lundi 20 février 2017

La «privatisation» des radars embarqués va-t-elle entraîner une pluie de PV ? (France)
source : 20 minutes

SECURITE ROUTIERE L'association 40 millions d'automobilistes a appelé ce lundi les conducteurs à se rebeller contre cette mesure...



Blagnac, le 11 juin 2013. Les voitures avec radar embarqué.
Blagnac, le 11 juin 2013. Les voitures avec radar embarqué. - Fred.Scheiber

Ils sont déjà redoutés par les automobilistes, mais le seront encore plus dans six mois. Les radars embarqués, placés à bord d’une voiture, flashent les véhicules en excès de vitesse et ce dans les deux sens de circulation. Aujourd’hui pilotés par les forces de l’ordre, ils le seront par des prestataires privés à partir de septembre prochain. Ce qu’ a dénoncé ce lundi l’association 40 millions d’automobilistes20 minutes décrypte les conséquences que pourrait avoir cette mesure.

Les radars embarqués vont-ils être beaucoup plus utilisés ?

Oui, incontestablement. Actuellement, les radars embarqués servent trop peu alors qu’ils coûtent cher (70.000 euros à l’achat et 18.000 euros d’entretien annuel). « Ils sont en moyenne utilisés une heure par jour et mobilisent deux policiers ou gendarmes à chaque fois », explique à 20 Minutes, Emmanuel Barbe, délégué général à la sécurité routière. D’où la volonté des autorités de rentabiliser ces voitures, en les faisant tourner 8 heures par jour à partir de septembre 2017 et de décharger les forces de l’ordre de cela.
Une expérimentation de cette privatisation des radars embarqués sera donc lancée à la rentrée en Normandie « avant d’être généralisée à toutes les régions d’ici à la fin 2018 », précise Emmanuel Barbe. Au total, la flotte des voitures équipées de ces radars embarqués sera de 440 véhicules, « mais seulement 380 d’entre elles circuleront chaque jour sur les routes », précise Emmanuel Barbe.



🇫🇷 Bruno Le Roux annonce que des sociétés privées seront amenées à patrouiller avec des radars embarqués. Un appel d'offre lancé. (LCI)

Sur quelles routes seront-ils utilisés ?

« Principalement sur le réseau secondaire (routes nationales et départementales bidirectionnelles) qui est le plus accidentogène », indique Emmanuel Barbe. « Ce seront les préfets de départements qui détermineront sur quelles routes seront envoyés les véhicules munis des radars embarqués », précise à 20 Minutes Christophe Ramond, directeur des études à l’association Prévention routière.

Quels excès de vitesse seront sanctionnés ?

« Les véhicules équipés de radars embarqués ne sanctionnent que les excès de vitesse importants, pas des moments de distraction. D’ailleurs, 90 % des véhicules flashés par ce biais sont des voitures puissantes », explique Emmanuel Barbe. « La marge d’erreur est forcément plus importante que pour un radar fixe, puisque le véhicule se déplace lui-même », prévoit Christophe Ramond. Du coup, sur l’autoroute (limitée 130km/h), seront flashés les véhicules circulant au-delà de 143 km/h»,  précise le délégué interministériel à la sécurité routière. Et sur le réseau secondaire (routes nationales ou départementales limitées à 90 km/h), seront flashés les véhicules dépassant les 101-102 km/h.
Faut-il s’attendre à une explosion du nombre de PV ?
« Le nombre de PV va forcément augmenter au début, avant de redescendre une fois que les automobilistes auront pris conscience qu’ils seront davantage contrôlés », estime Emmanuel Barbe, qui avance le chiffre de 6 millions de PV potentiels à la fin 2018 dus aux radars embarqués, contre 1,5 million aujourd’hui.
Une prévision que conteste l’association 40 millions d’automobilistes qui table sur 12 millions de PV potentiels par an et pense que la privatisation des radars embarqués rapportera ainsi2,2 milliards d’euros par an de recettes à l’Etat. Elle a d’ailleurs lancé une pétition pour dénoncer la « privatisation » des voitures-radars, qui a réuni 300.000 signatures. « Ce chiffre avancé par 40 millions d’automobilistes me semble étonnant car tous les petits excès de vitesse ne seront pas sanctionnés », avance quant à lui Christophe Ramond. « Les sociétés privées ne seront pas rétribuées en fonction du nombre de PV émis », ajoute Emmanuel Barbe. « Par ailleurs, l’an dernier l’Etat a dépensé 3,4 milliards d’euros pour la Sécurité routière alors que l’ensemble des radars n’ont rapporté que 920 millions d’euros », renchérit-il.

Les automobilistes pourront-ils les détecter ?

Les véhicules équipés de radars embarqués sont des voitures banalisées, a priori indétectables donc, même si l’appareil photo qui flashe dépasse du tableau de bord du véhicule. « Environ cinq modèles de voitures seront utilisés », précise Emmanuel Barbe. « Les automobilistes qui chercheront à identifier les voitures munies de radars embarqués, ne les verront a priori que lorsqu’il sera trop tard », confirme à 20 Minutes Christophe Ramond. Et difficiles pour ceux qui voudraient prévenir d’autres automobilistes de la présence de ces véhicules, de décrire précisément où ils se situeront à un instant T.

Cette mesure va-t-elle inciter les automobilistes à lever le pied ?

« Il n’existe aucune preuve que cette mesure ait un quelconque effet positif sur la sécurité routière », affirme le président de 40 millions d’automobilistes Daniel Quero. Un avis contredit par Christophe Ramond : « le sentiment d’être davantage contrôlé a toujours eu un impact sur les comportements routiers. Ce sera forcément dissuasif », affirme-t-il.
MOTS-CLÉS :


(La dénonciation du citoyen contre le citoyen, il fait le boulot de flicage en accentuant la surveillance au nom de l'intérêt du citoyen qui est posé là pour mieux menotter ce qu'il lui reste de liberté, sa liberté de se déplacer. note de rené)

Aucun commentaire: