mardi 23 février 2016

Plaidoyer à la Fed pour une scission des banques

source : Les Echos.fr

LUCIE ROBEQUAIN / CORRESPONDANTE À NEW YORK | LE 18/02 À 07:00

Neel Kashkari, qui préside la Fed de Minneapolis, assimile Wall Street à une « menace nucléaire ».
Le discours a fait l'effet d'une bombe : les grandes banques de Wall Street sont l'équivalent de « réacteurs nucléaires », capables de déclencher une « catastrophe »  en cas d'explosion. Il faut envisager leur démantèlement, « pour en faire des entités plus petites et moins connectées ».
Ce discours n'est pas le fait de Bernie Sanders, le « socialiste » menant campagne contre Wall Street. Il émane de Neel Kashkari, le tout nouveau président de la Réserve fédérale de Minneapolis. L'homme ne peut pas être accusé de méconnaître le système financier : ancien banquier de Goldman Sachs, il a été chargé de renflouer les banques pendant la crise financière, en tant que gestionnaire du programme TARP (Troubled Asset Relief Program).
Jamais un membre de la Fed n'avait prononcé un discours d'une telle violence à l'égard de Wall Street : « Le secteur financier a exercé un lobbying intense pour préserver sa structure et faire barrage aux changements nécessaires », a-t-il défendu mardi devant la Brookings Institution de Washington. Les perspectives économiques étaient peut-être trop fragiles pour imposer des mesures audacieuses en 2009, a-t-il ajouté. En revanche, la période actuelle est idéale pour vaincre les « intérêts particuliers ». Il promet des propositions concrètes avant la fin de l'année.
Neel Kashkari n'a pas le pouvoir d'imposer ses vues à la Réserve fédérale. Il n'appartient pas au cercle de gouverneurs chargé de réformer Wall Street. Président de la Fed de Minneapolis, il ne s'occupe que des banques régionales sur son territoire. Son point de vue est diamétralement opposé à celui de Janet Yellen, qui se félicitait encore la semaine dernière d'avoir assaini Wall Street : « Les mesures prises depuis sept ans ont permis de créer un système bancaire beaucoup plus fort, à la fois mieux capitalisé et plus liquide », faisait-elle valoir devant le Congrès.
Hillary Clinton embarrassée
A défaut d'avoir un impact à la Fed, Neel Kashkari risque de peser dans la campagne présidentielle. Dès mardi, le démocrate Bernie Sanders s'est dit « enchanté » de partager le point de vue d'un haut dirigeant de la Fed. L'offensive de Neel Kashkari a plutôt tendance à embarrasser Hillary Clinton qui a longtemps jugé « simpliste » l'idée de démanteler les grandes banques. « Je ne vais pas me laisser convaincre par la gauche de la gauche de démanteler Wall Street. C'est plus compliqué qu'ils le pensent », faisait-elle valoir en juillet. Attaquée sur sa proximité avec le monde de la finance (et ses discours très lucratifs au service de Goldman Sachs), elle a retourné sa veste depuis et affirmé qu'une « réorganisation ou un démantèlement des grandes banques est nécessaire ». La campagne contre Wall Street ne fait que commencer. 
Lucie Robequain, Les Echos
Bureau de New York


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