mercredi 30 novembre 2016

En Suède, mes chers cinq lecteurs, on réduit le temps de travail pour le même salaire. En France où les économistes et journalistes sont payés par les patrons pour nous faire croire qu'il n'y a pas d'autres solution, on fait le contraire. Même nos politiques prônent l'augmentation du temps de travail, mais, sont-ils payés par le patronat ?

La Suède passe à la journée de travail de 6 heures ! Un vrai succès pour les salariés et les patrons


© Ints Kalnins Source: Reuters
De plus en plus d'entreprises suédoises sont en train d'adopter la journée de travail de 6 heures, au lieu des 8 conventionnelles. Le but ? Rendre les salariés plus efficaces sur un temps plus court et leur permettre de mieux profiter de leur famille
Maison de retraites, hôpitaux, constructeurs automobiles...ils sont de plus en plus nombreux les patrons suédois à sauter le pas et à raccourcir allégrement la journée de travail-type de leurs employés. C'est ce que rapporte le site Sciencealerte.com qui explique que l'idée est de parvenir finalement à en faire plus en moins de temps tout en gardant de l'énergie pour vivre une vie de famille épanouie.
Ainsi, l'entreprise Toyota de Göteborg -la deuxième plus grande ville du pays- qui a fait la bascule il y a plus de 13 ans a constaté un turn-over réduit dans ses équipes, un personnel plus heureux et une meilleure rentabilité !
Même constat chez Filimundus, une start-up basée dans la capitale qui a introduit la journée de six heures l'année dernière, tout comme chez Fast Company qui se réjouit de ce changement. «Rester concentré sur une tâche spécifique de travail pendant huit heures est un énorme défi. Pour faire face, nous alternons les tâches et faisons des pauses pour rendre la journée de travail plus supportable. Et dans le même temps, nous éprouvons des difficulté à gérer notre vie privée en dehors du travail» constate Linus Feldt, le PDG de l'entreprise, pour qui la journée de 8 heures est tout sauf réellement efficace.
Et ce patron de détailler ses techniques pour rendre le travail plus efficient en un temps plus court: la consultation des réseaux sociaux n'est plus autorisée pendant le temps de travail, les «distractions» en tout genre sont également éliminées et les réunions réduites au strict minimum. Le tout afin de garder de l'énergie pour après !
Selon Alerte Science, des médecins et des infirmières dans certains hôpitaux du pays sont également en train de tester la journée de 6 heures. Une maison de retraite à Göteborg est d'ailleurs passée à ce régime il y a quelques mois plus tôt et mène une expérience jusqu'à la fin de 2016 pour déterminer si les améliorations apportées en terme de soins aux patients et de bien-être pour les employés équivaut au coût de l'embauche de nouveaux membres du personnel pour couvrir les heures perdues.

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La Suède teste la journée de 6 heures. Et ça fonctionne !
source : L’Obs

La municipalité de Göteborg en Suède a décidé d'abaisser à 30 heures hebdomadaires le temps de travail de certains de ses employés et espère doper leur productivité. (GUILLAUME BAVIERE /FLICKR)
A Göteborg, la municipalité tente une expérience originale : faire travailler une partie de son personnel "seulement" six heures par jour pour augmenter sa productivité. Un exemple dont il faut s'inspirer ?

Réduire le temps de travail pour augmenter la productivité... et le bonheur des salariés. Et si c'était cela la clé de la réussite d'une entreprise ? Depuis le mois de février, la mairie de Göteborg teste la semaine de 30 heures dans plusieurs établissements publics de la ville. Pour le même salaire, les employés travaillent désormais six heures par jour à la place de huit.
Le service public n'est pas le seul concerné et de nombreuses sociétés suédoises ont déjà adopté ce nouveau rythme de travail plus souple. A la clé, moins de stress pour les salariés, des embauches et une plus grande attractivité pour l'entreprise.
La municipalité de Göteborg veut donner l'exemple
A l’initiative de Mats Pilhem, maire adjoint de la ville et membre du Parti de Gauche, la municipalité de Goteborg deuxième ville du pays, demande à ses salariés de jouer les cobayes depuis le mois de février. Les employés municipaux du secteur des soins aux personnes âgées ont été divisés en 2 groupes : le groupe A travaille 6h par jour, le groupe B, 8h par jour. A salaire égal. But de l'expérience : comparer la productivité et le bien-être des employés et, peut-être, étendre le nouveau rythme de travail à l'ensemble des services.
A la fin de l'expérience, nous comparerons les deux et on verra ce qui diffère. Nous espérons que le personnel réduira son nombre de congés maladie et qu'il se sentira mieux mentalement et physiquement grâce à des journées plus courtes", expliquait Mats Pilhem, à l'annonce du projet en avril 2014.
A la maison de soins de Svartedalens, le personnel concerné par la diminution du nombre d'heures de travail salue l'initiative, comme le rapporte le "Guardian" : "J'étais tout le temps épuisée, dès que je rentrais du travail, je m'écroulais de fatigue sur le canapé. Désormais, je suis plus alerte : j'ai à la fois plus d'énergie pour mon travail, mais aussi pour ma vie de famille", raconte Lise-Lotte Pettersson, une des 82 infirmières de l'établissement. 
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Le passage aux 30 heures hebdomadaires a également eu un impact positif sur l'emploi : depuis le mois de février 14 postes ont été créés pour compenser la réduction du temps de travail et la direction de l'établissement dit avoir observé "une amélioration des services" et du "bien-être" des salariés.
Dans le service public... et dans le privé
Non loin de l'établissement de Svartedalens, l'usine d'assemblage Toyota de Göteborg fait figure de précurseur en la matière. Depuis 13 ans, la direction a adopté les journées de six heures pour ses mécaniciens et ses employés de bureau sans jamais revenir sur le principe. Le site fonctionne 12 heures par jour non-stop, et les équipes se succèdent chaque jour à midi. 
Quelle contrepartie pour les salariés ? Des pauses plus courtes, mais une production augmentée selon Martin Banck, le directeur : "
Le personnel se sent mieux, il y a moins de turn-over et le recrutement est plus facile.", raconte-t-il. 
Selon lui, depuis 2002 et l'arrivée de la journée de six heures, les profits du site ont augmenté de 25% et les salaires des employés se maintiennent au-dessus de la moyenne dans le secteur : environ 3.300 euros par mois contre 2.700 euros.
Pourtant, malgré des premiers retours positifs, l'expérience de la semaine des 30 heures faite par la municipalité de Göteborg  pourrait prendre fin dès l'année prochaine, note le "Guardian". Fermement opposé à la réduction du temps de travail, le parti Libéral - qui vient de récupérer la majorité dans la ville - pointe du doigt le coût de l'expérimentation : plus de 850.000 euros par an. "Tout n'est pas qu'une question d'argent", réplique Daniel Bermar, du Left party de Göteborg et qui a soutenu l'expérience à Svartedalens.
L'idée n'est pas de faire les choses pour moins cher, mais mieux."
Lucas Burel
Et, en France :

Chez Daimler France, c'est 39 heures payées 37, mais où va-t-on s'arrêter ?


© Vincent Kessler Source: Reuters
Ce «chantage» imposé par Daimler, temps de travail contre emploi assuré, est en réalité une fuite en avant, explique Henri Sterdyniak. Le risque ? Que ce genre d'accords d'entreprise fleurissent en France, sur le modèle allemand.
Chez Smart France, à Hambach en Moselle, c'est jour de vote. Chacun des 800 salariés est en effet invité à venir déposer son bulletin dans l'urne afin de se prononcer sur ce «deal» mis sur la table par la direction allemande de l'usine, le groupe automobile Daimler: acceptez-vous un retour aux 39 heures -payées 37- en échange d'un emploi assuré jusqu'en 2020 ?
Si les salariés votent pour le moment dans le calme, les esprits ont pourtant eu le temps de s'échauffer dans l'usine; le syndicat des cadres, le CFE-CGC s'est dit favorable à cet accord d'entreprise, mais du côté de la CGT, les voyants sont plutôt au rouge. Selon Philippe Simart le délégué, «les gens sont contre parce qu'il y a trop de perte de salaire». Derrière cet accord, on retrouve l'épineuse question du coût du travail que Smart France aimerait bien voir baisser pour «se préparer à des périodes moins fastes» explique-t-elle.
Un vote consultatif qui intervient, hasard du calendrier, alors que le gouvernement vient d'annoncer une grande réforme du code du travail. Si officiellement la nouvelle loi ne concernera pas la durée légale du temps de travail en France, à savoir 35 heures, elle devrait pourtant permettre aux entreprises de passer des accords particuliers avec leurs salariés, et donc de passer outre !
En savoir plus: Gérard Filoche : Ni Valls ni Macron ne cherchent véritablement à lutter contre le chômage
Henri Sterdyniak, directeur du département économie de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et membre des Economistes atterrés, s'inquiète des conséquences que pourrait avoir cette loi en prépartion. «La loi va permettre de aux entreprises de faire du chantage aux salariés et de leur proposer de baisser leurs droits et leurs salaires grâce à des accords» explique-t-il à RT «et même les entreprises prospères comme Daimler peuvent jouer de cette carte pour faire accepter à leurs employés des baisses de salaire. Le rapport est ici inégalitaire car les patrons ont le choix de produire en France, en Italie ou en Slovaquie et peuvent clairement faire pression sur leurs salariés».
Quant à la baisse du coût du travail comme vecteur de croissance pour l'économie française, l'argument fait doucement sourire Henri Sterdyniac. «Il faut rappeler que les heures supplémentaires au-delà de 35 heures avaient pour but d'inciter les entreprises à embaucher plutôt que d'y avoir recours, donc là, quelque part avec de tels accords, c'est certain qu'on ne favorise pas les embauches et la baisse du chômage» constate l'économiste, qui poursuit: «Et si l'entreprise devient plus compétitive, il est fort à parier que ses concurrents font faire de même, ce qui risque d'enfoncer les pays de la zone euro dans une course à la baisse des salaires. Et c'est dans cette voie que l'Allemagne est entrée depuis plusieurs années déjà».
«Pire» annonce enfin Henri Sterdyniak, ce type d'accord «au niveau macro-économique va venir peser lourd sur la consommation des ménages. Car les gens vont travailler 39 heures et les 4 heures supplémentaires au lieu d'être payées 25% de plus vont être rémunérées 50% de moins !».
L'économiste s'interroge enfin sur le contenu même de cette loi promise par le gouvernement Valls: « Est-ce que ces accords vont concerner aussi les contrats de travail ou les formalités de licenciement ?». Et ce dernier d'imaginer une entreprise qui, grâce à la réforme du code du travail, pourrait faire voter ses salariés sur «un accord permettant de rémunérer moins bien les femmes que les hommes», avant de lâcher: «Finalement pourquoi pas ? Car on ne sait pas vraiment jusqu'où ils veulent aller».



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