vendredi 26 mai 2017

Danemark: La ministre danoise de l’immigration a supprimé les allocations pour les immigrés délinquants. La Croix-Rouge réagit.

source : Les Observateurs.ch
INGER STOJBERG2
Aujourd’hui, j’ai réussi à faire ratifier le cinquantième amendement qui durcit le contrôle de l’immigration. Ça se fête ! » Sur la photo, postée sur sa page Facebook le 14 mars, Inger Stojberg pose avec un gros gâteau recouvert d’un nappage au chocolat, décoré d’un drapeau danois et d’un « 50 » en massepain.
La ministre danoise de l’immigration et de l’intégration affiche un grand sourire. L’amendement en question entérine la suppression des allocations pour les immigrés ayant commis une infraction.

Une posture politiquement incorrecte assumée

Au Danemark, le cliché a suscité l’indignation. Le secrétaire général de la Croix-Rouge, Anders Ladekarl, a posé à son tour devant un plateau de pâtisseries, encourageant les Danois à donner 50 couronnes (près de 7 €) à l’ONG par SMS, en tapant le mot kage (« gâteau » en danois) sur leur téléphone. L’organisation a recueilli un demi-million de couronnes en vingt-quatre heures. Sous le feu de la critique, Inger Stojberg a reçu le soutien de son patron. Le premier ministre libéral, Lars Lokke Rasmussen, s’est désolé que la photo ait pu être mal interprétée. « C’est bien que le gouvernement applique sa politique, et ce que nous célébrons est le résultat, et non la méthode », a-t-il déclaré, précisant que sa ministre avait un faible pour les friandises.
Depuis son arrivée au gouvernement en 2015, Inger Stojberg, 44 ans, cultive la controverse. Peu importe que ses propos choquent. Elle désarme ses opposants par une posture politiquement incorrecte parfaitement assumée et un humour qui fait des ravages sur les réseaux sociaux, au point de la propulser ministre préférée des Danois.
Fille d’un couple d’agriculteurs de la province du Jutland, elle s’est lancée en politique au lycée. Diplômée en gestion d’entreprise, elle entre au Parlement en 2001, l’année même où le Parti libéral (Venstre) revient aux affaires, avec le soutien des populistes du Parti du peuple danois, inaugurant le durcissement de la politique d’immigration qui n’a cessé depuis. Chez elle, tout est question de valeurs – celles du royaume de 5,7 millions d’habitants, qu’elle veut défendre contre l’immigration et les tenants d’un multiculturalisme débridé. Son but : réduire au maximum l’entrée des migrants au Danemark (6 235 en 2016, contre 21 316 en 2015).

Des pubs pour décourager les migrants

C’est à son initiative qu’à l’été 2015, au début de la crise des réfugiés, son ministère achète de pleines pages de pub dans les journaux libanais pour décourager les candidats à l’exil de rejoindre le royaume scandinave. À l’automne 2015, elle récidive, avec un amendement qui suscite l’indignation internationale. Rappelant la spoliation des juifs, le texte permet à la police danoise de saisir les biens des demandeurs d’asile excédant une valeur de 10 000 couronnes (1 345 €). Depuis son entrée en vigueur, en février 2016, il n’a été utilisé qu’à quatre reprises, pour un montant total de 117 600 couronnes (15 800 €).
Cette année, en février, elle fustigeait dans les médias la « mesquinerie » d’une Syrienne de 9 ans et de sa famille, arrivées au Danemark grâce au regroupement familial, mais qui auraient demandé ensuite le statut de réfugiés pour « pomper le système ». Peu importe que l’histoire soit fausse. Le courroux de ses partisans est total. Inger Stojberg fascine les médias danois, qui l’ont d’ailleurs élue pour la deuxième année de suite « personnalité la plus influente » du pays. Pour le quotidien de gauchePolitiken, « Inger Stojberg fait du cynisme un art ». L’écrivain Carsten Jensen confirme : « Si vous voulez savoir par qui nous sommes gouvernés, regardez Inger. Rien n’est dissimulé. La grossièreté, la bassesse et les spéculations cyniques dans le malheur des autres sont exposées avec un zèle exhibitionniste. » La critique ne semble pas l’atteindre.
Sur Instagram, un chanteur de hip-hop la représente en walkyrie nazie. Elle partage le dessin, constatant qu’elle aime sans doute plus sa musique qu’il n’apprécie sa politique. Peu avant Noël, Politiken publie un dessin la montrant en train de décorer un sapin d’un réfugié pendu. Elle se prend en photo devant un arbre décoré à l’identique, en remplaçant le pendu par une boule.

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