Berlin prépare un plan d’action pour la protection des insectes (Germany)
Par : Florence Schulz | EURACTIV.de | translated by Yasmine Alfihri
1 mars 2019
Le ministère allemand de l’environnement aimerait lancer un plan d’action pour protéger les insectes d’ici la fin de l’année. Les agriculteurs appellent à de plus grandes mesures de protection de l’environnement. Un article d’Euractiv Allemagne.
Une étude apparue dans le journal britannique The Guardian a fait grand bruit en révélant que près de 40 % des populations d’insectes étaient en déclin marqué. Le taux d’extinction est huit fois plus important que pour les mammifères et les reptiles, selon les chercheurs. Dans le pire des scénarios, il pourrait ne plus y avoir d’insectes d’ici 100 ans.
Ce scénario apocalyptique inquiète l’opinion publique, et le déclin des populations d’insectes a trop longtemps été ignoré. En février, près de 20 % des électeurs bavarois inscrits ont signé une pétition pour un référendum qui viserait à protéger la biodiversité. La ministre allemande de l’environnement, Svenja Schulze (parti SPD), a également pointé du doigt ce problème.
En octobre 2018, le ministère a approuvé les points clé d’un « plan d’action pour la protection des insectes », qui est en phase de consultation entre les différents ministères depuis vendredi. Si la ministre parvient à ses fins, le gouvernement devrait adopter la loi en avril.
« L’une des priorités politiques de notre époque est d’empêcher le déclin des populations d’insectes. Dans le cadre du plan d’action, près de 100 millions d’euros de fonds seront disponibles chaque année, et un quart de cette somme sera destinée à la recherche et au suivi.
Les agriculteurs dénoncent un manque de coopération
Le parti écologiste allemand, les associations de protection de l’environnement et l’association des agriculteurs allemands (DBV) considèrent la loi comme insuffisante.
Les agriculteurs se disent prêts à agir. Comme l’explique le responsable de la DBV, Joachim Rukwied, « un plan d’action qui ne traiterait que des enjeux principaux, tels que l’utilisation effrénée des terres, l’expansion urbaine et les infrastructures de mobilité, ne pourra pas remplir ses objectifs ». Le secrétaire général de la DBV, Bernhard Krüsken, pense également que la loi « comprend une série d’interdictions détaillées » mais que les agriculteurs ne peuvent pas tout faire seuls et qu’il manque une approche coopérative.
La situation exacte du déclin des insectes demeure incertaine, les études sur le sujet étant peu nombreuses. La tendance à un déclin marqué est toutefois d’une évidence manifeste et a été reconnue par la science depuis au moins un siècle, a expliqué Martin Husemann, entomologiste à l’Université d’Hambourg.
« Certaines études montrent qu’il y a moins d’insectes dans des régions agricoles qu’en ville, et cela concerne tous les insectes », a-t-il ajouté. Un déclin qui serait selon lui multifactoriel et résulterait principalement du manque d’habitats appropriés pour les insectes (une grande diversité végétale sans trop de bruit, de lumière et d’activité humaine).
La ministre allemande de l’environnement veut interdire les fertilisants
Le plan d’action de la ministre devrait s’attaquer à plusieurs de ces problèmes. L’usage des fertilisants devrait être restreint et complètement interdit dans les zones de cultures proches des habitats d’insecte. Par ailleurs, l’usage du très controversé glyphosate ne devrait être permis « dans ces zones s’il n’y a vraiment pas d’autres solution ».
Il est difficile de déterminer dans quelle mesure les pesticides sont responsables du déclin spectaculaire des populations d’insectes, et le sujet porte à controverse. Certaines études ne sont pas parvenues à le démontrer. Comme le rappelle Martin Husemann, ces études sont souvent commanditées par des fabricants de fertilisants et sont souvent effectuées sur certaines espèces dans des conditions de laboratoire.
« Des financements sont disponibles »
L’interdiction des fertilisant n’empêchera pas la perte de la biodiversité, et le plan allemand de protection des insectes compte également créer plus de zones vertes non dédiées à l’agriculture. Ce type d’initiative est envisagé dans le cadre de la PAC (politique agricole commune) qui prévoit des financements. Ceux-ci sont toutefois considérés par beaucoup comme inefficaces et selon la Commission, ce système sera amené à changer.
« Si nous voulons plus de plantes sauvages, il faut parvenir à motiver les agriculteurs », explique Bernhard Krüsken. « Des financements sont disponibles », a-t-il ajouté.
Le gouvernement fédéral allemand et les länder octroient des financements, tandis que la PAC, qui rapporte 6,2 milliards d’euros aux agriculteurs allemands par an, adopte des mesures environnementales. Celles-ci incluent d’une part les financements directs et de l’autre, les financements passant par des cofinancements du Fonds européen de développement régional (FEDER). Selon Bernhard Krüsken, la bureaucratie fait souvent défaut, par exemple lorsque des plants de fleurs ne sont pas éligibles parce qu’ils sont à côté d’une rangée d’arbres.
« Il y a toujours beaucoup de plaintes, mais l’argent est disponible via les instruments de financement. Ceux-ci doivent se focaliser sur la protection des insectes. Je ne pense pas que nous ayons épuisé toutes les possibilités dont nous disposons », a-t-il conclu.
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