lundi 29 octobre 2018

Une première étude expose la présence de microplastiques chez l’Humain, dans ses excréments…


Une étude menée par le docteur Philipp Schwabl de l’Université de médecine de Vienne et l’Agence de l’environnement autrichienne met en évidence la présence de microplastiques chez l’Homme, plus particulièrement dans ses excréments. Une grande première non sans conséquence qui confirme les soupçons des écologistes. Explications.
Sans grande surprise pour ceux qui suivent l’actualité de ces dernières années, une nouvelle étude publiée cette semaine – à l’occasion de la semaine européenne de gastro-entérologie – montre que les microplastiques, dont nous connaissions déjà l’omniprésence dans l’environnement, pénètrent également le corps humain via la consommation. Tous les sujets participants ont été testés positifs.
Des plastiques mis en évidence chez tous les participants de l’étude
L’étude a été menée auprès de 8 participants de différents pays, notamment la Finlande, l’Italie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Pologne la Russie et l’Autriche, qui ont noté pendant une semaine avant les prélèvements la manière dont il se sont alimentés à chaque repas. Aucun d’entre eux n’est végétarien, six ont mangé du poisson pendant la semaine test, et tous ont mangé des aliments qui ont été en contact avec des emballages plastiques. Après une semaine, les relevés montrent que chacune de leur selle contenait des microplastiques d’une taille comprise entre 50 et 500 micrometres et que 9 types de plastiques différents, comme du polypropylène (PP) et du polyéthylène-téréphtalate (PET) ont pu être identifiés.
À ce stade, l’étude porte sur un échantillon encore trop restreint de personnes pour en tirer des conclusions globales, néanmoins elle met clairement en lumière la présence de ce plastique dans notre alimentation et son transit dans l’organisme humain. Jusqu’ici, il n’y avait que des soupçons. Ces résultats, qui invitent les chercheurs à réaliser des études approfondies, pourraient s’expliquer par l’introduction de ces plastiques dans la chaine alimentaire (les poissons et crustacés) ainsi que dans les produits qui ont été au contact d’emballages plastiques.
À l’occasion de la semaine européenne de gastro-entérologie, Docteur Philipp Schwabl a commenté : « c’est la première étude de ce genre et elle confirme ce que nous avons suspecté pendant longtemps, que les microplastiques atteignent le système digestif humain. » Selon lui, il faut désormais poursuivre les recherches pour étudier les conséquences sur la santé, jusqu’ici méconnues, notamment au regard de la possibilité que ces microélements intègrent l’appareil cardiovasculaire. Il est également envisagé que ces particules puissent avoir une incidence sur le système immunitaire et favoriser l’accumulation d’autres éléments chimiques dans le corps. L’étude est donc loin d’être anecdotique et ouvre la voie à tout un horizon de nouvelles recherches. Notons que des chercheurs avaient déjà exposé l’omniprésence de ces microplastiques dans l’organisme des planctons, la base de toute la chaine alimentaire océanique
Les microplastiques : une pollution bien connue
Les microplastiques sont des plastiques dont la taille est inférieure à 5 mm et qui sont produits pour des usages industriels et/ou se forment de manière « non voulue » par dégradation dans l’environnement, notamment dans l’eau. Ces dernières années, les études alertant quant à la présence de plastiques dans l’environnement, y compris dans les glaces des pôles ou sur des îles, pourtant sans aucune présence humaine, ont mis la lumière sur un phénomène de pollution mondiale. Fin août dernier, une publication de « Que Choisir » montrait la présence de ces éléments dans la nourriture humaine, notamment dans le sel, mais aussi dans les mollusques et crustacés. Le magazine rappelait par ailleurs que la recherche avait déjà démontré que ces éléments « perturbaient la croissance, la reproduction et le fonctionnement hormonal » des invertébrés concernés.
Néanmoins notait alors francetvinfo.fr, citant Peter Hollman, qui a travaillé sur le sujet pour l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), les risques sur les humains ne sont pas connus à ce jour : « Il n’existe pas suffisamment de données portant sur l’apparition, la toxicité et le devenir dans l’organisme – ce qui se passe après la digestion – de ces matériaux pour que[l’EFSA] puisse mener à bien une évaluation complète des risques ». Pendant que les appels à délaisser radicalement le plastique se multiplient, la science est appelée à se pencher sur la question dans les années qui viennent. D’ici là, consommer « mieux » (local, naturel, sans emballage,…) semble rester la voie de la raison.


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