jeudi 30 août 2018


Penzance, la première ville britannique à bannir le plastique ! (Angleterre)
source : La Relève et la Peste
« Il y avait des bouteilles en plastique, des bâtons de cocktail, des couvercles de tasses à café, des rasoirs, des brosses à dents ... Je n'avais jamais rien vu de tel et quelque chose en moi s'est enclenché. »

22 août 2018 - Laurie Debove



Toute une ville qui se mobilise pour supprimer le plastique de son quotidien ? C’est possible, et Penzance le fait ! En décembre dernier, cette petite ville balnéaire des Cornouailles a été la toute première à obtenir le label de « ville sans plastique », lançant un mouvement national : 330 autres villes anglaises veulent atteindre cet objectif !

Une tempête comme prise de conscience
Penzance est une station balnéaire de 21 200 habitants située dans la plus grande baie des Cornouailles : Mount’s Bay. En février 2014, de violentes tempêtes ont ravagé la côte sud-ouest des Cornouailles, rejetant sur les plages d’innombrables quantités de déchets générés par les hommes. Pour les habitants de Penzance, c’est le choc.

« Il y avait des bouteilles en plastique, des bâtons de cocktail, des couvercles de tasses à café, des rasoirs, des brosses à dents … Je n’avais jamais rien vu de tel et quelque chose en moi s’est enclenché. », rapporte à The Guardian une des bénévoles ayant nettoyé les plages, Rachel Yates.

Le Centre National d’Analyse et de Synthèse Ecologiques en Californie et l’Université de Géorgie ont ainsi estimé que plus de 8 millions de tonnes de plastique sont déversés dans les océans chaque année ! L’an dernier, the Marine Conservation Society a organisé une immense opération de nettoyage sur 300 plages du Royaume-Uni. Les bénévoles ont récolté en moyenne 718 débris en plastique tous les 100 mètres de littoral ! S’il est fastidieux, mais réalisable, de nettoyer les plages en ramassant les déchets rapportés par les courants, le plastique inflige des dommages irréparables à la faune et flore maritime, empoisonnant la chaîne alimentaire et asphyxiant les océans.

Un label « plastic free » par Surfers Against Seawage
Après la tempête et ses révélations, de nombreux habitants de Penzance se sont donc mobilisés pour bannir le plastique de leur ville. Certains d’entre eux, comme Rachel Yates, ont décidé de rejoindre l’association « Surfers against Seawage » (SAS – Surfers contre la pollution maritime) pour mettre en place son plan d’action dans la ville de Penzance. SAS est spécialisée dans la protection de la vie marine. Parmi ses objectifs, l’association souhaite créer un réseau de 125 villes zéro plastique d’ici 2020.

Plage de la baie de Penzance / Crédit Photo : Antoine Lorgnier / Only World / Only France
Pour être labellisée, une ville doit soutenir la campagne, encourager les entreprises à bannir le plastique à usage unique, faire de l’éducation dans les écoles et auprès des jeunes, organiser des événement de nettoyage des déchets, et créer un comité de suivi du plan d’action zéro plastique.
Après des mois de mobilisation citoyenne et locale, Penzance a réussi à obtenir ce fameux label en décembre 2017, suite à une résolution du conseil municipal de soutenir les efforts pour avoir des plages sans plastique.

Les bonnes pratiques de Penzance
SAS a ainsi aidé treize entreprises à changer leurs pratiques pour ne plus utiliser de plastique à usage unique notamment les pailles, les bouteilles, les emballages, les boîtes à emporter, les cotons tiges, le film alimentaire et les couverts jetables. Aujourd’hui, plus de 70 entreprises et commerces se sont lancés dans la démarche. La plupart des cafés de la ville incitent leurs clients à apporter leur propre tasse ou proposent des mugs de café en amidon de maïs. La majorité des bars et restaurants ont banni l’usage de sacs et pailles en plastique. D’autres demandent à leurs fournisseurs de ne plus emballer fruits et légumes dans du plastique.

Les alternatives au tout-jetable coûtant parfois plus cher pour les commerces que le plastique à usage unique, la commission zéro plastique se bat maintenant pour rétablir l’équilibre afin de convaincre les derniers récalcitrants. « Nous n’avons pas tout changé du jour au lendemain, et ce n’est pas possible, cette démarche prend du temps », a ainsi confié à The Guardian la gérante d’un magasin de produits de beauté, Emily Kavanaugh.Membre du comité zéro plastique de la ville, elle agit pour que la pression des consommateurs influence toute la chaîne alimentaire à adopter de bonnes pratiques en unissant leurs forces. Elle essaye ainsi de convaincre 32 magasins vendant du café à acheter ensemble des alternatives aux tasses en plastique afin que cela leur revienne moins cher.
Penzance a fait des émules. Depuis, 29 autres villes ont obtenu le label « zéro plastique » et plus de 330 autres communes se sont lancées dans la démarche. Rachel Yates précise : « Rome ne s’est pas construite en un jour, nous y allons étape par étape pour débarrasser les villes du plastique jetable. Nous souhaitons bâtir les fondations d’un futur durable ».

22 août 2018 - Laurie Debove

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