Plutôt que la crémation, les Californiens pourront choisir la liquéfaction
La Californie a adopté une loi autorisant les individus à liquéfier leur corps après leur mort. Une alternative à la crémation annoncée comme plus écologique et moins chère.
Machine "high-tech" d'hydrolyse alcaline de l'entreprise américaine Qico.
© QICO
Enterré ou incinéré ? La question est binaire pour les Français. Mais pour une partie des Américains, un troisième choix est proposé : la liquéfaction, aussi appelée "aquamation" ou "crémation sans flamme". En cette fin octobre 2017, la Californie est le 15e État des US à adopter une loi autorisant cette pratique pour les corps humains, grâce à un processus chimique : l'hydrolyse alcaline. Une loi qui entrera en vigueur le 1er juillet 2020 et qui ne trouve aucune équivalence en Europe.
Le corps est dissous dans un "bain chimique"
L'hydrolyse alcaline n'est pas une technique nouvelle. Elle a été brevetée aux États-Unis en 1888 "pour le traitement des os et des déchets animaux" et modernisée par deux professeurs un siècle plus tard. Pour ceux que l'aventure pourrait un jour intéresser, voici ce qui vous attend : le corps se retrouve dissous dans une machine spéciale contenant un "bain chimique", constitué d'eau et d'un alcalin ou un sel dérivé d'un métal alcalino-terreux (généralement de l'hydroxyde de sodium, l'hydroxyde de potassium ou une combinaison des deux). Le tout est chauffé pendant plusieurs heures à 180°C pour une pression d'environ 10 bars. Cette solution dissout protéines, sang, graisses, muscles qui se trouvent dans les tissus et les os. Les 65% restant de notre corps, c'est déjà de l'eau. A la fin de la "cuisson", le bain chimique se transforme en liquide de couleur café, dans lequel l'on trouve encore de l'os en poudre et les implants métalliques de l'individu (par exemples les obturations dentaires, en or ou en argent). Les restes du défunt sont ensuite retirés de la machine et sont concassés dans d'autres appareils, les mêmes que ceux utilisés dans les crématoriums pour les éléments qui ont résisté à l’incinération. L'os en poudre peut être remis aux proches dans une urne (une pratique interdite en France depuis 2008).
Mais la machine a un coût important : comptez 150 000 pour la plus basique et 500 000 dollars pour la plus luxueuse ! Un prix qui varie selon le fabriquant et la rapidité de l'opération : chez Bio-Response Solutions, l'un des fabricants, il faut compter 220 000 dollars pour une machine permettant d'effectuer une dissolution complète en 3 heures, 150 000 dollars en 16 heures.
Peu ragoutante de prime abord, la liquéfaction séduit pourtant de plus en plus de directeurs de morgue aux États-Unis, selon l'entreprise de "crémation durable" californienne Qico. Sur son site internet, l'atout écologique est mis tout particulièrement en avant : la liquéfaction émet moins de gaz à effet de serre que la crémation (un tiers de moins). Le coût est aussi un autre argument de poids pour la société qui assure que la liquéfaction revient systématiquement moins chère aux proches qu'un enterrement ou une crémation. Mais la pratique n'est pas du goût de tout le monde outre-Atlantique, rapporte le New York Times : certains critiquent le fait que le liquide soit rejeté dans les égouts locaux. Alors que ce fluide, riche en nutriments, pourrait... servir d'engrais ! Même si le pas a été franchi pour les restes d'animaux, pas sûr que les Américains acceptent rapidement cette idée "peu orthodoxe"...
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