Balcombe, au Sud de l’Angleterre. Une société est venue forer et nous avons fait un campement avec plus de 4 000 personnes. Chez nous, les premiers forages ont eu lieu en 2011. Les deux tiers de l’Angleterre sont concernés par les permis, avec une grosse partie autour de Manchester et Liverpool et donc le Sud, moins les Cornouailles", explique Kathryn McWhirter de Ffebra. Sa camarade Maria Montinaro, du mouvement écossais Falkirk, complète : "En Écosse, c’est toute une bande, de Glasgow à Edimbourg, qui est concernée. Et parmi les compagnies, il y a l’australienne Dart Energy mais aussi des françaises : Total et GDF Suez. Moi ce qui me révolte, c’est que la mission première d’un gouvernement est de protéger les gens. On en est loin.»
"Ne touchez pas à la nappe albienne !", Mohamed Benata, Maroc
"Je viens de la région orientale d’Oujda au Maroc, témoigne Mohamed Benata, président de l’association Esco. Chez nous, ça se passe en douce. Nous avons appris en 2012, par internet, que le Maroc manipulait quelque chose dans le gaz de schiste. Nous avons organisé une grande conférence sur le sujet et fait une déclaration pour lutter contre la fracturation. Il y a des mensonges d’État sur le gaz de schiste. C’est vrai que l’on importe 95 % de notre énergie, mais ce n’est pas une raison. Nous sommes dans un pays où il n’y a pas d’eau. On ne peut pas se permettre de polluer nos réserves hydrauliques. Et au niveau du Maghreb, nous avons une nappe phréatique albienne qui nous unit : il ne faut surtout pas y toucher, en lançant la fracturation comme l’a fait le gouvernement algérien. Au Maroc, 33 compagnies ont déjà des licences et des permis. Il y en a de tous les pays : Chevron (Etats-Unis), Repsol (Espagne), Total (France), etc..."
Et, pour finir, un texte assez long concernant le courage de nos députés socialistes européens concernant les semences et le droit qu'à tout citoyen de planter ce qu'il veut chez lui et le droit que nous avons tous de conserver la biodiversité.

Des nouvelles sur la réglementation des semences en cours au niveau européen et une nouvelle étude sur le monopole des semences par les multinationales lobbyistes ! A partager en masse !!!
Newsletter du 08/03/14 02:32 / Nouvelles de Kokopelli - Mars 2014
- La proposition de nouveau Règlement européen sur les semences :
rejetée par les députés européens !
Nous revenons vers vous suite à la campagne de mobilisation contre la proposition de nouveau Règlement européen sur le commerce des semences, campagne à laquelle vous avez été invité(e)s à participer.
Votre participation a été massive, et nous vous en remercions vivement. Elle a fait prendre conscience, à nos députés français tout au moins, que la question des semences intéresse le grand public et qu’à quelques mois des élections européennes, elle pourrait constituer un enjeu électoral…
En tout état de cause, certains députés, pas tout à fait en phase avec nos convictions, ont grincé des dents en voyant leur boite mail inondée par vos messages. Et ils s’en sont même plaints publiquement, en réunion de la Commission Agriculture du Parlement Européen. Il s’agit par exemple de Michel DANTIN, député UMP de la circonscription du Sud-Est et candidat aux élections municipales de Chambéry cette année.
Cela permet au moins de voir qui, au sein de nos assemblées, affectionne la démocratie et considère que, de temps en temps, les électeurs peuvent aussi prendre la parole, et qui entend seulement la solliciter tous les 5 ans.
Concernant la réforme elle-même, les députés de la Commission Agriculture, appelés à voter sur ce texte, ont, le 11 février dernier, purement et simplement rejeté la proposition de la Commission, dans son intégralité, par 37 voix contre 2 (!). La Commission Environnement, qui avait une compétence consultative sur ce texte, avait fait de même le 30 janvier précédent, à l’unanimité.
C'est assurément une victoire, même si le communiqué de la Commission Agriculture, qui fait allusion à « des pouvoirs trop larges » conférés à la Commission européenne, ou à l’absence de solution trouvée pour les « plantes considérées comme des ressources génétiques », n’est pas assez explicite sur les motifs réels du rejet.
Sur ce point, les derniers développements à Bruxelles sont sidérants. Suite au rejet voté en Commission Agriculture, il s’agissait pour le Parlement Européen de voter une résolution, en séance plénière, présentant les motifs du rejet et invitant la Commission à retirer sa proposition. Le parti populaire (centre-droit), les conservateurs et les socialistes s’étaient mis d’accord sur un projet de résolution, très timide, présentant à peine les enjeux de la biodiversité et mettant surtout en avant des points de procédure. Les Verts ayant refusé un texte aussi timoré sur le fond, ils ont annoncé qu’ils proposeraient, en séance, de l’amender ou, à défaut, qu’ils soumettraient au vote une résolution alternative. Ils ont ajouté qu’ils demanderaient un vote nominatif, de sorte que la position de chacun, sur la question des semences, soit rendue publique. Face à cette perspective, les socialistes ont décidé de tout annuler : plus de résolution, plus de vote en plénière, plus de rejet par le Parlement européen dans son ensemble. Résultat : la Commission, le 11 mars prochain, prendra acte de la décision de la commission Agriculture, ne retirera pas son texte (elle l’a déjà annoncé) et le nouveau parlement, après les élections, devra reprendre le travail sur la même proposition !!! Pourquoi ? Parce que les socialistes ne veulent pas révéler, avant les élections, leurs orientations politiques sur le dossier des semences… au service des multinationales. CQFD.
Sur le fond, il s’agit bien de politique : les députés de la commission agriculture se sont trouvés pris de court, quelques mois avant les élections, par une réforme complexe aux enjeux – y compris électoraux - bien plus importants qu’ils ne le pensaient, ce que vous avez contribué à leur montrer ! Le rapporteur officiel du texte s’est ainsi trouvé face à plus de 1400 amendements, lesquels tenaient principalement aux exceptions très timidement introduites par la Commission pour autoriser la vente de nos variétés anciennes du domaine public, exceptions que l’industrie semencière souhaitait éliminer et que nous souhaitions ouvrir davantage… Il était donc difficilement envisageable, en quelques mois, de réécrire entièrement la proposition. Mais surtout, la délicate question des semences ne devait pas venir envenimer les campagnes électorales de nos députés/candidats et il était donc préférable, compte tenu du calendrier, de ne pas dévoiler leurs convictions et intérêts par des votes publics…
Sur ce point, pourtant, nous n’allons pas manquer de faire la lumière, en interrogeant les candidats et en faisant largement circuler leurs réponses. Avant les élections du 25 mai, nous espérons vous intéresser, et, pourquoi pas, vous mobiliser également pour interroger les candidats de votre circonscription ! Non, nous ne baisserons pas la garde !
- Une nouvelle étude sur la concentration des entreprises
sur le marché européen des semences
Une nouvelle étude, commandée par les Verts au Parlement Européen, vient de mettre en lumière le fait que 5 entreprises contrôlent 95% du secteur européen des semences de légumes. La compagnie agro-chimique américaine Monsanto, a elle seule, détient 24% du marché européen.
Concernant les espèces de grande culture, le tableau n’est pas plus réjouissant : dans le cas du maïs, 5 entreprises contrôlent 75% du marché européen, pour celui de la betterave sucrière, 4 entreprises seulement contrôlent 86% du marché et 8 entreprises contrôlent 99% du marché !
C’est le discours trompeur du lobbying semencier basé à Bruxelles, l’ESA (European Seed Association) - qui prétend que le marché européen serait composé de 7000 petites et moyennes entreprises - qui, avec cette étude, part en fumée…
Pour mémoire, une étude de Kokopelli avait déjà fait apparaître le même phénomène de concentration sur le marché français :
- pour les semences de légumes, 5 multinationales contrôlent 90% des variétés autorisées à la vente, avec un seul opérateur, le géant Limagrain, détenant à lui seul plus de 61% de ces variétés.
- pour les espèces de grande culture et fourragères, 10 entreprises contrôlent 74% du marché français.
Ces constatations allaient aussi à rebours du discours du GNIS (Groupement National Interprofessionnel des Semences), qui prétend, comme son homologue européen, que le marché français serait composé de centaines d’opérateurs, majoritairement des petites et moyennes entreprises.
Ces chiffres, comme ceux de l’ESA au niveau européen, sont fondés sur une confusion, savamment entretenue, de tous les secteurs : sélection-obtention, production-multiplication et distribution des semences. Ceux qui occupent le haut du pavé et bénéficient du carcan réglementaire actuel, ce sont bien sûr les sélectionneurs-obtenteurs, qui se comptent, en France comme en Europe, sur les doigts de la main. Les autres, c’est le petit monde de la sous-traitance et de la vente. C’est comme si l’industrie automobile, en comptant tous les fabricants de pièces détachées, les carrossiers, les sous-traitants, les concessionnaires, etc. prétendait que le marché européen était constitué de milliers de constructeurs !!!
J’aime ·  · 

Bien le bonjour chez vous.
René.

PS : (source : Bastamag)

AGRICULTURE

Ruée sur les terres d’Europe de l’Est : un accaparement avec la bénédiction de l’Union européenne

PAR 
Paradis agricole, la Roumanie est de plus en plus convoitée par les investisseurs étrangers, au risque de voir ses terres arables lui échapper. Attirés par des terres grassement subventionnées par les aides européennes et une main d’œuvre bon marché, de nombreux Européens, mais aussi des Libanais ou des Qataris, s’y sont installés ces dernières années. Bruxelles nie tout accaparement des terres : la venue des investisseurs étrangers ne serait que la suite logique de l’intégration européenne. C’est bien pourtant une nouvelle forme de spoliation qui s’est mise en place, avec la complicité, au moins tacite, du gouvernement roumain.
En Roumanie, l’agriculture est faite de paradoxes. La terre roumaine est à la fois la plus riche et la moins chère d’Europe. Elle est noire, grasse, fertile, riche en humus. En 2012, elle s’achetait encore autour de 2 500 euros l’hectare, contre 5 400 en moyenne en France, ou dix fois plus au Danemark. A l’Ouest du continent, les terres disponibles manquent pour s’installer comme agriculteur ou agrandir les exploitations. Avec 10 millions d’hectares de terres arables à bas prix – l’équivalent de la superficie du Portugal ou de la Hongrie – la Roumanie, cinquième surface agricole de l’Union européenne, attire forcément. Notamment les entreprises agro-alimentaires, comme les groupes français Limagrain, Guyomarc’h, Bonduelle, Roquette, Bongrain et Invivo. Ou les fonds d’investissement Agro-Chirnogi (Liban) ou Velcourt SRL (Grande-Bretagne).
Cet engouement risque de s’accélérer avec la libéralisation du marché foncier, depuis le 1er janvier 2014. Toute personne physique de l’Union européenne et de l’espace économique européen (incluant Islande, Liechtenstein, Norvège) peut désormais acquérir directement des terres agricoles en Roumanie. Il fallait jusqu’à présent être associé à un partenaire local dans le cadre d’une société de droit roumain. Même si elle était prévue depuis l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne en 2007, cette ouverture inquiète aujourd’hui.
Le prix des terres multiplié par trois
Avocate à Paris et à Bucarest, Dana Gruia-Dufaud conseille les Français qui investissent en Roumanie. Elle relativise le changement de législation : « Les restrictions jusqu’au 31 décembre 2013 n’ont pas empêché de s’installer ceux qui le voulaient ». Initialement, le gouvernement roumain souhaitait demander aux citoyens étrangers de démontrer une expérience dans l’agriculture et limiter les surfaces achetées à 100 hectares. Mais il a renoncé sous la pression des investisseurs.
L’intérêt pour la Roumanie a fait grimper le prix de l’hectare depuis quelques années. Le prix des terres agricoles a augmenté de près de 60 % entre 2012 et 2014, un hectare atteignant en moyenne 3 100 euros, selon une étude de la compagnie de services immobiliers DTZ Echinox. Depuis 2007, le prix aurait été multiplié par trois, plaçant l’investissement hors de portée pour la plupart des agriculteurs roumains.« On pensait qu’en sept ans le pouvoir d’achat roumain aurait suffisamment monté pour rivaliser avec celui des Occidentaux, mais le rattrapage a été insuffisant », constate l’avocate.
« Un accaparement légalisé par Bruxelles »
A Cluj, une ville au centre de la Roumanie, l’ONG EcoRuralis [1] est la seule à dénoncer l’accaparement des terres. Selon ses calculs, 700 000 à 800 000 hectares, soit 7 à 8 % des terres arables du pays (l’équivalent de la surface de 12 000 fermes françaises environ), seraient déjà aux mains d’investisseurs étrangers. Ceux venus de pays arabes, comme le Qatar, l’Arabie Saoudite et le Liban, ont investi les plaines du sud. Les Européens, Italiens (172 000 ha), Allemands (110 000 ha) et Hongrois (58 000 ha) en tête, ont pris d’assaut l’ouest du pays [2].
« J’ai étudié l’accaparement des terres en Asie et en Afrique. Les investissements du nord vers le sud sont régulièrement dénoncés, mais pas ceux au sein de l’Union européenne. C’est une sorte d’accaparement légalisé par Bruxelles », déplore Attila Szocs d’EcoRuralis. L’ONG, qui défend les intérêts des petits producteurs roumains, éprouve de vraies difficultés à se faire entendre. « Nos discussions avec les autorités locales sont limitées car le développement durable que nous promouvons est inconcevable pour eux. Quelques maires nous écoutent, mais la plupart préfèrent les gros investissements ».
Des investissements qui arrangent tout le monde
Autre obstacle de taille : l’incapacité des agriculteurs locaux à se défendre. En Roumanie, la majorité des 4,7 millions de paysans sont âgés, pauvres et sous-informés. Attila s’avouerait presque vaincu. « Quand on essaie de sensibiliser les paysans dans les villages, la plupart disent qu’ils vont vendre parce qu’ils sont vieux et que leurs enfants ne veulent pas prendre la relève. On leur conseille de louer plutôt que de vendre, mais souvent ils ont besoin d’argent en cash ». Des dizaines d’intermédiaires sont apparus. Ils sillonnent les campagnes pour le compte d’investisseurs qui cherchent des hectares de terres agricoles.
« Le plus tragique, c’est qu’il n’y a pas vraiment d’opposition. Tout le monde est content de vendre au final », s’indigne Judith Bouniol. Stagiaire à EcoRuralis en 2012, elle a réalisé la première vraie étude sur l’accaparement des terres en Roumanie [3]. Elle a notamment enquêté sur le cas d’Agro-Chirnogi, une firme installée par deux hommes d’affaires libanais, dans la commune de Chirnogi, au Sud-est du pays. « Les habitants ont très peu d’informations, à part la propagande des élus locaux, eux-mêmes intoxiqués par le discours des investisseurs ».
Accaparement et connexions politiques
L’exemple d’Agro Chirnogi est éloquent. La firme est implantée depuis 2002 à Chirnogi. Cette commune de 7 000 habitants comptaient encore 40 000 âmes en 2002. Ici, l’agriculture de subsistance disparait au fur et à mesure du vieillissement de la population. Agro Chirnogi emploie entre 600 et 700 personnes, principalement des saisonniers originaires de la région, sur 11 300 hectares. Soit plus des deux tiers des terres de la commune ! L’entreprise cultive des céréales – blé, maïs, colza, orge, tournesol, luzerne – destinées à l’export vers les pays du Moyen Orient (Liban, Syrie, Egypte).
Les deux actionnaires libanais de la maison mère, El khalil Jihad et Youness Laoun, sont proches de membres du gouvernement et des autorités locales. Agro Chirnogi a notamment financé la campagne électorale d’Adrian Năstase, Premier ministre de 2000 à 2004, condamné depuis à 4 ans de prison ferme pour corruption, et celle de Vasile Checiu, ancien maire de Chirnogi. Ils sont accusés d’être au cœur d’une affaire d’évasion fiscale, de contrebande et de blanchiment d’argent, par la Direction d’investigation des infractions de criminalité organisée et de terrorisme (DIICOT). Les habitants de Chirnogi subissent des nuisances quotidiennes : bruit des silos, poussières de maïs qui rendent l’air irrespirable et machines agricoles qui circulent dans la commune. Sans compter l’impact sur les écosystèmes de l’utilisation d’engrais minéraux, de pesticides et de fongicides par Agro Chirnogi.
L’attitude ambiguë des pouvoirs publics
Raluca Dan, 27 ans, militante au sein de l’association Re-generation, cherche à sensibiliser l’opinion publique. Son groupe d’activistes organise régulièrement tractages et manifestations à Bucarest. « Les gens comprennent doucement qu’ils ont le droit de se défendre. Mais les paysans se disent : "si le maire dit que c’est bien, pourquoi j’essaierais de changer les choses ?" ».
Les investisseurs étrangers se concentrent sur la production de céréales (blé, maïs, orge, colza, tournesol), exportées dans l’Union européenne. Et sur la production animale, de volaille et de porc, pour les marchés locaux, comme l’Américain Smithfield, qui avait été mis en cause dans un scandale sanitaire au Mexique et plusieurs fois condamnés aux États-Unis. Les investisseurs fournissent du travail aux populations locales dans des conditions relativement décentes pour la Roumanie. Mais avec un salaire minimum de 180 euros et salaire moyen 400 euros, les investisseurs sont aussi attirés par cette main d’œuvre roumaine à bas coût.
Cet accaparement a plutôt pour effet de freiner un exode rural massif déjà en cours, faute de trouver du travail dans les campagnes. Ce qui explique aussi l’attitude ambiguë du gouvernement. Régulièrement, les autorités expriment leur inquiétude dans la presse, sur le thème « il ne faut pas vendre le pays »« Un message populiste », juge Attila Szocs d’Eco-Ruralis. Le service de presse du ministre de l’Agriculture Daniel Constantin assure que « le gouvernement roumain se soucie en permanence de développer les investissements dans l’agriculture, car celle-ci fournit des emplois dans le milieu rural, et ce quels que soient les investisseurs ».
Une agriculture à deux vitesses
« Le gouvernement est en train de laisser les paysans mourir », tranche Raluca Dan. C’est là l’autre paradoxe de la Roumanie. Le pays compte à la fois les plus petites et les plus grandes exploitations d’Europe. L’agriculture de subsistance sur un ou deux hectares cohabite avec des complexes agro-industriels gigantesques, pouvant aller jusqu’à 50 000 hectares [4]. Entre les deux, le choix du gouvernement est clair. Dans son programme de gouvernement 2013-2016, le Premier ministre Victor Ponta indique que l’agriculture roumaine doit « augmenter sa compétitivité afin de faire face à la concurrence sur les marchés européens et internationaux » et prendre « des mesures qui conduiront à la fusion des terres et à la réduction du nombre de fermes et d’exploitations ». Aujourd’hui, la Roumanie compte près de quatre millions de fermes (contre 500 000 en France), d’une surface moyenne de 3,5 hectares (54 ha en France) [5].
Cette dualité dans l’agriculture se traduit concrètement par une répartition très inégalitaire des aides européennes. La moitié des subventions de la Politique agricole commune (PAC) destinées à la Roumanie profitent à 1 % des agriculteurs du pays, exploitant des fermes de plus de 500 hectares ! Une distorsion que le commissaire européen à l’Agriculture, le Roumain Dacian Ciolos, a essayé d’atténuer dans la nouvelle PAC 2014-2020 avec un plafonnement des aides. Sans succès.
Les subventions à l’hectare rendent le pays encore plus intéressant pour les investisseurs étrangers. Un terrain loué 100 euros l’hectare à un propriétaire roumain rapporte 160 euros d’aides à l’exploitant, avant même qu’il ait commencé à produire. La nouvelle Politique agricole commune prévoit désormais une compensation pour inciter les propriétaires de fermes et de terres agricoles non exploitées à vendre ou à louer. Objectif : exploiter la terre intensivement et adosser la croissance du pays à celle de l’agriculture, un secteur qui pèse 8 à 10 % dans le PIB roumain. Mais tous les éléments sont en place pour que l’accaparement des terres roumaines au profit d’investisseurs étrangers s’aggrave lourdement dans les prochaines années.
Marianne Rigaux

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