mardi 30 janvier 2018

Les banques accusées de tirer vers le bas les clients en difficulté.


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Les frais bancaires appliqués par les banques en cas de découvert non autorisé constituent une « bouée en plomb » pour les personnes en difficulté, dénoncent jeudi 60 Millions de consommateurs et l’association Unaf, qui appellent à durcir la législation. « C’est une mécanique qui est quasiment automatisée (et) qui fait que les gens en difficulté financière se retrouvent enfoncés », a dit lors d’une conférence de presse Lionel Maugain, chef de la rubrique banques de 60 Millions, antenne de l’Institut national de la consommation (INC, un organisme public).

banque-clients en difficulté
L’étude met en cause l’explosion des coûts facturés au client dès qu’une autorisation de découvert est dépassée ou qu’un paiement est rejeté. Réalisée avec l’Union nationale des associations familiales (Unaf), l’enquête se focalise sur les sommes prélevées en cas de dépassement du découvert autorisé et ne tient donc pas compte des agios « normaux ». Selon l’étude ces frais représentent un chiffre d’affaires de 6,5 milliards d’euros, une estimation largement réalisée grâce à des témoignages de banquiers sous couvert d’anonymat.
Et les frais sont multipliés par presque dix, à presque 300 euros en moyenne, quand une personne est fragile financièrement. Pour établir cette comparaison, 60 Millions se base, d’un côté, sur un panel de près de 400 lecteurs, et, de l’autre, sur plus de 200 foyers auprès desquels intervient l’Unaf pour des situations de fragilité financière. Il s’agit souvent « de personnes qui n’ont jamais eu de difficultés auparavant, plutôt de la classe moyenne », a souligné Fabien Tockqué, responsable des questions économiques à l’Unaf, évoquant une forme de « déchéance ou de déclassement » et une « bouée en plomb ». Comme cas extrême, l’étude cite l’exemple d’une personne gagnant 2.000 euros par mois, à qui sa banque, BNP Paribas, a prélevé 3.000 euros de frais d’incident en 2016.
Depuis la loi bancaire de 2013, les frais pour dépassement de découvert, qui comprennent notamment des agios plus sévères, sont plafonnés, de même que ceux pour rejets de paiements par chèque ou prélèvement. Mais « les banques sont très imaginatives », regrette Morgane Lenain, membre du conseil d’administration de l’Unaf. « Chaque fois que le législateur plafonnait un type de frais, (…) il y a un report sur un autre type. » L’étude s’attaque par exemple aux lettres adressées par les banques à leurs clients en cas de dépassement du découvert: d’après le comparatif, le coût d’un tel courrier peut varier entre 12 et 20 euros selon les établissements.
Dans son viseur figure aussi la « commission d’intervention » facturée par les banques en cas de dépassement du découvert. Alors que la somme, d’un maximum de 8 euros, a pour objectif de rémunérer le travail d’analyse sur le bien fondé d’une autorisation de paiement, 60 Millions affirme que l’opération est automatisée dans plus de la moitié des cas, citant comme source la branche bancaire de la CGT. Dans ce contexte, les deux organismes auteurs de l’étude appellent à durcir la législation pour élargir le plafonnement des frais d’incidents même si, au sein de l’Unaf, on reste prudent quant à la capacité à trouver des relais au sein de la nouvelle majorité issue des élections législatives de juin.
Quant au secteur bancaire, les responsables de l’étude accordent un bon point de façon générale à la Banque postale pour des frais moindres que la moyenne, mais regrettent, par la voix de M. Tocqué, que la Fédération bancaire française (FBF) ne soit « pas toujours dans une volonté de dialogue ». A la FBF, qui s’abstient de réagir aux chiffres avancés par l’étude, on assure que les banques mènent déjà un grand travail de pédagogie pour éviter des situations d’engrenage chez les clients classés « fragiles », renvoyant pour autant à « la responsabilité (…) de se reconnaître en difficulté ». En tout état de cause, du côté de BNP Paribas, la réaction ne s’est pas fait attendre: la banque a mis en avant dans un communiqué sa nouvelle filiale, Compte-Nickel, une « fintech » achetée au printemps et qui propose l’ouverture d’un compte bancaire en quelques minutes chez des buralistes sans autoriser de découvert.
Source : Le Figaro
(ce sont à ces gens-là que les banques peuvent le plus vite saisir leurs biens. note de rené)

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