lundi 25 septembre 2017

(Tiens, en Algérie, ils font comme la BCE, la banque centrale européenne avec les banques, mais, eux, c'est avec les entreprises publics en faillite. Par contre, ils savent pertinemment que ça ne marchera pas, alors que la BCE donne de l'argent public pour que les banques puissent continuer à spéculer et nourrir le système qui autrement s'écroulerait. note de rené)


La planche à billets au service d’entreprises publiques en faillite

Une part importante de la monnaie sera injectée en pure perte

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le 25.09.17 | 12h00 Réagissez

Pour maintenir la paix sociale jusqu’au scrutin d’avril 2019, Ahmed Ouyahia sera bien obligé de consacrer une part non négligeable de l’argent tiré de la planche à billets au renflouement d’au minimum 1000 entreprises publiques en situation de faillite et, de surcroît, irrémédiablement déstructurées.
 

Il leur faudrait injecter immédiatement, au bas mot, entre 500 et 550 milliards de dinars pour qu’elles puissent payer les salaires et les cotisations sociales de leurs employés, s’offrir un minimum d’approvisionnements pour réamorcer convenablement leurs activités et entretenir leurs équipements. Le nombre d’entreprises publiques qui ne parviennent pas à régler depuis plusieurs mois les salaires de travailleurs généralement pléthoriques et peu rentables sont en effet de plus en plus nombreuses et l’effet boule de neige commence même à être observé dans le milieu des entreprises publiques de production et de services.
Ce sont autant de travailleurs mécontents qui risquent d’embraser très prochainement le front social, stimulés en cela par le climat politique délétère provoqué par les propos arrogants du Premier ministre envers les partis politiques, les intellectuels et tout ceux qui lui ont fait l’affront de critiquer son plan d’action et, notamment, le recours à la planche à billets pour financer les déficits budgétaires et les distributions irraisonnables de rentes pour fidéliser les clientèles du pouvoir.
En homme avisé qui a déjà appliqué avec zèle les ajustements structurels dictés par le FMI en 1996, Ahmed Ouyahia sait pourtant pertinemment que les entreprises publiques économiques, tout comme les sociétés privées sont faites pour créer de la richesse des emplois et non pas pour appauvrir le pays au moyen de leurs déficits quasi permanents. Il sait pertinemment que cet énième assainissement financier du secteur public marchand constitue une perte de temps et d’argent, car la cause de sa défaillance se trouve précisément dans son mode de gestion bureaucratique et rentier qu’il ne pourra jamais changer. Une faillite dûment constatée par le commissaire aux comptes doit obligatoirement entraîner la dissolution de l’entreprise en question et ce qui reste de ses actifs immédiatement mis en vente pour payer les créanciers qui, à défaut, risqueraient d’être à leur tour entraînés dans la spirale des déficits.
Ces ventes d’actifs auront l’avantage de permettre de créer sur des bases saines de nouvelles entreprises. On pourrait prendre l’exemple d’une personne qui achèterait d’une entreprise en faillite un engin qui lui permettrait de créer immédiatement une petite entreprise de travaux publics qui prendra de l’ampleur au gré du temps.
Son expérience avec le FMI l’avait pourtant convaincu que l’argent économiquement sain existe à profusion dans la privatisation de ce millier d’entreprises publiques insolvables et impossibles à remettre sur rails tant leur management, généralement confié à des gestionnaires incompétents et, de surcroît, bridés par les injonctions ministérielles, est impuissant face à l’ampleur de la tâche. La privatisation, ne serait-ce que de la moitié, de ce millier de canards boiteux pourrait rapporter à l’Etat au minimum 1000 milliards de dinars selon des estimations qui restent toutefois à ajuster à la hausse ou à la baisse, mais la manne financière est à l’évidence colossale.
Elle est non seulement colossale mais, de plus, elle arrive à point nommé au moment où le déclin des recettes d’hydrocarbures couplé au caractère dépensier de l’Etat risque d’entraîner le pays vers l’abîme. Mais pour ce faire, il faudrait qu’il y ait une réelle volonté politique fondamentalement centrée sur l’intérêt supérieur de la nation et, non pas cette vision à courte vue que propose Ouyahia qui reprend pour la quatrième fois le poste de Premier ministre. Une vision à courte vue qui n’a pour ligne de mire que le maintien de la paix sociale, l’objectif étant la survivance à l’aune du scrutin de 2019, du système politique actuel, avec ou sans Bouteflika. L’important étant de préserver coûte que coûte les intérêts personnels et claniques des éléments qui structurent ce système.

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