mardi 4 septembre 2007

Dire à tout le monde ce qu'il a envie d'entendre, ce n'est pas de la manipulation, c'est de la politique.

Salut à tous les poissons d'avril, vous avez de la chance, personne ne vous pêche.

Bon, cette fois-ci, c'est dit, je vous parle de la pollution minière en Nouvelle Calédonie

Pour rappel, la barrière de corail à part la grande barrière de récifs d'Australie est la plus importante au monde,1600 km de long. Sans compter une mangrove d'une préservation exceptionnelle. Mangrove qui permet aux femmes kanak de profiter d'une ressource telle que le crabe de palétuviers ou aux pêcheurs d'assurer le quotidien en petits mulets.
Hélas, l'exploitation du nickel risque de laisser une tâche indélébile sur la survie du corail. Au moment même où les autorités locales demandent à l'Unesco le classement de la barrière de corail au patrimoine de l'humanité.
Mais quels sont les risques ?
Je vous livre donc pour que vous puissiez juger, un article paru dans le "Chien Bleu", N°110, août 2007, p3 de Nouvelle Calédonie.
"Trois experts de l'Ecole des mines de Paris ont examiné le projet de stockage des résidus de Goro Nickel dans la vallée de la Kwé Ouest: un chantier gigantesque qui a déjà rayé de la carte des milliers d'hectares de végétation endémique. En parfaite illégalité.

Goro Nickel a sous-estimé les risques*
Contrairement à ce que laissent croire le titre des Nouvelles du 19 juillet "Feu vert des experts pour le stockage des déchets" et les déclarations de l'industriel "C'est une validation de l'approche que nous avons choisie", les experts pointent du doigt la légèreté des études d'impact faites par Goro Nickel, notamment:
- une simplification exagérée de la représentation de la géologie du bassin de la Kwé,
-une très nette surévaluation de la stabilité des sous-sols sous la zone de stockage,
-une insuffisance criante des calculs de modélisation,
-un manque de précision flagrant dans la composition des effluents liquides,
-une méconnaissance avérée du comportement, dans les résidus, de deux polluants majeur: le
manganèse et le chrome.
Bref, l'industriel a très largement sous-estimé les risques liés à son projet, mais cela ne l'a pas empêché de poursuivre les travaux comme il l'entendait et alors que la loi ne l'y autorise toujours pas.

Trois experts: mais de quoi exactement ?
Le premier, Emmanuel Ledoux, est hydrogéologue; il s'intéresse à la nature et à l'épaisseur des nappes phréatiques ainsi qu'à la circulation des eaux souterraines. Le deuxième, Jean Michel Smitt est géochimiste; il tente de prévoir l'évolution avec le temps de la composition des résidus toxiques. Le dernier, Roger Cojean, est ingénieur géologue; il tente d'évacuer l'impact mécanique de l'ouvrage sur le sous-sol. On constate qu'aucun d'entre eux n'est spécialiste des questions touchant aux formations végétales, à la biologie des sols, à l'écologie ou à la biodiversité.

L'expertise fait l'impasse sur la biodiversité.
Leur objectif est de s'assurer que le projet de stockage aura un impact "acceptable" sur l'environnement. Cependant leur évaluation des impacts ne prend nullement en compte le premier d'entre eux; la disparition à jamais de milliers d'hectares de maquis endémique et de forêt primaire. Cette dernière ne subsiste plus que sous la forme de quelques reliques de surface réduite, qui seront partiellement enfouies sous les résidus. Lorsque la remarque leur en est faite, nos brillants experts ne savant pas quoi répondre. Ils ignorent de quoi il s'agit. Ils ne peuvent pas non plus parler de l'impact sur la faune endémique des rivières, car ils n'ont pas les compétences pour cela. Lorsque des questions précises sont posées sur le risque de pollution des cours d''eau situés en aval de la zone de stockage, les experts assurent un peu naïvement que des moyens seront mis en place pour la détecter, arguant que ce type d'ouvrage fonctionne déjà ailleurs. Oui, mais pas sur une île tropicale comma la Calédonie qui malgré sa surface réduite s'avère être un des hotspots de biodiversité de la planète.

Ni la presse, ni les élus, ni l'industriel n'ont compris à quel point le projet de Goro Nickel était nuisible à la biodiversité du grand sud calédonien. Hélas, aucun des experts choisis à ce jour par la province sud n'est lui-même qualifié."

Donc, donc, adieu la biodiversité sans compter sur la pollution qui coulera des montagnes les jours de pluies et dont la poussière de nickel ira étouffer les coraux condamnant immanquablement cette barrière de corail, candidate à l'inscription au patrimoine de l'humanité.

De plus, il n'y a pas qu'à Goro dans le sud de la calédonie qu'un grand chantier va s'ouvrir. Dans le centre du pays également un grand projet se met en place sur le site de Koniambo. A un endroit où le récif est relativement proche. Où la mangrove y est abondante et où une population de pêcheurs vit des produits de la mer. Alors adieu ce morceau de lagon aussi et en combien de temps ?
Surtout que ce ne sont pas les kanaks de la tribu de Oundjo ou des autres tribus qui pourront y travailler vu le niveau de technologie qu'atteindra l'usine d'exploitation du minerai de nickel. Quelques petits boulots, peut-être, mais pas vraiment plus puisque le minerai ne sera pas descendu par camion, mais par un système de téléphérique.
Et qu'on ne me dise pas qu'il sera possible de neutraliser la pollution due au ruissellement des eaux de pluie qui arrive direct dans le lagon. Là, je vous dirais direct, vous mentez !

De toutes façon, vous me direz qu'elle importance, vu que la barrière disparaîtra avec la montée des eaux. Alors, je vous répondrais, le corail restera car même en grande profondeur vous en trouvez. Mais, chez nous, il aura une couleur blanche, celle du corail mort.
Et, il faut compter au moins quinze ans pour qu'il réapparaisse, sauf dans quinze ans, le nickel continuera à ruisseler de la montagne ne lui laissant aucune possibilité de se regénérer.

Et même si la demande se faisait moins forte au niveau mondial parce qu'un jour le tissu industriel sera suffisamment développé dans les pays émergents comme la Chine, l'Inde ou le Brésil, sans compter les petits dragons. Même la fermeture des mines dont les coûts de production sont les plus élevés, le pays continuera à pleurer le sang de sa terre car le nickel a une couleur rouge.

Voilà donc pour aujourd'hui et il me reste tout de même à vous souhaiter le bonjour chez vous et bonjour à Germaine, la copine à Léon des Batignolles.
René.

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