jeudi 12 novembre 2015

Obama rejette Keystone XL, le projet d'oléoduc qui divise les États-Unis

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ÉTATS-UNIS - Après des années de tergiversations, le président américain Barack Obama a annoncé vendredi 6 novembre le rejet du projet controversé d'oléoduc Keystone XL reliant le Canada aux Etats-Unis.
Décision opportuniste? L'annonce est faite en tout cas 3 semaines avant l'ouverture de COP21, la conférence internationale sur le climat, qui débute le 30 novembre à Paris. "Le département d'Etat a décidé que le projet Keystone XL n'était pas dans l'intérêt national des Etats-Unis. Je suis d'accord avec cette décision", a déclaré Barack Obama depuis la Maison Blanche, soulignant notamment que le projet n'aurait pas eu d'impact significatif sur l'économie américaine.
"L'oléoduc ne ferait pas baisser le prix du carburant pour les consommateurs américains", a poursuivi le président. "Transporter du pétrole brut plus sale jusque dans notre pays ne renforce pas la sécurité énergétique des Etats-Unis", a-t-il également souligné.

La nouvelle a immédiatement enchanté l'ex-candidat à la présidence américaine, Al Gore qui a salué une "étape enthousiasmante" avant la COP21.

A l'inverse, Marco Rubio, candidat républicain à la prochaine présidentielle a promis que s'il était élu, le projet serait remis en route. Il a au passage fustigé la politique énergétique de Barack Obama.

Cette décision subite de Barack Obama sur un dossier épineux, qui traîne depuis des années, intervient également moins d'une semaine après l'annonce par la Chine de son intention de parvenir à un accord à Paris dans trois semaines. Lors d'une visite de François Hollande à Pékin, la Chine et la France sont en effet tombées d'accord pour "parvenir à un accord ambitieux et juridiquement contraignant". De là à supposer que Washington souhaitait rattraper son retard sur le terrain écologiste face à une Chine devenue récemment plus volontariste sur le dossier...
Un dossier environnemental sensible
Washington étudiait la proposition du projet Keystone XL, présentée par le groupe TransCanada, depuis déjà plusieurs années. La société envisage d'ailleurs de déposer une nouvelle demande après le refus américain. Long de 1900 kilomètres, dont 1400 aux Etats-Unis, il visait à transporter le pétrole canadien des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'au centre des Etats-Unis, dans le Nebraska, d'où il pourrait rejoindre les raffineries américaines du golfe du Mexique.
Aucun dossier environnemental n'est plus emblématique du fossé idéologique qui existe aux Etats-Unis sur l'énergie et l'environnement. "Ce matin, j'ai pu m'entretenir avec le Premier ministre du Canada (Justin) Trudeau", qui a pris ses fonctions mercredi, a indiqué Barack Obama. Justin Trudeau soutenait le projet de construction, mais est perçu comme étant plus sensible aux craintes des écologistes que son prédécesseur, Stephen Harper. Il avait dit qu'il s'emploierait à répondre aux inquiétudes des Etats-Unis.
"Bien qu'il ait exprimé une certaine déception, compte tenu de la position du Canada là-dessus, nous avons parlé du fait que le sujet global de l'énergie et du changement climatique demandait une plus grande coordination entre les pays", a ajouté le président américain. "Dans les prochaines semaines, de hauts responsables de mon équipe vont s'entretenir avec les leurs pour approfondir notre coordination".
A la COP21, "pour protéger la seule planète que nous ayons"
"L'Amérique est désormais un leader mondial à l'heure d'adopter des actions décisives pour combattre le changement climatique. Franchement, approuver le projet aurait entamé ce leadership mondial", a assuré le président américain, avant d'annoncer officiellement qu'il se rendrait à Paris pour participer à la conférence mondiale sur le climat (COP21), qui s'ouvre le 30 novembre pour deux semaines.
"Dans trois semaines à partir d'aujourd'hui, j'attends avec impatience de rejoindre mes homologues du monde entier à Paris, où nous allons tous nous rassembler autour d'un cadre ambitieux pour protéger la seule planète que nous ayons", a dit Barack Obama. "Et si nous voulons prévenir les effets du changement climatique, le temps de l'action est maintenant, et pas plus tard ou un de ces jours, mais ici et maintenant". "Je suis optimiste sur ce que nous pouvons accomplir ensemble", a-t-il relevé.

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