dimanche 28 avril 2019

De nuit, les tondeuses robots déciment les hérissons (Suisse)

Les animaux blessés lors des travaux de jardinage s’accumulent au centre de soins Erminea, à Chavornay (VD). Et cela ne fait que commencer.

Antoine Hürlimann source : La Tribune de GenèveABO+

«En l’espace de quelques semaines, on nous a déjà amené une dizaine de hérissons gravement blessés par des outils de jardinage, soupire Tatiana Tarchini, responsable du secteur consacré à ces petits mammifères insectivores au centre de soins de la faune Erminea, à Chavornay, dans le nord du canton de Vaud. Environ trois quarts décèdent malgré nos tentatives pour les remettre sur pattes.»
Au total, le centre a recueilli 24 hérissons depuis le début de l’année. Et les arrivées des bébêtes vont s’intensifier avec les beaux jours. «C’est de saison, les travaux de jardinage commencent, poursuit la bénévole, qui est spécialiste en assurances sociales à la ville. On remarque très clairement un pic de hérissons mutilés au printemps à cause des débroussailleuses, notamment. Chaque année, il est de plus en plus marqué. Nous sommes en plein dedans.»
Vendredi matin, deux petits patients à piquants mal en point sont auscultés par Tatiana Tarchini. «Un a été quasi scalpé et l’autre a la mâchoire fracturée, décrit la bénévole, tout en plongeant sous narcose le second. On va regarder sa bouche et voir si l’opération qu’il a subie porte ses fruits.»
Les manipulations ne durent que quelques minutes à peine. «On essaie de les toucher le moins possible, explique Laélia Maumary, présidente et fondatrice d’Erminea. Nous ne voulons pas qu’ils s’habituent à la captivité. Notre but est de les relâcher rapidement, quand nous le pouvons, pour qu’ils continuent de se méfier des humains.»
Avec l'ouverture de la saison du jardinage, de nombreux hérissons sont fauchés et blessés par des débroussailleuses. Photos: Dom Smaz
Ces deux érinacéidés, baptisés Paquita et Arsène, sont des survivants. «Ils font partie des rares dont on pense qu’ils vont s’en sortir, sourit la responsable de secteur. Mais la partie n’est pas encore gagnée. Même une fois physiquement guéris, les hérissons souffrent d’une sorte de stress post-traumatique. Ils deviennent très craintifs et certains cessent même de s’alimenter.»
Le jardin idéal pour les hérissons
Parallèlement aux soins dispensés aux animaux sauvages, le centre Erminea essaie de faire de la prévention auprès des particuliers. «On explique à quoi ressemble le jardin idéal pour les hérissons, confie Tatiana Tarchini. Le mieux c’est d’avoir des haies, des herbes hautes, un point d’eau, un trou dans les clôtures pour qu’ils puissent circuler et le plus possible de feuilles mortes.»
De quoi donner une apparence négligée à sa propriété? «Les gens ont des comportements paradoxaux, rétorque la bénévole. Ils ramassent toutes les feuilles mortes et vont ensuite acheter du compost. Laissez-les! Elles sont parfaites pour toutes les plantations et fournissent gîte et nourriture aux bêtes.»
Par ailleurs, un simple coup d’œil avant de passer la tondeuse peut suffire à éviter le pire. «La journée, les hérissons dorment et se trouvent essentiellement en zone résidentielle, assure Tatiana Tarchini. Avant de se lancer dans les travaux de désherbage ou de taille des buissons et autres plantes, il faut vérifier qu’il n’y a pas de nid légèrement dissimulé par la broussaille. Ils sont visibles et très facilement identifiables.»
En outre, la bénévole met l’accent sur les machines automatiques. «Certains lancent leur tondeuse robot durant la nuit, vitupère la cheffe de secteur. C’est le pire moment pour le faire! Les hérissons sont à la recherche de nourriture et crapahutent jusqu’à 5 kilomètres par nuit. C’est l’accident assuré dans les jardins.»
Pour amener un animal blessé au centre, rendez-vous sur: erminea.org (Le Matin Dimanche)
Créé: 27.04.2019, 22h51

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