vendredi 31 mai 2019

Greenpeace publie une carte des déchets nucléaires en France : "Il y en a un peu partout"

par France Inter publié le 28 mai 2019 à 17h23  source France Inter



Greenpeace France a publié ce lundi une carte des déchets nucléaires recensant tous les sites de stockage de matières radioactives utilisées pour créer de l'énergie sur le territoire. L'ONG pointe du doigt la façon de transporter ces matières et "le danger du volume de déchets qui continue d'augmenter".
Un fût métallique, renfermant des déchets nucléaires au centre de stockage faible et moyenne activité de l'Andra à Soulaines-Dhuys (Aube).
Un fût métallique, renfermant des déchets nucléaires au centre de stockage faible et moyenne activité de l'Andra à Soulaines-Dhuys (Aube). © AFP / Olivier LABAN-MATTEI
Quels sont les sites qui abritent des déchets nucléaires près de chez vous ? Greenpeace France a publié ce lundi une carte des déchets nucléaires sur le territoire français, proposant un moteur de rechercher par commune. Et selon l'ONG, il fallait bien ça : l'hexagone, dit-elle, est envahi de "poubelles radioactives". 
La carte des déchets nucléaires en France.
La carte des déchets nucléaires en France. / Greenpeace, capture d'écran.
Environ un million de mètres-cubes de déchets produits par l’industrie électronucléaire sont aujourd’hui stockés en France, 400 000 tonnes (tML) de "matières radioactives" s’entassent, près des centrales ou à l’usine Orano de la Hague dans le Cotentin et 19 000 convois par an traversent le pays, selon les chiffres de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) cités par l'ONG. 
Greenpeace France a compilé ces chiffres avec un travail d'enquête mené par ses militants sur le repérage des transports de matières radioactives. Alix Mazounie, chargée de campagne nucléaire à Greenpeace France nous détaille les enseignements de cette carte. 

FRANCE INTER : Quelles sont les zones les plus touchées en France ? 
ALIX MAZOUNIE : "Difficile de le dire... Quand on regarde une carte de France, on se rend compte qu'il y a des déchets nucléaires un peu partout sur le territoire, des passages et transports de matières. Ceci étant dit, ce qui est particulièrement grave, c'est qu'il y a des transports et entreposage de déchets qui passent par des zones densément peuplées (l'Île-de-France, la rocade de Bordeaux, la gare de Lyon Part-Dieu ; par camion ou voie ferrée) et où la population n'est pas suffisamment informée alors qu'elle est directement concernée. 
En Normandie, autour de l'usine de La Hague, il y a un point central pour l'industrie nucléaire. C'est là que transitent énormément de matières et de déchets nucléaires et on se rend compte, au final, que tout le territoire est quadrillé par ces transports. Certains déchets très dangereux, comme par exemple le combustible usé de plutonium, traversent le territoire du nord-ouest vers le sud-est. C'est un cercle sans fin de déchets qui se baladent partout et passent près de chez nous. La carte n'est pas forcément exhaustive car sur le transport, c'est un travail d'enquête sur les points les plus emblématiques. Elle ne contient pas non plus les informations sur les anciennes mines d'uranium fermées et non recensées, elles sont fermées mais sont toujours sous surveillance aujourd'hui."

FRANCE INTER : Quel est le danger pour nous ? 
"Il faut garder en tête que ces déchets sont intrinsèquement dangereux. Ils font l'objet d'un confinement particulier mais en cas d'acte malveillant, d'accident, dans une gare ou sur une route, ces matières pourraient se retrouver au contact de la population ou d'une route. Ce sont des substances qui ne seront jamais assez bien surveillées à partir du moment où elles sont transportées de manière si prévisible. 
Ce que l'on pointe, c'est le danger du volume de déchets qui continue d'augmenter chaque année, puisqu'on en produit à chaque fois que l'on allume la lumière ou la télévision. Ces déchets sont entreposés près de chez nous, sont transportés sur nos routes et plus on multiplie les déchets, plus on multiplie les transports et les sites nécessaires pour les entreposer. Ces installations risquent d'arriver bientôt à saturation, donc nous disons 'Attention, peut-être que la meilleure solution serait de réduire la production nucléaire'."

FRANCE INTER : Que faut-il faire ? 
"On peut effectivement réduire notre consommation d'électricité, parce qu'à chaque fois on produit des déchets. On peut aussi interpeller les autorités qui sont en charge de la bonne gestion de ces déchets, comme le ministre de la Transition écologique. C'est un fardeau que nous sommes entrain de léguer aux générations futures. Cela menace de polluer notre air, notre eau, et la santé humaine en cas d’irradiation. Mais aujourd'hui, on estime que cette gestion peut être améliorée et surtout, on peut encore essayer de couper le robinet à la source. On est tous concernés par ce sujet."

(Ouh, là, là, c'est pas bon pour la Suisse tout ça. note de rené)

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