mercredi 31 août 2016

Le génocide silencieux des requins


source : Consoglobe

Les requins sont-ils de dangereux prédateurs ? Ils sont injustement mal-aimés alors qu’ils font partie des espèces en danger. Le point sur la disparition progressive des requins, ses causes et ses conséquences.
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Le génocide silencieux des requins
Les requins sont trop souvent perçus comme d’effrayantes machines à dévorer, dont le seul but est de croquer nageurs et surfeurs. La vérité est que si le requin est un prédateur incroyablement affûté, qui a réussi à survivre sur Terre des millions d’années, c’est plutôt lui qui est victime de l’Homme, que l’inverse. Sans compter qu’il joue un rôle majeur dans la grande balance que constitue l’écosystème.

Requins, aussi utiles qu’effrayants

À quoi pensez-vous si l’on vous parle de requins ? Aux films Les dents de la merLa plage ou à ces documentaires montrant le requin comme capable de renifler la moindre goutte de sang diluée dans l’eau pour finalement fondre sur sa proie et la déchiqueter avec ses multiples rangées de dents pointues aiguisées ?
La peur qui règne autour du requin est perceptible chez une grande partie de la population, ce qui lui a valu d’être surnommé le « mangeur d’hommes ». Mais le requin n’est pas cet animal tueur que nous imaginons tous inconsciemment.
D’abord, il existe plusieurs dizaines d’espèces de requins, dont la plupart ne croiseront jamais l’Homme. Certains requins se cachent dans les récifs ou dans les grandes profondeurs, et la plupart des espèces ne s’aventure pas près des rivages. Enfin, d’autres espèces sont complètement inoffensives, à l’instar du requin-baleine.

Le requin, un animal fascinant

Avec des ancêtres antérieurs aux dinosaures, les requins ont prouvé en traversant toutes les crises d’extinction, leur parfaite adaptation au milieu marin et leur rôle de super-prédateurs. Une grande diversification des espèces leur a en outre permis de conquérir la quasi-totalité des océans. Emblématiques parmi tous les poissons, ils sont paradoxalement aussi les moins bien connus.
Mais aujourd’hui, alors qu’ils sont confrontés face à l’Homme, à leur plus terrible danger et menacés de disparition, la science s’intéresse à eux de près, l’industrie aussi, qui aimerait bien copier leurs performances avec les techniques du biomimétisme.
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Un requin-pèlerin, le plus gros poisson après le requin-baleine, qui se plaît bien… en Bretagne

Des requins partout dans le monde

On trouve des requins à peu près partout dans le monde, au nord comme au sud, dans les mers et dans les océans, dans les récifs coralliens ou dans les grands fonds.
Ils jouent un rôle important dans l’écosystème marin, ils tuent les poissons malades, blessés, ou faibles, maintenant les espèces saines. En tant que garants de l’équilibre des espèces marines, la disparition des requins aurait des conséquences désastreuses sur ces dernières. Les poissons faibles et malades survivant, ils pourraient infecter d’autres espèces ou ne plus se reproduire correctement.
Or les requins sont aujourd’hui en danger, victimes d’habitudes alimentaires ancestrales, de la pêche pour leur peau et leurs ailerons, du tourisme ou de croyances médicinales.

Les requins, éradiqués des grandes profondeurs


Selon une étude internationale(1), les requins ont quasiment disparu des grands fonds, ce qui les rend très vulnérables aux techniques industrielles de pêche profonde.
Les scientifiques ont utilisé des chaluts de grands fonds, des lignes et des caméras de plongée dans les fonds marins en Méditerranée, de l’Atlantique, du Pacifique et de l’océan Indien entre 470 et 5.900 m.
Constat : la plupart des chondrichtyens, la classe de poissons qui agrège différentes espèces de requins, de raies et de chimères, ont été repérés à des profondeurs n’excédant généralement pas 2.000 m (le spécimen repéré à la plus grande profondeur était néanmoins un requin, C. coelolepis, à 3.280 m).
Conclusion : il n’y a pas de « réserves » de requins dans les grandes profondeurs. De plus, ils restent accessibles aux chaluts de grands fonds qui peuvent ratisser jusqu’à -2.300 m.
À l’heure actuelle, 30 espèces de requin sont menacées d’extinction ou de quasi-extinction, sur les 500 espèces de requins identifiées. Un chiffre alarmant lorsque l’on sait que chaque année, ce sont 73 millions d’entre eux qui sont tués, avec une perte de 98 % pour les requins marteaux dans l’Atlantique Nord-Ouest(2).
Pêchés le plus souvent pour leurs ailerons, très prisés en Asie, ou pris dans la grande nasse de la surpêche mondiale, la plupart des stocks de squales connus ont diminué de 80 à 99 % depuis les débuts de la pêche industrielle, au milieu du XXe siècle.
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La disparition des requins a des conséquences en chaîne sur les autres espèces. Sur la côte Nord-Est des États-Unis par exemple, la raréfaction des requins a favorisé la multiplication des raiesce qui petit à petit, a fait disparaître le gisement de pétoncles. En Nouvelle-Zélande, les poulpes de plus en plus nombreux ont dévoré toutes les langoustes : un manque à gagner pour les pêcheurs et la biodiversité bien-sûr.

Un océan sans requins ?

On sait désormais qu’ils sont un régulateur essentiel de l’ensemble des chaînes alimentaires océaniques. Ces dernières décennies ont vu se multiplier les exemples de bouleversements des écosystèmes liés à la disparition des super-prédateurs, qui se retournent finalement contre l’Homme et les pêcheurs eux-mêmes. La communauté internationale s’émeut de plus en plus de leur sort, mais malgré des initiatives trop rares de sanctuaires ou de réglementation des pêches, la course contre la montre engagée pour éviter l’effondrement est loin d’être gagnée.
Le requin tue dix fois moins que les méduses. Ce prédateur mal perçu par l’Homme, doit faire l’objet d’une réhabilitation dans la conscience collective car sa sauvegarde est un enjeu majeur pour la survie des océans et des ressources qu’ils abritent. Pilier de tout un écosystème, le requin est en grand danger.
Robert Calcagno, Requins, au-delà du malentendu

Les requins en chiffres

La chaîne Discovery Channel a comparé le requin et les menaces qu’il subit, avec l’Homme et ses activités :
  • 34 millions – Les requins « modernes » nagent dans les eaux de la Terre depuis environ 34 millions d’années ; l’Homme moderne n’est présent sur Terre que depuis 200.000 ans.
  • 73 millions - c’est le nombre de requins tués chaque année par l’Homme, soit 8.333 requins tués chaque heure.
  • 250.000 - En Australie, un simple requin-baleine pèse 250.000 dollars dans le secteur de l’écotourisme.
  • 5 – et pas plus, c’est en moyenne le nombre de personnes mortes par an des suites d’une attaque de requin entre 1999 et 2009. Les éléphants et les tigres tuent 100 personnes par an, il y a 2.400 morts par exécution par an, les crocodiles ont tué en un an autant que les requins en 100 ans. Le crocodile, lui, est protégé.
  • 99 – De 1970 à 2005, la population de requins sombres, de requins-bouledogue et de requins-marteau lisses a décliné de 99 %.
  • 100 dollars – c’est le prix pour un bol de soupe d’aileron de requin à Hong Kong.
  • 1 – En 2009, les Palaos deviennent la première nation à exclure le commerce issu de la pêche aux requins, déclarant son territoire aquatique de 600.000 km² comme sanctuaire pour requins.


Pêche durable et survie des requins

Les progrès de la pêche durable, un enjeu qui concerne toutes les espèces de poissons et de mammifères marins, sont cruciaux pour les requins.
Les océans abritent des ressources alimentaires très importantes pour des millions de personnes dans le monde. Or, la grande majorité des stocks halieutiques est surexploitée, et les requins sont en première ligne : plusieurs espèces capturées pour la consommation, ou de façon « accidentelle », subissent les conséquences de la surpêche. Pourtant, une gestion responsable pourrait permettre une exploitation durable de ces ressources.
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Le Marine Stewardship Council mène un programme de labellisation et de certification pour transformer le marché des produits de la mer et promouvoir des pratiques de pêche durables, y compris pour les requins. Sensibilisés à ces enjeux, les consommateurs sont aujourd’hui de plus en plus  à la recherche de produits de la mer durables.

Vers une interdiction de la consommation de requins

Plusieurs chaînes de supermarchés s’associent à cette démarche : en 2009, les hypermarchés des 12 pays du groupe Auchan, dont la Chine et Taïwan, ont décidé d’arrêter la commercialisation de toutes les espèces de requins menacées. Le groupe Auchan est la première enseigne internationale de grande distribution à prendre cette mesure qui répond à une situation extrêmement inquiétante pour la survie de ces poissons emblématiques.
C’est la survie du requin qui est en jeu ! Un animal qui, après 400 millions d’années d’existence, est aujourd’hui menacé par l’Homme… Alors, qui doit craindre qui ?

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