dimanche 25 janvier 2015

(blog à finir et à corriger)

Et, oui, mes chers cinq lecteurs, la planète que nous laisserons à nos petits enfants ne sera pas tout à fait la même que celle que nous connaissons.
Mais, apparemment, personne n'a vraiment l'intention d'agir.

(source : sciences et avenir)

La Californie orpheline de ses arbres géants

En moins d’un siècle, la moitié des grands arbres californiens – dont les célèbres séquoias – a disparu. En cause, l’exploitation forestière mais surtout la pénurie d’eau.


Dans le parc national de Sequoia, en Californie. © MARK RALSTON / AFPDans le parc national de Sequoia, en Californie. © MARK RALSTON / AFP




"BIG TREES". Avant que les colons blancs n’arrivent en Californie, il y en avait partout, sur le littoral Pacifique et dans la Sierra Nevada, dans les collines au sud de la baie de San Francisco, au moins jusqu’à Big Sur. Les séquoias sont ces arbres géants à l’écorce rouge, dont certains culminent à plus de cent dix mètres de hauteur pour plusieurs mètres de diamètre. Aujourd’hui, seuls 4% des forêts d’origine subsistent. L’exploitation forestière a en effet provoqué des ravages dès les premiers temps de la colonisation, mais pas seulement. Une étude menée par des chercheurs californiens des universités de Berkeley et Davis, publiée mi-décembre 2014 dans les Pnas, établit que le réchauffement du climat a joué un grand rôle au cours du siècle passé dans le déclin de ce qu’on appelle les "grands arbres" (big trees), c’est-à-dire des arbres de plus de 61 cm de diamètre.

Des arbres petits et gros

Cela recouvre les séquoias mais aussi les pins ponderosa, les cèdres, etc. Ce travail exploite des données historiques de l’US Forest Service comprises entre 1929 et 2010 pour voir comment a évolué la structure des forêts californiennes, qu’elles se situent au nord de l’État ou au sud, dans la Sierra Nevada ou autour de Los Angeles (les chaînes des Transverse). Premier constat : partout, la densité en grands arbres a décliné. Et c’est dans les Transverse que le phénomène est le plus prononcé puisque leur population est inférieure de 30% de ce qu’elle était dans les années 1920-1930. Dans la Sierra Nevada, où se trouve la variété des Giant sequoias (Sequoiadendron giganteum) pouvant atteindre huit à dix mètres de large, environ 50% des grands arbres ont disparu sur la période étudiée : on est passé de 64,3 à 28,03 spécimens par hectare. Idem dans les Coast Ranges (les chaînes de montagne côtières au sud de San Francisco), avec 7,5 grands arbres par hectare contre 16,6 il y a plus de quatre-vingts ans, et en Californie du Nord, région des Sequoias sempervirens ou Coast redwood (les plus hauts arbres du monde), où la densité s’est effondrée de 30,6 à 16,7.
EAU. En parallèle, les chercheurs observent, également dans toutes les régions, une augmentation de la densité des "petits" arbres, des pins communs ou des chênes, en remplacement des "gros". La raison principale à cette évolution ? Le manque d’eau dû à des bouleversements climatiques. Ce qui ne veut pas forcément dire moins de précipitations, mais que la hausse globale des températures provoque plus d’évaporation, une fonte des neiges prématurée, privant les forêts de réserves (phénomène accentué en montagne où les sols pentus retiennent moins l’eau). Cette pénurie, qui ne tient pas en compte l’actuelle sécheresse qui sévit en Californie puisque l’étude s’arrête avant, affecte bien plus les grands arbres, plus demandeurs que les petits spécimens, et a plus d’impact que l’exploitation forestière et le défrichage. En effet, le déclin des grands arbres s’observe même dans lesparcs naturels, zones protégées des activités humaines… mais pas des changements climatiques.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé une modélisation du déficit d’eau (ce qu’ils appellent le CWD : climatic water deficit), calculé à partir des données saisonnières de précipitation, de températures, des caractéristiques topographiques, et rapporté aux besoins des forêts. Or, la perte en grands arbres est plus prononcée dans les régions où ce déficit est le plus marqué. Ainsi, en Californie du nord, où l’industrie du bois a rasé des forêts entières au début du 20e siècle, le manque d’eau n’a pas beaucoup changé. Résultat : la densité des grands arbres est moins affectée. C’est l’inverse dans la Sierra Nevada et dans le sud de l’Etat."

Et, pour changer, parlons un peu des illuminatis.

(source : Mr mondialisation)

Comment en finir avec les Illuminatis ?


20 janvier 2015 / Catégories: ArticlesRédaction / Tags:  / Réclamations et signalements
Comment en finir avec les Illuminatis ?
Comment en finir avec quelque-chose dont on a jamais vu le visage ? Il suffit d’arrêter d’y croire, de se pencher sur les faits historiques, d’appréhender la complexité du monde afin d’être mieux « armé » pour le changer rationnellement. C’est du moins l’idée d’un document qui circule gratuitement, réalisé par des groupes anti-capitalistes et anarchistes fatigués de voir la lutte accaparée par les théories du complot.
La simplification abusive d’une réalité complexe
Comment rester critique et libre d’esprit sans sombrer dans les caricatures grossières du conspirationnisme illuminati ? Beaucoup, en réalisant leur « réveil » au travers du rejet d’un système jugé injuste, sont tentés d’adhérer à des thèses conspirationnistes qui répondent simplement à une réalité très complexe. « Si tout va mal, c’est probablement la faute à une poignée d’individus satanistes très méchants qui veulent réduire la population et gagner beaucoup d’argent. » C’est caricatural, mais c’est pourtant ce à quoi certains tentent de réduire la complexité d’un monde de 7 milliards d’individus. Une ribambelle de vidéos séduisantes sur le fond comme sur la forme viennent appuyer ces thèses créant une paranoïa et une confusion difficilement contrôlable.
C’est en voyant des milliers de militants sombrer dans cette vision simpliste et caricaturale du monde que des indignés anarchistes et anti-capitalistes ont créé le pamphlet « How to overthrow the illuminati ? » réalisé par des membres – ou proches – de groupes comme « Black Orchid Collective », « Take Back the Bronx », « Creativity Not Control ». Aux USA, les thèses conspirationnistes, profondément réactionnaires, vont jusqu’à inclure l’écologie, le militantisme et l’alter-mondialisme comme faisant partie d’un grand complot. Dans une logique élitiste, le complot illuminati offre le sentiment à son adepte d’appartenir à une caste de ceux qui détiennent la Vérité.
Le document qui risque de faire couler beaucoup d’encre est aujourd’hui disponible en français. Traduit par le groupe GARAP, il a été adapté à la réalité française plus complexe. Ce texte se penche sur les origines, les ressorts et les promoteurs d’une bien funeste mystification qui pousse à l’inaction, au rejet de l’écologie et à tout ce qui s’oppose à la liberté de pensée critique et objective.
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« Il a toujours existé des complots dans l’histoire ! »
S’il est un fait que des complots ponctuels et locaux existent dans l’histoire, ils sont de l’ordre des faits historiques vérifiables car ne se basent pas sur la rumeur. S’il est un fait qu’il faut rester toujours vigilant sur l’actualité et remettre en question la manière dont nous abreuvent d’informations les médias, il serait extrême de voir un complot dans chaque parole prononcée par un journaliste. Où se trouve la nuance des choses ? Le document « Comment renverser les Illuminati ? » met notamment en lumière que la théorie du grand complot illuminati provient et alimente la pensée réactionnaire à tendance fasciste. En d’autres termes, on peut entrevoir le complotisme comme étant le chien de garde du système contre la pensée libre, un filet de rattrapage qui dépolitise le sujet et empêche toute solution rationnelle de se déployer. Certains diront qu’il s’agit là d’une sorte de mécanisme secondaire de rétention, une fausse opportunité de s’émanciper, non sans cause à effet, alimenté par certains extrêmes de la droite conservatrice.
A bien y regarder, les théories du complot les plus délirantes usent des mêmes outils du divertissement de masse aussi bien que de la rhétorique politique de l’extrême droite : dictature de l’émotionnel au détriment de la raison, grégarisme de la pensée, simplification abusive de la réalité, alimentation de la peur, création d’un ennemi invisible, catégorisation et étiquetage. Dans le « meilleur » des cas, le complotiste réalise qu’il a été dupé. Dans le pire des cas, le conspirationnisme pousse l’individu dans la paranoïa, le déracinant de son entourage, parfois jusqu’à la schizophrénie. Cet état de pensée est-il supposé changer le monde ? Non, c’est tout le contraire, et c’est là que la pensée conspirationniste joue un rôle décisif dans l’immobilisme collectif.
Night at the Museum: Battle of the SmithsonianAlex Jones – Figure du complotisme. Se déclare libertarien et paléo-conservateur de droite. Militant actif de la Tea Party américaine.
Aux USA, le délire s’est tellement répandu depuis quelques années que certains chanteurs utilisent l’iconographie imaginaire « illuminati » (amalgamée avec celle de la franc-maçonnerie pour alimenter la haine) pour faire le buzz autour d’eux. Dans leur pays, le conspirationnisme étant clairement revendiqué par la droite conservatrice radicale, il est plus facile de détecter l’origine de la paranoïa. Par exemple Alex Jones, figure la plus importante du conspirationnisme aux USA (dont les théories alimentent après traduction la sphère francophone) se revendique être un conservateur, anti-progressiste et militant de la Tea Party.
Bien-sur, la personne « lambda » qui croit à ces théories est souvent bien loin de s’imaginer les fondements de ces idées et ne ressemble en rien à ces caricatures. Mais comment ouvrir le débat sur une éventuelle manipulation d’opinion sans levée de boucliers de type : « tu as été acheté par l’élite ! » ou « tu es un infiltré qui collabore avec le mal ! » ou encore « le complot est avéré, réveille ton esprit » ?
Un épouvantail pour orienter l’indignation
A force d’arguments, de faits historiques, de liens avérés entre les théories de la conspiration et des pans du fascisme, ce document invite le lecteur à comprendre et accepter les différents niveaux du contrôle de la pensée. On y découvre ainsi que le conspirationnisme est un triple pain béni pour ceux qui ne veulent pas d’un changement de société. Non seulement il rend l’individu dans l’incapacité d’agir face à un ennemi invisible, symbolique et donc immortel, mais en plus, il apparait comme un bouillon de culture des extrêmes que des idéologues de la droite réactionnaire et conservatrice récupèrent à leur profit politique. Enfin, le simple fait d’encourager la pensée conspirationniste (en particulier autour du délire illuminati) décrédibilise, par assimilation abusive, les individus et penseurs sérieux qui sont dans une logique de lutte rationnelle contre le système. Ainsi, les médias et autres éditorialistes à la solde de la pensée dominante peuvent balayer de la main des idées progressistes, révolutionnaires ou profondément critiques des institutions capitalistes (par exemple) en catégorisant l’opposant de conspirationniste, comme cela arrive de plus en plus souvent.
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Pourtant, les manipulations médiatiques, politiques ou industrielles sont de l’ordre des faits, pas de la conspiration. Il est ainsi bien plus constructif de lutter contre le lobbying, les multinationales, la finance, la corruption ou le capitalisme de connivences à travers des associations et des collectifs sérieux, que de reléguer ces problèmes réels à un épouvantail invisible. Marquer la différence et lutter contre le conspirationnisme apparait donc aussi important qu’une lutte pour un média libre.
Ce document (format PDF) qui invite à la réflexion et à l’introspection fait la lumière sur cette funeste supercherie, et propose de nécessaires arguments à sa réfutation afin de garder l’esprit clair sur les véritables problèmes de société."

Et, lorsque, je me réincarnerai, j'espère que cela pas en France et dans la peau d'un animal.

(source : idem)

24 janvier 2015 / Catégories: Articles / Tags:  / Réclamations et signalements
La France recule : « les animaux ne seront pas des êtres sensibles »
Alors que les députés avaient reconnu aux animaux la qualité « d’êtres vivants doués de sensibilité » en octobre 2014, le Sénat vient de retoquer la disposition jeudi dernier. Une décision surprenante qui choque beaucoup de monde, même en dehors de la cause animale. Depuis 2 ans en effet, de très nombreuses personnes, citoyens, écrivains, scientifiques, philosophes, élus, militants associatifs s’étaient mobilisés pour faire évoluer le statut juridique des animaux. 90% des français n’ont pas été entendus.
Le Sénat a donc supprimé la qualité « d’êtres vivants doués de sensibilité » accordée aux animaux par l’Assemblée nationale. Dans le Code civil, les animaux sont encore considérés comme des « biens meubles » au même titre qu’une chaise ou une télévision (contrairement aux Codes pénal et rural), un statut que de nombreuses associations, écrivains, scientifiques, élus ou simples propriétaires d’animaux souhaitent voir changer en faveur d’une meilleure reconnaissance.
Fin 2013, la Fondation 30 Millions d’Amis avait lancé un manifeste et une pétition signée par plus de 770 000 personnes pour demander un nouveau statut juridique de l’animal. De nombreuses personnalités avaient témoigné leur soutien, et selon un sondage réalisé par l’IFOP, 9 français sur 10 se disent favorables à cette évolution du droit.
Thani Mohamed Soilihi, sénateur PS, se  justifie ainsi : « la loi n’a pas à dire ce qui est vrai ou faux, elle doit dire ce qui est juste ou injuste, autorisé ou interdit ». Son confrère de l’UMP, Jean-Jacques Hyest, estime lui que« Tout cela est bien sympathique. L’animal est considéré comme un bien par le code civil parce qu’on peut le louer ou l’acheter. D’autres textes dans d’autres codes ont déjà établi que l’animal est un être sensible. Réfléchir au droit de l’animal aurait nécessité un autre débat ».
Pourtant, ce changement de statut était surtout symbolique et éthique et aurait eu peu d’impacts pratiques. Visiblement, pour les sénateurs français, connus pour être souvent assez conservateurs, c’était de trop.
Dans le reste du monde, la situation évolue peu. Notons cependant qu’en 2013, l’Inde a reconnu les dauphins comme étant des personnes non-humaines jouissant donc de droits. Fin 2014 l’argentine donnait des droits à une femelle orang-outan qui sera libérée d’un zoo. Ces faits restent rares et localisés.
Pour la France, il reviendra à l’Assemblée de se prononcer en dernier ressort sur l’ensemble du texte."

Et, quand les coquins se protègent.

(source : Observatoire des multinationales)


Secret des affaires : les entreprises mises à l’abri du regard démocratique

 PAR OLIVIER PETITJEAN

La protection du « secret des affaires » est une revendication ancienne des dirigeants économiques français. Comme beaucoup d’autres ces temps-ci, cette vieille lune patronale est en passe d’acquérir force de loi. La commission spéciale du Parlement chargée d’examiner la loi Macron sur la croissance, l’activité et l’égalité des chances a en effet décidé d’y intégrer des dispositions visant à protéger les informations jugées sensibles par les entreprises, avec des sanctions pénales très dures à la clé. Une menace directe pour les lanceurs d’alerte et les journalistes d’investigation, et une nouvelle régression en matière de droit à l’information et de contrôle démocratique des pouvoirs économiques.
Sous couvert de mieux protéger les entreprises françaises contre l’espionnage industriel, il s’agit en fait d’un renforcement considérable du droit des entreprises à verrouiller toute information sur leurs activités, ainsi que de l’arsenal juridique destiné à dissuader les regards trop curieux [1]. Selon les dispositions votées par les députés, quiconque prendra connaissance ou divulguera une information protégée sera désormais puni - en complément des éventuels dommages et intérêts à verser au titre de sa responsabilité civile - d’une peine allant jusqu’à 3 ans de prison et de 375 000 euros d’amende [2]. La notion d’information protégée est définie de manière extrêmement large ; les entreprises auront en fait liberté quasi totale de décider quelles informations elles considèrent comme « stratégiques ».
Alors que la faiblesse du contrôle démocratique sur les pouvoirs économiques est déjà patente, quel que soit le domaine considéré (fiscalité, lobbying et conflits d’intérêt, responsabilité juridique, application du droit du travail...), les députés français ont donc choisi d’entraver encore davantage la capacité de contrôle et d’alerte des citoyens, des salariés et de la société civile. Déjà, la condamnation du média marseillais TourMag, au début de l’année 2014, pour avoir révélé un projet de plan social chez l’opérateur TUI [3] laissait présager d’un monde où nous ne saurons plus sur les entreprises que ce que ces dernières auront décidé de nous faire savoir.

Les socialistes convertis à l’intelligence économique

Le « secret des affaires » est l’un des chevaux de bataille des champions de « l’intelligence économique », une nébuleuse de chercheurs, d’acteurs économiques, de consultants et de fonctionnaires dont l’un des principaux personnages est l’ancien député UMP Bernard Carayon, chantre du patriotisme économique, auteur en 2003 d’un rapport parlementaire sur le sujet. Leurs arguments qui ont peu à peu pénétré les plus hautes sphères de l’État, jusqu’à la création en 2009 d’une Délégation interministérielle à l’intelligence économique, laquelle se revendique encore aujourd’huide Bernard Carayon comme de l’un de ses pères fondateurs. Celle-ci propose sur son site internet la définition suivante de l’intelligence économique : « L’intelligence économique (IE) est un mode de gouvernance fondé sur la maîtrise et l’exploitation de l’information stratégique pour créer de la valeur durable dans une organisation. Elle se décline en veille/anticipation, maîtrise des risques (sécurité économique) et action proactive sur l’environnement (influence). »
Malgré l’inclusion un peu forcée de l’adjectif « durable », on voit que toute considération relative à l’éthique, à l’intérêt général, aux droits ou à l’environnement est absente de cette vision du monde. Aucun moyen de distinguer entre le travail des journalistes et le lancement d’alerte d’un côté, et l’espionnage industriel de l’autre. C’est pourtant cette même vision du monde que l’on retrouve aujourd’hui portée par les députés socialistes et les hauts fonctionnaires. Publié en décembre dernier, le premier rapport annuel de la Délégation parlementaire au renseignement, présidée par le député socialiste Jean-Jacques Urvoas, accordait une large place au renseignement économique, reprenant les arguments ressassés depuis plus de dix ans par le lobby de l’intelligence économique.

Lanceurs d’alerte et journalistes d’investigation sous la menace

Bernard Carayon avait déposé en janvier 2012 un premier projet de loi sur la protection du secret des affaires, lequel avait tourné court du fait de l’alternance politique. Les députés socialistes se targuent aujourd’hui d’en avoir quelque peu atténué les dispositions. Les lanceurs d’alerte en matière de santé et d’environnement, et ceux qui dénonceraient une infraction, seront protégés contre des poursuites éventuelles pour atteinte au secret des affaires. De même, le secret des affaires ne sera pas opposable aux journalistes dans le cadre de procédures pour diffamation.
Mais ces garde-fous paraissent bien maigres. La loi ne dit rien sur la protection des sources des journalistes ; elle ne dit rien sur les alertes dénonçant des manquements éthiques plutôt que des infractions proprement dites (comme c’est le cas des arrangements fiscaux du Luxembourg avec les multinationales, les fameux « LuxLeaks »). Elle ne protège les journalistes de poursuites qu’au prix d’introduire la notion de secret des affaires dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Au final, le message est clair : le secret des affaires est sacralisé, et ce sont les journalistes d’investigation économique et les lanceurs d’alerte qui devront se justifier d’exister.
Si les risques de la loi Macron pour le droit à l’information et la démocratie économique sont clairs, ce qui l’est beaucoup moins, c’est l’utilité réelle de ces nouvelles dispositions. Les services de renseignement français avancent certes le chiffre de quelques centaines d’« ingérences » par an dont seraient victimes les entreprises nationales, mais la définition de ces ingérences est tellement élastique qu’il paraît difficile d’évaluer leur impact réel, et dans quelle mesure les nouvelles dispositions de la loi Macron pourraient y changer quelque chose. Comme le notait Mediapart à l’époque du premier projet de loi de Bernard Carayon, « en l’absence de statistiques fiables, la discussion parlementaire en est toujours revenue aux deux mêmes exemples : une affaire d’espionnage chez l’équipementier automobile Valeo et un vol de documents et de données chez Michelin, l’un et l’autre remontant à plusieurs années ». Surprise, surprise : c’est à nouveau l’exemple de Michelin qui est évoqué cette année. Et quoiqu’en disent les thuriféraires de l’intelligence économique, il existe déjà tout un arsenal de lois - sur la propriété intellectuelle, les contrats, l’abus de confiance, etc. - pour protéger les entreprises.

La législation française alignée sur celle des paradis fiscaux ?

Le partisans du durcissement de la protection du secret des affaires expliquent que la notion n’est pas suffisamment bien définie dans le droit français actuel, ce qui rend les poursuites plus compliquées que dans d’autres pays, comme les États-Unis. Mais il y a lieu de se demander s’ils ne tirent pas leur véritable inspiration ailleurs. C’est plutôt dans les paradis fiscaux que le secret des affaires est ainsi sacralisé, et que l’on déploie l’artillerie lourde pour dissuader ceux qui se sentiraient une vocation de lanceur d’alerte. « Au Luxembourg et ailleurs, le secret des affaires est utilisé pour faire taire, il faut donc faire très attention »avertit William Bourdon, avocat et fondateur de l’association Sherpa au Monde. On en a encore eu l’exemple récemment avec les poursuites initiées au Luxembourg contre Antoine Deltour, à l’origine des « LuxLeaks » (lire ici).
Et le parallèle avec les paradis fiscaux ne s’arrête pas là : dans le cadre de leurs délibérations sur le secret des affaires, les députés ont également voté un amendement présenté par la députée socialiste Bernadette Laclais, contre l’avis du gouvernement et du rapporteur, ouvrant la possibilité pour les entreprises, « quelles que soient leur forme, leur activité et leur importance », de demander à ne pas rendre publics leurs comptes annuels, sur simple déclaration. Ces comptes annuels seraient accessible uniquement aux autorités judiciaires et administratives, mais « la publicité de ces informations auprès des tiers restera de la décision de la société elle-même ». Parmi ces tiers, il faut compter les actionnaires, les salariés, les journalistes, et la société civile en général.
Argument invoqué : une telle publication pourrait nuire à leur compétitivité, « ces contraintes de publications n’existant pas dans de nombreux pays », ce qui serait de nature à créer « des situations de concurrence déloyale ». En réalité, la publicité des comptes existe dans la plupart des pays, si ce n’est précisément dans les paradis fiscaux et autres « juridictions secrètes ».
À l’heure où de nombreuses institutions internationales et la société civile poussent pour obtenir davantage de transparence financière de la part des entreprises afin de lutter contre la corruption et l’évasion fiscale (lire notre article), les députés et le gouvernement français nagent résolument à contre-courant.
Olivier Petitjean

Photo : Matthias Ripp CC

[1Sur le projet de loi initial, voir les explications de Mediapart, qui valent encore pour la loi Macron dans la mesure où celle-ci en reprend la plupart des éléments.
[2Cette peine sera portée à 7 ans de prison et 750 000 euros d’amende si cette divulgation porte atteinte aux intérêts stratégiques de la France, ce dont ne manqueront pas de se réjouir des entreprises comme Areva ou EDF.
[3Lire sur cette affaire le communiqué du Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne.


Et, que se passe-t-il en Ukraine ?

(source : Novorossia)


bbbb

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