samedi 28 octobre 2017

Les banques se payent sur le dos des pauvres

CAMILLE BAUER
VENDREDI, 27 OCTOBRE, 2017
L'HUMANITÉ
La liste des frais absurdes, collectés par 60/Millions de consommateurs, ressemble à un inventaire à la Prévert . Richard Damoret/REA
La liste des frais absurdes, collectés par 60/Millions de consommateurs, ressemble à un inventaire à la Prévert . Richard Damoret/REA
Le secteur bancaire multiplie les prélèvements en cas de découvert. Une pratique qui enfonce les plus fragiles et expose les conseillers à la colère du public.
Les banques ont trouvé une belle source de revenus : le matraquage des plus pauvres en cas de découvert. Comme l’a révélé hier une enquête conjointe de 60 Millions de consommateurs et de l’Union nationale des associations familiales (Unaf), les clients en difficulté financière se voient prélever près de 300 euros de frais par an contre 34 euros en moyenne pour les clients lambda. Pour un client fragile sur cinq, les sommes peuvent même atteindre 500 euros par mois. Le profil le plus affecté par ce phénomène reste les petites classes moyennes, « ces personnes qui travaillent et ne parviennent pas à faire face à leurs dépenses », précise l’étude. De leur côté, les banques font clairement preuve de négligence coupable. Alors que la loi les oblige à proposer des services à prix réduits pour les ménages fragiles, moins de la moitié des conseillers interrogés dans l’étude disent l’avoir fait…
Plus que les agios classiques appliqués en cas de découvert, c’est la multiplication des frais annexes qui pénalise les ménages. Par exemple, la lettre envoyée pour informer un client que ses chèques seront désormais rejetés lui coûtera entre 14 et 20 euros par mois selon les banques… De même, en cas de dépassement du découvert autorisé, les taux d’agios sont rehaussés jusqu’à dépasser les 20 %. Un taux tellement rentable que les banques choisissent souvent de provisionner les chèques à découvert plutôt que de les rejeter, participant à l’engrenage de l’endettement.

« Une machine à facturer des frais en pilotage quasi automatique »

Autre abus pointé par l’étude : l’automatisation de certains frais destinés à rémunérer le travail du conseiller client. C’est le cas de la « commission d’intervention » de 8 euros, facturés en cas de dépassement du découvert autorisé et qui, dans plus de la moitié des cas, est décidé sans intervention humaine. « Une machine à facturer des frais en pilotage quasi automatique » dénonce 60 Millions de consommateurs. Loin de faire jouer la concurrence, les banques, à l’exception de La Banque postale, pratiquent toutes le même tarif pour ces opérations. Et sans surprise, c’est le plus élevé autorisé.
Les banques, elles, contournent les régulations destinées à limiter les frais. « En la matière, elles sont très imaginatives, estime Morgane Lenain, de l’Unaf. Chaque fois que le législateur plafonne un type de frais, il y a un report sur un autre type. » La liste de ces frais absurdes, collectés par 60 Millions de consommateurs, ressemble à un inventaire à la Prévert : « Gestion d’une procédure de paiement direct de pension alimentaire » ou encore « Frais d’ouverture de dossier de surveillance du compte à la suite d’un incident de paiement par carte »…
Même quand elles reconnaissent leurs erreurs, les banques compensent peu : seul un tiers des clients concernés par ces abus sont remboursés et, en général, pour un montant de 5 à 10 % des frais. Pis : les plus fragiles ne sont que 4 % à faire l’objet de rétrocession. Selon la CGT banques, un conseiller sur trois aurait reçu des consignes pour ne pas rembourser les frais.
Les employés souffrent aussi de cette politique. Plus de 88 % des chargés de clientèle estiment que ces ponctions suscitent des incivilités et de la violence verbales. Une situation d’autant plus problématique que les conseilleurs, qui géraient autrefois 500 à 800 clients, s’occupent désormais de 1500 à 3000 personnes. Mais, si client et salariés sont perdants, les banques et leurs actionnaires peuvent, eux, continuer à se frotter les mains. Selon l’étude, la facturation des incidents de fonctionnement leur a permis de générer 6,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 30 à 35 % de leur revenu.
Le CGT banques appelle à agir sur les frais bancaires
Pour mettre fin à l’inflation des frais bancaires, la CGT banques, solidaire de cette enquête de 60 Millions de consommateurs, propose « un plafonnement global des frais d’incidents bancaires » et une « extension du plafonnement mensuel » pour la clientèle ayant un compte professionnel.
Journaliste rubrique Société

(Brûlez-les ! Non, je déconne, il faut trouver un moyen de s'en passer en créant des réseaux relais pour conserver et gérer l'épargne en la sortant des banques. note de rené)

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