lundi 25 juin 2018

Produits laitiers : Quand les Décodeurs du Monde décodent trop vite

Les réseaux sociaux ont été de nouveau le théâtre d’une frénésie concernant les produits laitiers. Des articles partagés en masse mettent en avant la prestigieuse école de santé publique de Harvard qui exclut les produits laitiers d’une alimentation saine.
La nouvelle alimente les groupes profondément anti-lait qui y voient ici le désaveu ultime. Cette rumeur, puisque ce n’est rien d’autre, a été démentie par les désormais célèbres Décodeurs du Monde qui pulvérisent les hoax plus vite que leur ombre.
Sauf que cette rumeur circule sur les réseaux sociaux depuis au moins 3 ans. Je l’ai démontée en mars 2015. Non, les produits laitiers ne sont pas exclus de l’alimentation saine prônée par Harvard. Bien au contraire, comme le rappellent justement les Décodeurs, ils conseillent même 1 à 2 produits laitiers par jour, si on les tolère bien.
Mais je vais m’arrêter là dans les adjectifs élogieux envers nos Hoaxbusters français. Malheureusement pour eux, ils se sont permis dans le tout dernier paragraphe de leur article de faire un dangereux parallèle entre les recommandations de l’école de santé publique de Harvard et notre référence en nutrition (légère plaisanterie) le site mangerbouger.fr.
D’après Adrien Sénécat, auteur de l’article, les conseils de Harvard « correspondent peu ou prou à ceux du site mangerbouger.fr du ministère de la santé français. Ce dernier recommande de consommer trois produits laitiers par jour […]. » J’ai bien peur que nos Décodeurs ne soient allez un peu vite, un peu trop vite, et voici pourquoi.
Nos autorités sanitaires recommandent 3 produits laitiers par jour pour les adultes, mais montent jusqu’à 4 pour les enfants, adolescents et personnes âgées. Alors que l’école de santé publique de Harvard estime qu’un seul verre de lait ou morceau de fromage peut suffire, mangerbouger.fr multiplie ce chiffre par 4.
Inconsciemment ou non, les Décodeurs réussiraient presque à nous faire croire que nos recommandations de santé sont comparables à celle d’une école prestigieuse. Voilà qui aurait de quoi calmer certains opposants. Mais c’était sans compter des différences profondes entre ces deux autorités de santé.
Car pour l’école de santé publique de Harvard, les produits laitiers n’ont rien d’essentiel à l’alimentation humaine. Il précisait même dans un point de vue que les humains n’ont aucun besoin nutritionnel pour les laits animaux, qu’ils jugent comme « un supplément évolutionnaire récent dans notre alimentation ».
À la différence de notre gouvernement, l’école de santé publique de Harvard reconnaît bien volontiers que « l’Homme moderne a obtenu tous ces besoins nutritionnels durant des millénaires avant la domestication des produits laitiers animaux », rajoutant que « de nombreuses populations à travers la planète ne consomment pas ou très peu de laitages pour diverses raisons ».
N’essayez pas de faire dire ça à nos autorités de santé, ce serait peine perdue. Il y a donc une énorme différence entre la position de l’école de santé publique de Harvard, nuancée, sourcée et clairement pas défavorable à l’éviction des produits laitiers, comparée à celle de nos autorités de santé, qui se bornent à 3 ou 4 produits laitiers par jour, sans le moindre développement scientifique ni nuance.

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