À Mossoul, la guerre des drones
Dans les rues étroites de la ville que les Irakiens tentent de reconquérir, le danger vient maintenant des engins volants des combattants du groupe État islamique.
PAR MICHEL COLOMÈS
Modifié le - Publié le | Le Point.f
Il y a peu de temps, ce n'étaient encore que des drones bricolés dont les djihadistes se servaient comme moyens d'observation. Ils pouvaient ainsi guider les chauffeurs des voitures ou des camions kamikazes sur des concentrations de troupes ou de blindés.
Mais dans les ruelles étroites des quartiers ouest de Mossoul, où les combats se déroulent désormais, maison par maison et où les affrontements tiennent du corps à corps, les djihadistes ont changé de tactique. Délaissant les véhicules kamikazes, trop difficiles à manœuvrer pour atteindre leur cible, ils ont recours à des sortes de bombardiers de poche : des drones de petite taille, la plupart achetés dans le commerce et fabriqués en Chine. Des drones modifiés pour pouvoir larguer des grenades ou des obus de mortier sur des objectifs militaires repérés, mais aussi et un peu au hasard, sur des civils. Une tactique assurée de semer la terreur dans la population des quartiers est de Mossoul, qui se croyait débarrassée des méfaits des fanatiques qui les ont fait vivre dans un état d'épouvante permanente depuis deux ans et demi.
Nombreux blessés
Cette tactique nouvelle pour résister le plus longtemps possible aux forces irakiennes a plusieurs avantages pour les djihadistes. D'abord si elle ne fait pas énormément de morts, en raison du peu de volume des charges transportées, elle fait beaucoup de blessés. Notamment aux membres inférieurs, car larguées de quelques centaines de mètres, pas toujours avec une grande précision, les charges explosent quand elles touchent le sol et projettent leurs éclats à l'horizontale. Outre la terreur que ces drones provoquent chez les civils et l'obligation pour les combattants irakiens d'éviter de se grouper pour lancer leurs assauts, ces armes, entraînant des blessures importantes, mobilisent infirmiers et secouristes. Au point que les hôpitaux de campagne sont saturés et que les médecins n'arrêtent plus de pratiquer des amputations.
L'autre avantage pour les djihadistes est que ces engins téléguidés sont manœuvrés par des combattants souvent en civil et donc extrêmement difficiles à repérer et surtout à neutraliser même lorsqu'ils sont localisés, de peur de faire des dommages collatéraux dans la population. La plupart de ceux qui sont aux manettes de ces engins volants sont d'ailleurs des étrangers qui ont rejoint le djihad et sont familiers des jeux vidéo. Un Britannique et un Belge qui manœuvraient des drones ont ainsi été localisés par les conseillers américains auprès des forces irakiennes.
Quasiment inaudibles, presque invisibles
Enfin, autre inconvénient de cette tactique nouvelle : en raison du bruit des combats et même du ronflement des générateurs électriques dans les quartiers civils libérés, il est très difficile de repérer les drones, qui volent parfois à près de 300 mètres. Et sont donc quasiment inaudibles. Et souvent presque invisibles, car les djihadistes choisissent de les utiliser en début de matinée ou en fin d'après-midi, quand le soleil est bas et les ombres propices à passer inaperçues.
Le problème vient aussi de ce que les moyens à la disposition des soldats pour les abattre sont limités et se bornent souvent à des tirs d'armes automatiques quand les drones ne sont pas trop hauts. L'armée irakienne, aidée de techniciens américains, utilise aussi des moyens électroniques destinés à interférer les ondes permettant aux drones d'être guidés et les détourner ainsi de leurs objectifs. Jusqu'à présent, ces contre-mesures n'étaient pas très efficaces. Mais cela devrait changer au terme d'un contrat qui vient d'être signé par l'armée de l'air américaine avec IsraëlAerospace Industry. C'est un domaine dans lequel un petit pays comme Israël, entouré d'ennemis de toutes parts, est devenu très performant.
(Bon, maintenant, on fait quoi avec la sécurité bidon des centrales nucléaires. Les centrales nucléaires françaises ont été survolé 17 fois par des drones. Si, l'on qualifie cela de vol de repérages et que l'on se souvient que des djihadistes belges avaient pris en filature un technicien qui travaillait dans une centrale nucléaire belge, il est temps de revoir sa copie. Et, le plus vite possible ! note de rené)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire