Les banquiers américains sont à l'origine de la crise que nous subissons depuis 2007. Mais depuis dix ans, ces mêmes banques qui ont failli nous jeter dans le précipice vont mieux, nettement mieux, sur le plan de leur santé financière. Il n'est même pas exagéré de dire qu'elles affichent une santé financière insolente.
La meilleure preuve, c'est que la banque britannique Barclays a calculé que les 22 principaux établissements bancaires américains vont distribuer cette année 170 milliards de dollars (c'est une somme jamais vue auparavant). Cette manne céleste prendra la forme de distribution de dividendes et de rachats d'actions. En clair, ceux et celles qui ont des actions bancaires américaines vont se régaler, ils vont même être plus que chouchoutés.
Je vous en parle aujourd'hui parce que ces mêmes banques américaines font un lobbying d'enfer depuis plusieurs années pour réduire le carcan réglementaire du secteur. Comme vous le savez, lorsque la crise a éclaté, le monde politique a réagi sur le mode du "plus jamais ça". Et ce "plus jamais ça" consistait notamment à contrôler davantage ces banques américaines pour qu'elles ne dérapent plus comme elles l'ont fait avant l'éclatement de la crise financière en 2007.
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Les banques américaines seront plus libres que les banques européennes: cela va créer une distorsion de concurrence au détriment de l'Europe
L'ancien président Barack Obama avait même chargé Paul Volcker, l'ancien président de la banque centrale américaine, de superviser toute cette réglementation. Or, ce même Paul Volcker, âgé de 90 ans et considéré comme un sage de la finance, vient de s'exprimer dans les colonnes du New York Post. Il s'inquiète du détricotage qu'est en train de réaliser l'administration Trump. Selon lui, il faut surveiller ces banquiers américains car ils ont l'oreille de Donald Trump et ils le manipulent en quelque sorte. Le résultat, c'est que Donald Trump est en train de déréglementer le secteur bancaire.
Officiellement, c'est parce que la réglementation aurait été trop loin, qu'elle empêcherait les banques de faire leur travail, c'est-à-dire de financer l'économie. De son côté, Paul Volcker rigole quand il entend ce genre d'argument : il n'en croit pas un mot.
Si c'était vrai, si le carcan réglementaire empêchait les banques américaines de jouer leur rôle, comme peut-on expliquer que les Etats-Unis connaissent depuis dix ans une croissance économique ininterrompue ? Comment peut-on expliquer que ces banques vont donner 170 milliards de dollars à leurs actionnaires si allaient aussi mal qu'elles le disent à Trump ?
Il est même probable que ces banques vont verser plus de dividendes qu'elles n'ont de bénéfices. Et si ça, ce n'est pas un signe de bonne santé, qu'est-ce que c'est alors ?
En résumé, les banques américaines seront plus libres que les banques européennes, et donc, cela va créer une distorsion de concurrence au détriment de l'Europe. Et ensuite, si les banques américaines sont libres à nouveau de faire ce qu'elles ont envie de faire, qui nous garantit qu'elles ne provoqueront pas une nouvelle crise dans dix ou vingt ans ?