dimanche 30 décembre 2018

Un cadeau de Noël empoisonné : Daesh en Ukraine, par George Galloway

Tchétchénie, Kadyrov, Afghanistan,Xinjiang, Chine, Ukraine, Times, New York Times, NYT, Daesh, Daech, Secteur Droit, Nazis, néonazis, Cameron, Hague, Syrie, Kaboul, Thatcher, Yémen, Frankenstein, Shelley, Khadafi, Ben Laden, Ben Laden, Ouïghour, Chine, Stepan, Bandera, Azov,
La Tchétchénie est l’un des pays qui a fourni le plus de combattants à Daesh. Aujourd’hui, la guerre de Syrie touchant à sa fin, ces combattants peuvent soit retourner dans leur pays, s’y confronter à l’ordre inflexible imposé par le président Ramzan Kadyrov et très probablement atterrir en prison pour de longues années, soit se redéployer sur d’autres fronts, par exemple l’Afghanistan, le Xinjiang en Chine et l’Ukraine. Entre autres.

Par George Galloway
Paru sur RT sous le titre Islamic State in Ukraine: A Christmas present from the West – George Galloway

Des combattants islamistes tchétchènes aguerris dans les camps d’entraînement de l’État islamique (Daesh, anciennement ISIS) sont en guerre contre les rebelles ukrainiens, a confirmé le Times. Un ange est passé.
L’article paru dans le journal britannique The Times selon lequel des islamistes tchétchènes, dont bon nombre sévèrement ébranlés par leur défaite en Syrie et en Irak, de même que celle des autres groupes fanatiques aux noms en forme de soupe aux lettres, sont effectivement arrivés sur le front de l’Ukraine orientale m’a réveillé en sursaut de ma torpeur de Noël.
Un article précédent du New York Times avait révélé que les Tchétchènes islamistes étaient sous le commandement du parti fasciste ukrainien Secteur Droit et étaient là pour « combattre les Russes »parce que, disent-ils « nous aimons combattre les Russes » et « nous ne cesserons jamais de combattre les Russes ».
Le Times, à Noël, se cantonnait à une citation d’un de leurs commandants : « Poutine est notre ennemi commun. » Une citation qui aurait, bien sûr, pu émaner du rédacteur en chef du Times lui-même !
Bien que le rapport ait été un signal d’alarme pour moi, ce n’était pas le cas pour le reste des médias britanniques et encore moins pour la classe politique du pays. L’ange est passé sur les espaces médiatiques, où la peur et le dégoût auraient dû s’exprimer. Ils démontraient plus d’intérêt pour l’émission de télévision Strictly Come Dancing [Venez strictement en dansant] que pour les extrémistes islamistes à longue barbes, qui sont maintenant, une fois de plus, nos partenaires de danse dans le crime.
Mais cela a toujours été comme ça.
Lorsque je suis revenu à la Chambre des communes en 2012 après une brève absence, j’ai demandé au premier ministre de l’époque, David Cameron, s’il avait lu Frankenstein de Mary Shelley. Et si oui, s’il l’avait lu jusqu’au bout. La fin dans laquelle le monstre que le bon docteur avait si négligemment créé, échappe à son contrôle et commence à agir en monstre.
Une autre fois, j’ai été brièvement pris au piège dans un ascenseur avec le ministre des Affaires étrangères de l’époque, William Hague (aujourd’hui Lord Hague). Je lui ai dit : « William, tu t’es déjà trompé, en fait, tu t’es trompé toute ta vie. Mais tu n’as jamais été dément avant. Cette politique de mettre des couteaux entre les mains de fanatiques islamistes et de leur permettre d’aller en Syrie n’est pas seulement malfaisante, c’est de la folie. »
Et un jour, j’ai pompeusement ajouté : « Ces hommes avec ces couteaux seront un jour dans ce bâtiment et vous chercheront, et me chercheront. » Ce qui s’est réalisé trois ans plus tard.
Mes pouvoirs de prédiction au Parlement remontent cependant bien plus loin.
À la veille de la chute de Kaboul entre les mains des hordes islamistes, il y a près de 30 ans, j’ai dit à l’ancien premier ministre Margaret Thatcher : « Vous avez ouvert les portes aux barbares, et une longue nuit va maintenant s’abattre sur le peuple afghan ».
Ce n’était certainement pas la plus ratée de mes prédictions.
Si j’avais été là à l’époque, j’aurais lancé le même avertissement au sujet de l’adoption des Frères musulmans en Égypte par l’État britannique contre le président Nasser, au sujet du soutien britannique et américain aux obscurantistes dans la guerre civile des années 1960 au Yémen, au sujet de l’adoption par Israël de ce qui est devenu le Hamas à Gaza contre le président Arafat, au sujet de l’adoption occidentale des extrémistes du groupe islamique libyen contre Khadafi et de nombreux autres. Je les aurais tous avertis : « Lisez Mary Shelley, lisez Frankenstein, et lisez-le jusqu’au bout. »
La politique de « l’ennemi de mon ennemi est mon ami » est non seulement profondément immorale, mais elle a échoué à maintes reprises et pourtant, elle est invariablement répétée.
Au milieu des années 1990, j’ai donné une conférence au Département international du Comité central du Parti communiste chinois sur les connaissances que j’avais acquises en travaillant avec l’opposition saoudienne de Londres à propos d’une personne appelée Oussama Ben Laden, qui avait été orientée par les États-Unis dans la région du Xinjiang, en Chine, pour recruter dans la minorité musulmane ouïghoure, pour exacerber son aliénation vis-à-vis de l’État, pour profiter des faiblesses de la politique de l’État chinois envers ses ressortissants musulmans. Et pour semer la terreur.
Le nom d’Oussama Ben Laden était si nouveau à l’époque qu’à la fin, les cadres du Département International s’étaient pressés autour de moi pour me demander de leur épeler son nom. Ma nouvelle était si importante que, une semaine plus tard, j’ai dû la répéter devant le vice-ministre des Affaires étrangères de la Chine.
En 2015, le New York Times s’efforçait de souligner que les fanatiques qui s’étaient présentés à Marioupol, en Ukraine, étaient des « volontaires non rémunérés » et que ni eux, ni leurs commandants du Secteur Droit n’étaient payés ou instruits par les forces spéciales américaines basées sur place, ni même par de quelconques autres officiels américains. Mais c’est ce qu’ils disent toujours.
Voyez-vous, les États-Unis soutiennent exclusivement des fanatiques « modérés », comme en Syrie. Si vous croyez ça, il y a une Tour Eiffel à Paris que je peux vous vendre, à bon prix.
La situation était déjà sombre quand c’était le Secteur Droit lui-même, composé d’une demi-douzaine de groupes paramilitaires ultra-nationalistes comme White Hammer, l’Organisation pan-ukrainienne Stepan Bandera, et le bataillon Azov qui utilise ouvertement le symbole du « crochet de loup » des SS.
Ces groupes sont des disciples affichés des pogromistes antisémites qui sont tombés sur leurs voisins juifs et les ont assassinés pendant l’occupation nazie en Ukraine. Il n’avait pas été nécessaire d’attendre les trains ou les camps de concentration. Et pourtant, ils sont devenus des instruments de politique pour les « démocraties » « libérales ».
L’axe du mal formé entre eux et les assassins extrémistes islamistes coupeurs de têtes, mangeurs de cœurs, crucificateurs, marque un nouveau nadir de la politique occidentale. Et c’est le pire cadeau de Noël possible pour les chrétiens de l’est de l’Ukraine.
George Galloway a été membre du Parlement britannique pendant presque trente ans. Il présente des émissions de radio et de télévision (y compris sur RT). C’est un célèbre réalisateur, écrivain et tribun.
Traduction et note d’introduction Entelekheia
Photo : Islamistes tchétchènes en Syrie, 2012. Crédit photo Joanna Paraszczuk/Checheninsyria.com

Aucun commentaire: