La biodiversité du célèbre lac Baïkal est gravement menacée par la pollution
Disparition d'espèces endémiques, prolifération des algues, pollution de l'eau : le lac Baïkal est en bien mauvais état.
La biodiversité du lac Baïkal est menacée.
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Situé au coeur de la Sibérie, le lac Baïkal est le plus ancien et le plus profond (1.700 m) lac du monde. Il contient à lui seul 20 % des eaux douces non gelées de la planète et "présente une valeur exceptionnelle pour la science de l'évolution", selon l'Unesco, qui l'a inclus en 1996 au patrimoine mondial de l'Humanité. Mais la biodiversité exceptionnelle de ce lieu - près de 3.600 espèces végétales et animales, en majorité endémiques - est en danger. Disparition des poissons, propagation des algues et pollution des eaux par des phosphates... Le lac Baïkal est confronté à l'une des plus graves crises écologiques de son histoire longue de 25 millions d'années.
Pêche braconnière et changement climatique sur le banc des accusés
Par exemple, l'omoul, un poisson typique du lac, est en voie de disparition tandis que plusieurs espèces d'éponges ont déjà disparu. Début octobre 2017, le gouvernement russe a même ordonné l'interdiction de la pêche commerciale de l'omoul a indiqué à l'AFP l'Agence russe de la pêche. "La masse biologique de l'omoul a été plus que divisée par deux au cours des 15 dernières années", passant de 25 millions de tonnes à seulement dix millions, selon l'agence. Parmi les causes avancées par Anatoli Mamontov, un biologiste local, la pêche braconnière et les changements climatiques sont en cause. "A cause de la sécheresse, la profondeur des rivières qui alimentent le lac diminue. La surface du Baïkal se réchauffe et l'omoul n'aime pas l'eau chaude", explique-t-il.
Parallèlement, l'Unesco s'inquiète de la propagation catastrophique des algues Spirogyra, qui recouvrent les plages de sable du lac d'un épais tapis vert. "Je suis à 150 % convaincu que la raison, c'est la pollution par les eaux usées" des villes et villages situés sur les côtes du Baïkal, particulièrement par des détergents contenant des phosphates, estime Oleg Timochkine, biologiste de l'Institut limnologique à Irkoutsk (Sibérie). Selon lui, le système de purification des eaux usées est délabré et, dans certains petits villages, n'existe même pas. Le chercheur qui a étudié la propagation des algues a découvert 3 zones critiques, près des villes, où ces plantes aquatiques ont chassé les mollusques et les crustacés.
Le financement des recherches sur le lac a diminué
Une loi spéciale, adoptée en 1999, prévoyait une série de mesures pour protéger le lac. Le gouvernement avait aussi promis de verser près de 26 milliards de roubles (383 millions d'euros) pour le programme de purification des eaux usées lancé en 2012. Mais selon les experts locaux, une grande partie des sommes déjà dépensées a été gaspillée en vain. Par exemple, dans la ville de Babouchkine, sur les côtes du Baïkal, des sommes colossales ont été dépensées pour la mise en place d'une station de purification d'eau. Problème : les bactéries purificatrices semblent incapables d'agir dans les eaux glacées pendant l'hiver sibérien.
Et si le président russe Vladimir Poutine a dénoncé en août 2017 "la pollution extrêmement forte" du Baïkal, le financement des recherches scientifiques a pour sa part diminué, au moment où elles sont pourtant extrêmement importantes pour sauver le lac, soulignent Oleg Timochkine et Anatoli Mamontov. "C'est comme si on limogeait les épidémiologistes pendant une épidémie de variole", s'insurge Oleg Timochkine.
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