jeudi 30 avril 2020

(Un gros client perdu, il faut dire que MBS, le futur roi ressemble de plus en plus à Néron, empereur romain, regardant Rome brûler après y avoir foutu le feu. note de rené)


Pétrole – La Chine largue Riyad et se rallie à la Russie

La Chine vient de porter le coup de grâce à un Riyad, quasi mis au pas par la Russie dans sa guerre pétrolière.
Sur fond de l’effondrement des cours, Pékin a décidé de baisser ses importations du pétrole saoudien, pire de les remplacer par le brut russe. Selon les statistiques douanières chinoises, la Chine a augmenté les importations de pétrole russe de 30% en mars et a réduit l’achat du pétrole saoudien. La décision est doublement fatale pour l’Arabie des Salman qui fait face à un enlisement au Yémen et à une corona-crise qui échappe à tout contrôle mais aussi à la saturation des capacités de stockage dans le monde.
Chose peu dite et peu commentée, la Covid-19 n’a pas réduit tant que cela l’achat en pétrole de la Chine, laquelle a tiré en revanche profit de la baisse du prix du pétrole, en augmentant les importations de l’or noir. Les importations chinoises de pétrole étaient de 9,68 millions de barils en mars, en hausse de 4,5% par rapport à l’année dernière. Les examens basés sur les données fournies par la Direction générale des douanes de la Chine montrent que la Chine a procédé en mars dernier à importer des quantités presque égales de pétrole de Russie et d’Arabie saoudite, à savoir plus de 7 millions de tonnes de brut de chacun de ces deux pays. Et pourtant, le chiffre des importations pétrolières en provenance de la Russie accuse une hausse de 31% par rapport à l’an dernier, alors qu’on est témoin d’une baisse de 1,6% pour le pétrole saoudien. Pékin s’est-il rallié à la Russie et aux pays cibles de sanctions US pour causer la perte du camp US/Riyad ? Certains observateurs politiques relèvent une autre évolution similaire produite dans un autre pays de l’axe anti-US, le Venezuela, où le président Maduro, dans une attitude de défi ouvert, a nommé à la tête du ministère du Pétrole, un Chaviste de première heure, ami du Hezbollah.
Les Chinois ont décidé de diminuer les importations du brut saoudien dans un moment où les erreurs de calcul des autorités saoudiennes sur les conséquences de la baisse du prix de brut et la poursuite d’un tel processus auront indubitablement trois répercussions regrettables pour les Saoudiens et leurs partenaires américains dans le secteur énergétique :
Des sources bien informées à Riyad décrivent la décision de la Chine comme un petit coup d’État pré-annoncé dans la mesure où l’Arabie saoudite vend le gris de son pétrole en Asie. « Les Chinois ont-ils flairé une ambiance de fin de règne pour avoir décidé de réduire leurs achats de pétrole saoudien ou ont-ils à dessein décidé de rallier la Russie, l’Iran et le Venezuela dans leur bataille destinée à mettre au pas les USA et leur pétrole de schiste ? »
Toujours est-il qu’à Riyad toujours, certains milieux soulignent les « graves erreurs » de calcul politiques et économiques de Ben Salmane et de ses conseillers. « Les responsables saoudiens pensaient qu’ils pourraient freiner la baisse des prix. Les propos du directeur d’Aramco trahissent cette erreur de calcul : En effet, une semaine après que l’Arabie saoudite a déclenché sa guerre de pétrole et ce, en totale coordination avec les USA (Riyad n’a jamais baissé le prix de son pétrole écoulé aux USA pour ménager le pétrole de schiste US, NDLR) Amin Nasser, PDG d’Aramco, a répondu à la polémique en prétendant que le géant pétrolier est « capable de s’adapter aux prix très bas » et qu’ »il pourrait continuer ses activités dans une conjoncture baissière ». Khaled al-Dabbagh, directeur financier d’Aramco, a pour sa part, déclaré que la société était même satisfaite du prix 30 dollars par baril et qu’elle pouvait tenir ses engagements en matière de distributions ».
Or, ces rêves ont rapidement été déçus après qu’Aramco a demandé un prêt de 10 milliards de dollars pour pouvoir acheter les actions de l’entreprise SABIC (Saudi Basic Industries Corporation) ! le fossé budgétaire est devenu très rapidement béant. Et puis cette autre erreur de calcul qui s’ajoute à la très coûteuse guerre au Yémen : l’introduction en bourse d’Aramco en décembre dernier, une opération totalement ratée. Les autorités saoudiennes ont essayé de mettre en vente la société nationale du pétrole saoudien l’année dernière pour plus de 2 000 milliards de dollars (2 000 milliards de dollars). C’était en effet la soi-disant initiative du prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, mais l’été 2019, de grandes banques internationales impliquées ont révélé que le prix de l’entreprise s’élevait à entre 1 billion et 100 milliards de dollars et 1,6 milliard de dollars. En conséquence, les responsables saoudiens ont mis en bourse 1.5% du capital seulement en décembre 2019.
Selon le centre de recherche Capital Economics, l’impact combiné de la pandémie de la nouvelle maladie infectieuse et de la diminution des prix du pétrole n’aura pour conséquence que le déficit budgétaire du Royaume saoudien en 2020, « le faisant passer de 6,4 à 16 % du PIB ». Et c’est dans ce contexte que l’un des principaux clients du pétrole saoudien, la Chine, décide de réduire ses achats. « On a l’impression que le piège, c’est la Russie et ses partenaires pétroliers et sanctionnés par les USA (Iran, Venezuela) qui l’ont tenu à Riyad et il y est tombé, tête première. Une fois le coup porté, c’est la Chine qui veut donner le coup de grâce ».

Aucun commentaire: