dimanche 28 octobre 2018

Les crimes impunis de la haute finance. Liliane Held-Khawam

danske bank
Danske bank 2
Accusée de scandale de blanchiment d’argent à hauteur de 200 milliards d’euros, la première banque danoise, Danske Bank, est dans la tourmente
La plus grande banque danoise est une blanchisseuse efficace. Elle est accusée d’avoir fait blanchir des sommes faramineuses via sa filiale estonienne. 200 milliards d’euros, soit l’équivalent du PIB national danois.
Les années passent, les pratiques délictueuses continuent de prospérer à travers une planète finance opacifiée et gangrénée par l’argent des mafias en tous genres.
A regarder l’information relayée par la Tribune, on ne peut que constater l’anonymat des responsables du crime (car oui le blanchiment est un crime!), selon un rapport financé par les dirigeants de l’entreprise coupable.
Rien ne saurait arrêter les pratiques délictuelles. Absolument rien.
Grâce au principe même des dettes publiques privatisées, à la financiarisation de la sphère publique et à la création monétaire privée, les Etats ont rendu leur tablier à l’élite de la haute fiance mondiale. Ces 3 piliers constituent le socle de l’hyperpuissance de l’élite oligarchique (cf Dépossession, …). L’Etat est frappé d’impuissance totale vis-à-vis de ce qu’il convient de nommer caste supranationale.
Côté marché, les règles qui le régissent habituellement ont elles aussi été neutralisées par une hyperconcentration des richesses. Du coup, le marché n’en est plus un. N’attendez donc aucun redressement qui viendrait de ce côté puisque ceux qui s’adonnent aux pratiques délictueuses sont ceux-là même qui tiennent la barre d’un marché devenu oligopolistique lui aussi.
Dans ce petit monde, il y a aussi des élus et des déchus. Le patron de la Danske a été déchu, mais à y regarder de plus près, c’est lui qui a démissionné. A y regarder d’encore plus près, le rapport d’audit le blanchit.
Simplement, le scandale a créé suffisamment de pression pour obliger les décideurs de la banque à faire fonctionner le siège éjectable de Thomas Borgen, peu importe qu’il soit coupable ou pas. D’ailleurs, l’oligarchie lui trouvera bien un point de chute quelque part dans le monde.
En Suisse par exemple, Lukas Mühlemann, ancien patron du Crédit Suisse s’est retiré en 2002, avec 17 millions de francs au titre de parachute doré, après des choix stratégiques calamiteux. Alors qu’il était aux affaires de la 2 ème banque du pays, il siégeait au conseil d’administration de Swissair, et a regardé tout comme Marcel Ospel le grounding de la société sans bouger le petit doigt. Selon la revue Bilan, on le retrouve dès 2004 en tant que conseiller indépendant ou attaché à de petits établissements réservant ses services aux «ultra high net worth individuals», comprenez aux ultra-riches. Et en 2008, le pouvoir judiciaire argentin lance un mandat d’arrêt contre lui. Il serait accusé avec d’autres directeurs de banque de JP Morgan Chase, de la destruction de 400 millions de francs d’économies.
https://web.archive.org/web/20081217054941/http://bazonline.ch/wirtschaft/unternehmen-und-konjunktur/Haftbefehl-gegen-Lukas-Muehlemann/story/28686007
Selon Bilan, Josef Ackermann, qui a plongé Deutsche Bank dans les pertes et les procès, aurait reçu 9 millions d’euros pour l’année 2010 , à l’annonce de son départ. Mais voilà que depuis 2014, il préside Bank of Cyprus et siège comme administrateur au sein de la société Renova du milliardaire russe Viktor Vekselberg. Renova étant par ailleurs actionnaire de Bank of Cyprus. Le monde de la finance globale est très petit.
La démission du patron danois est un non évènement dans ce petit monde. Le marché de l’ombre de la haute finance continuera de blanchir de l’argent tranquillement puisque la seule sanction est au pire une démission, qui n’empêche ni parachute dorée, ni poursuite de la « carrière » sous d’autres cieux.
Tant que les responsables des délits ne seront pas sanctionnés au niveau de leur porte-monnaie PERSONNEL, et qu’ils n’iront pas faire un tour en prison à l’image de n’importe quel citoyen accusé du millionième de leurs crimes,  l’argent facile de pratiques mafieuses continuera de congeler les consciences…
Le summum de la perversité est qu’à cette espèce d’immunité généralisée de ce milieu, s’ajoute le fait que les citoyens, et contribuables sont rendus responsables des conséquences des pratiques illicites.
Responsabilité illimitée.
LHK

Scandale de blanchiment : Danske Banke finit par remercier son patron. Par latribune.fr  

Danske Bank a cédé aux pressions. La première banque danoise a indiqué dans un communiqué, daté du lundi 1er octobre, avoir relevé de ses fonctions le directeur général Thomas Borgen et nommé Jesper Nielsen au poste de DG par interim, avec effet immédiat, jusqu’à ce qu’un successeur définitif soit désigné. Le 19 septembre Thomas Borgen avait annoncé sa démission le jour où Danske Bank avait rendu public un rapport d’enquête sur une énorme affaire de blanchiment d’argent ayant impliqué sa filiale estonienne entre 2007 et 2015.
Le communiqué  précise que Jesper Nielsen, qui travaille chez Dankse Bank depuis 1996, gardera sa fonction de directeur pour le Danemark et n’est pas candidat au poste de directeur-général de manière permanente.
« Nous pensons que dans la situation actuelle de la banque, il est préférable que le directeur général fasse également partie de l’avenir du groupe », a expliqué le président du conseil d’administration, Ole Andersen, dans un communiqué envoyé à Reuters.
(…)

Un départ sous pression

Des investisseurs ont fait savoir qu’ils n’appréciaient pas le maintien du DG en place, compte tenu de son implication dans l’affaire. Il était en effet chargé des opérations internationales, incluant l’Estonie, entre 2009 et 2012. Le responsable de la société de conseil aux actionnaires Hermes Eos a estimé que le conseil devait suivre l’exemple de Siemens dans l’affaire de corruption et devait davantage chercher les responsabilités en interne.
Or le rapport d’enquête avait conclu que ni le DG ni le président ni le conseil d’administration n’avaient « enfreint leurs obligations légales envers Danske Bank ».
Ce rapport réalisé par un cabinet d’avocats mandaté par Danske Bank, a révélé que la filiale estonienne de la banque avait vu transiter près de 1.500 milliards de couronnes danoises (environ 200 milliards d’euros), entre 2007 et 2015, depuis les comptes de 15.000 clients étrangers non-résidents en Estonie. Des révélations avaient déjà fait la une de la presse danoise et britannique ces derniers mois.
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/scandale-de-blanchiment-danske-banke-finit-par-remercier-son-patron-792247.html

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