Afghanistan … Traité de paix avec les talibans … L’aveu de la défaite subie par les États-Unis le 04/03 & … les talibans démentent aborder un cessez-le-feu avec les États-Unis le 08/03 …
par Albert A. Stahel – Horizons et débats – N o 5, 4 mars 2019 source : Sans à priori
Après près de 18 années de guerre, les États-Unis négocient avec les talibans à Doha, capitale du Qatar.
En décembre 2001, ils mirent fin officiellement au régime des talibans en Afghanistan et ils expulsèrent l’équipe dirigeante avec Mullah Omar vers le Pakistan.
Maintenant, la diplomatie américaine, dirigée par le délégué spécial des États-Unis pour l’Afghanistan Zalmay Khalizad – lui-même d’origine afghane –, reconnaît les talibans comme des partenaires égaux en droit dans les négociations.
L’ENVOYÉ AMÉRICAIN POUR LA PAIX AFGHANISTAN, ZALMAY KHALILZAD (AU CENTRE), DEVANT LA PRESSE, À L’AMBASSADE AMÉRICAINE À KABOUL, LE 28 JANVIER 2019. HANDOUT / REUTERS
Il semble évident que les Américains entendent réaliser, par ce soi-disant traité de paix, un retrait tranquille pour quitter l’Afghanistan.
Tout comme l’Union soviétique en 1989, les États-Unis ont perdu une guerre de longue durée. La mort de soldats américains était inutile, tout comme les 1000 milliards de dollars américains dépensés pour cette guerre.
Comme lors de la guerre de la 40e Armée de l’URSS de 1979 à 1989, les Américains ont échoué à cause de la topographie du pays et l’intransigeance des Afghans.
Ainsi, ils ont complété une série des grandes puissances devant accepter une défaite dans ce pays montagneux.
Avant eux, il y eut l’Empire britannique et l’URSS. Maintenant les États-Unis se partagent le sort des grandes puissances vaincues en Afghanistan avec leurs prédécesseurs.
A première vue, l’échec des États-Unis paraît incompréhensible, car ils y ont engagé toute leur force militaire.
L’expression de cette supériorité fut l’intervention des bombardiers à longue distance B-1B et B-52. Les bombardements américains n’eurent cependant que peu d’effets contre les kalachnikovs primitives des talibans. Par contre, en tuant des personnes innocentes,1 ils ont incité la colère de la population civile afghane et l’ont poussée à choisir finalement le côté des talibans.
Que restera-t-il de cette intervention après le retrait des troupes américaines et de leurs alliés?
A vrai dire peu de chose. L’Afghanistan se trouvera une nouvelle fois sous le contrôle des talibans et les collaborateurs du gouvernement de Kaboul avec son président Ghani en tête, se retireront à l’étranger, avant tout aux États-Unis.
La population afghane restera pauvre et sera d’autant plus dépendante des bandits de la drogue.
La population américaine prendra connaissance de ce retrait, mais elle ne saisira pas que ce retrait est un pas de plus vers l’abdication des États-Unis de leur statut impérial.
Leur président Donald Trump fêtera en même temps le retrait américain et la défaite accompagnante comme un couronnement de ses décisions stratégiques. Ainsi, il partagera le sort d’autres leaders de ce monde. •
Source: Institut für Strategische Studien du 31/1/19
(Traduction Horizons et débats)
(Traduction Horizons et débats)
1 Entre le 1/1/2017 et le 31/12/2017, UNAMA a enregistré 28 291 personnes civiles tuées et 52 366 blessées. UNAMA, Afghanistan:
Protection of Civilians in Armed Conflict. Annual Report 2017, February 2018: https://www.ohchr.org/Documents/Countries/AF/ProtectionCiviliansAnnualReport2017.pdf.
Protection of Civilians in Armed Conflict. Annual Report 2017, February 2018: https://www.ohchr.org/Documents/Countries/AF/ProtectionCiviliansAnnualReport2017.pdf.
SOURCE/ https://www.zeit-fragen.ch/fr/editions/2019/n-o-5-4-mars-2019/traite-de-paix-avec-les-talibans.html
Afghanistan: les talibans démentent aborder un cessez-le-feu avec les Etats-Unis
Par Le Figaro.fr avec AFP – Mis à jour le 08/03/2019 à 10h38
Les talibans ont indirectement démenti aujourd’hui avoir abordé les questions d’un cessez-le-feu en Afghanistan et d’un dialogue avec le gouvernement de Kaboul lors de leurs discussions en cours à Doha avec des représentants américains, contrairement à des affirmations de Washington.
Zabihullah Mujahid
Par opposition aux aspects « externes » du conflit que sont
« le retrait de toutes les forces d’occupation d’Afghanistan et l’interdiction pour l’Afghanistan de nuire aux autres », les « autres questions qui ont un aspect interne et qui ne sont pas liées aux Etats-Unis n’ont pas fait l’objet de discussions »,
a déclaré le porte-parole des insurgés, Zabihullah Mujahid, dans un communiqué.
le porte-parole de la diplomatie américaine, Robert Palladino,
Mardi, le porte-parole de la diplomatie américaine, Robert Palladino, avait affirmé le contraire à Washington. Les discussions de Doha portent sur
« quatre sujets liés entre eux qui composeront tout futur accord » : « le contreterrorisme », le « retrait des troupes » américaines, le « dialogue inter-afghan » et un « cessez-le-feu », avait-il indiqué.
le mollah Abdul Ghani Baradar
Entamé le 25 février, ce cycle de négociations au Qatar, auquel participe pour la première fois l’un des principaux dirigeants talibans, le mollah Abdul Ghani Baradar, cofondateur du mouvement, est l’un des plus longs à s’être jamais tenu entre les deux parties.
D’après Zabihullah Mujahid, les discussions actuelles visent à
« préciser les détails des deux questions qui ont fait l’objet d’un accord lors de la dernière série de pourparlers en janvier »,
à savoir le retrait des soldats américains et la promesse talibane d’empêcher que l’Afghanistan ne serve de base terroriste pour des attaques à l’étranger. Elles ont été interrompues aujourd’hui « jour férié »pour les musulmans, a fait savoir le porte-parole taliban dans un autre message, mais « reprendront demain ».
Les talibans ont toujours refusé de discuter avec le gouvernement de Kaboul, qu’ils qualifient de« marionnette » aux mains de Washington.
« Des progrès ont été réalisés » mais « il reste encore du travail à faire »,
avait prudemment souligné Robert Palladino.
le général Joseph Votel
Hier, le général Joseph Votel, chef des forces américaines au Moyen-Orient, a affirmé que la situation actuelle en Afghanistan « ne permet pas » un retrait des forces de la coalition. Un retrait doit être lié à des« progrès politiques », a souligné le militaire américain en référence aux négociations auxquelles le gouvernement afghan ne participe pas.
Mike Pompeo
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a de son côté envisagé une implication personnelle lors d’un éventuel futur voyage dans la région, sans plus de précisions.
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