dimanche 29 janvier 2017

Le recours de plus de 40 000 nigérians sur les désastres de Shell a été rejeté à Londres

28 janvier 2017 / par Diane Deswarte source : La relève et la peste




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Le mastodonte pétrolier Shell vient d’obtenir de la Haute Cour de Londres le rejet du recours collectif déposé par 40 000 Nigérians suite à de graves pollutions dans les communautés Ogale et Bille provoquées par la filiale nigériane du groupe, SPDC.
Une fois, pas deux
En Janvier 2015, Shell avait finalement versé plus de 80 000 millions de dollars à une communauté nigériane touchée par des fuites de pétrole en 2008. Après 6 ans de bataille juridique, la multinationale pétrolière n’a pas l’air de vouloir réitérer l’expérience. En effet, les 40 000 plaignants Nigérians des communautés Ogale et Bille viennent de recevoir un coup de massue ce jeudi 26 Janvier grâce à un détour juridique de la part du groupe. Est-ce que la fine enveloppe prévue par le groupe a déjà été épuisée par son premier procès ?

Renvoyer la balle le plus loin possible
Shell est le plus grand producteur de pétrole du Nigéria et l’avocat de la défense a dégainé sa carte de non-responsabilité et de lieu de juridiction. En effet, l’avocat de la multinationale Peter Goldsmith, a argumenté que cette affaire concernait « fondamentalement des problèmes nigérians », en soulignant que les « dégâts matériels présumés étaient tous localisés au Nigeria », et que de ce fait, l’affaire devait avoir lieu là-bas.
Leigh Day, le cabinet d’avocats défendant les plaignants, a affirmé que le procès avait au contraire toute sa place à Londres, où se trouve le siège de Shell et en ajoutant qu’obtenir justice au Nigeria serait long voire inefficace. Au-delà de cet argument géographique, Shell s’est défendu en expliquant qu’ils n’étaient pas responsables d’une éventuelle pollution au Nigéria causée par SPDC, car l’entreprise n’est pas légalement responsable de ses agissements. Daniel Leader, un des avocats des deux communautés nigérianes a rappelé à la Cour qu’en 2012, la Cour Européenne de Justice avait estimé que Shell « exerçait une influence décisive sur la conduite de ses filiales », ce qui contredit directement cet argument. De plus, la défense a pointé du doigt que les deux régions plaignantes étaient « durement touchées par le vol de pétrole, le sabotage des oléoducs et le raffinage illégal qui restent les principales sources de pollution dans le delta du Niger ».
Refus d’abandon
Le roi de la communauté Ogale, Emere Godwin Bebe Okpabi a déclaré qu’il était « fortement déçu, mais pas abattu » ; le cabinet d’avocats des plaignants a immédiatement annoncé leur recours en appel. Dans un communiqué cinglant, Emere Godwin Bebe Okpabi a déclaré que « Royal Dutch Shell fait des milliards de profits chaque année avec le pétrole nigérian alors que nos communautés abritant leurs infrastructures ont été écologiquement ravagées (…) On demande simplement à Shell de nettoyer son pétrole et de compenser les communautés dévastées ». Il semble clair que de grands groupes pétroliers qui ponctionnent l’Afrique sans même nettoyer derrière eux commencent à devenir problématiques et surtout, de notoriété publique. Si le continent a pour le moment accepté l’exploitation de ses ressources, elle n’a jamais donné son accord pour la destruction de son environnement et de la santé de sa population. Affaire à suivre.

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