mercredi 25 janvier 2017

Faut-il craindre le Fentanyl, drogue 50 fois plus puissante que l'héroïne?
 Par Claire Hache, publié le 21/01/2017 à 09:29 , mis à jour à 09:30
  •  source : L'Express
Aux Etats-Unis, une nouvelle drogue, le Fentanyl, fait des ravages.MAXPPP/LA PROVENCE/NOSETTO Patrick
Les Etats-Unis et le Canada sont touchés par une vague importante de décès liés à la consommation de Fentanyl, un antidouleur très puissant. Un phénomène inquiétant qui reste pour l'instant marginal en Europe.
Une drogue aussi forte que puissante. 50 fois plus que l'héroïne, 100 fois plus que la morphine, selon le Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Aux Etats-Unis, comme au Canada, le Fentanyl fait des ravages depuis deux ans.  
Cet antidouleur à l'usage détourné, utilisé notamment dans des cas graves de cancers, tue plus que l'héroïne dans certains États américains comme la Nouvelle-Angleterre ou le New Hampshire. C'est une overdose de Fentanyl qui a d'ailleurs causé la mort du chanteur Prince en avril dernier.  

La police américaine anti-drogue a émis une alerte nationale en mars dernier, affirmant que les overdoses "se produisent à un taux inquiétant à travers les Etats-Unis et représentent une menace importante pour la santé et la sécurité publique". Le maire de Vancouver a tiré la sonnette d'alarme de son côté à la mi-décembre après neuf décès dénombrés en une seule nuit dans sa ville.  
Qu'en est-il en France de cet opiacé synthétique mortel? Interview du commandant Marc Geny, chef d'Etat-major à l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis). 

Assiste-t-on à une arrivée du Fentanyl sur le marché français? 
C'est une drogue dont on parle beaucoup dans les milieux répressifs et sanitaires car elle est très puissante. Mais heureusement pour ce qui nous concerne, on en voit très peu. Il n'y a pas de marché du Fentanyl en France à ce jour. Ce qui ne veut pas dire que le produit ne circule pas mais, le point important, est que ce n'est pas une drogue de rue. 
Redoutez-vous un phénomène similaire aux cas américain et canadien? 
Il peut y avoir un effet de mode mais nous ne pensons pas pour l'heure que la France risque d'être concernée par une consommation significative. A l'Ocrtis, nous travaillons sur les trafics internationaux de stupéfiants et observons l'offre des produits illicites. nous sommes donc attentifs à la diffusion du Fentanyl. Nous participons également à des forums avec des policiers européens sur la question. Mais du point de vue de la toxicomanie, pour ce qui concerne notre pays, ce n'est pas un enjeu premier. 
En France, le premier stupéfiant objet de trafics et de consommation reste le cannabis, suivi par la cocaïne. L'héroïne est un marché restreint et les toxicomanes peuvent acquérir des produits de substitution légalement comme le Subutex, la méthadone. Ce qui n'est pas le cas aux Etats-Unis où la réglementation est toute autre. 
Existe-t-il des pays européens qui sont davantage concernés?
Des saisies non significatives ont été réalisées en Europe, essentiellement dans les pays baltes et en Russie. En Bulgarie, en Grèce ou encore au Portugal, des minis laboratoires dans lesquels du Fentanyl était produit ou conditionné, ont été démantelés. En France, en 2016, une seule saisie a été enregistrée. Il s'agissait d'une commande 80 grammes de poudre effectuée via internet contenant des drogues de synthèse dont du Fentanyl. Et interceptée par la douane.  
Comment les consommateurs se procurent-ils du Fentanyl?
Il existe plusieurs possibilités. D'abord sur le marché légal, en se procurant des médicaments à base de Fentanyl au moyen d' ordonnances, soit volées soit contrefaites. En France, nous ne sommes pas vraiment concernés car le marché du médicament est contrôlé, sous la surveillance étroite de l'ANSM. Une autre possibilité pour le consommateur est d'acquérir le produit auprès d'un réseau criminel, des trafiquants en mesure de produire cette molécule. C'est le cas aux Etats-Unis ou au Canada. En Europe, il existe relativement peu d'unités de fabrication. La troisième source provient d'internet qui met en relation un client et un fournisseur, en un clic. C'est pour nous un vecteur de diffusion des drogues, qui complique nos investigations. 
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