samedi 30 juillet 2016

Qui est Jiraïr Sefilian, le Libanais au centre de l’actualité en Arménie ?


source : L'Orient le Jour
PORTRAIT
Les partisans de cette figure de l'opposition arménienne occupent depuis le 17 juillet le commissariat d'Erevan.
Nour BRAIDY | OLJ
30/07/2016
Cela fait plus de 10 jours que le commissariat d'Erevan est occupé par un groupe lourdement armé lié à un homme politique d'opposition emprisonné depuis juin. Il s'agit du Libanais Jiraïr Sefilian, féroce critique du gouvernement arménien et meneur du Front de salut public de la nouvelle Arménie. Ses partisans réclament sa libération ainsi que la démission du président Serge Sarkissian.
Ces hommes armés avaient fait irruption dans un bâtiment des forces de l'ordre le 17 juillet, tuant un policier et prenant plusieurs personnes en otage. Ils avaient à l'origine capturé huit personnes avant d'en libérer quatre les jours suivants et les quatre dernières samedi dernier. Mais dans le commissariat d'Erevan, la situation ne semble pas près de se calmer. Depuis mercredi, deux médecins et une infirmière y sont retenus en otage. Ils avaient été capturés après être entrés dans le commissariat pour soigner deux partisans de Jiraïr Sefilian blessés dans une fusillade avec la police deux jours plus tôt. Mercredi aussi, quatre membres de ce groupe armé et un policier ont été blessés lors d'une fusillade dans le commissariat.
Qui est Jiraïr Sefilian, ce Libanais devenu une figure de l'opposition en Arménie ? Son frère, Toros Sefilian, qui vit toujours à Beyrouth, répond aux questions de L'Orient-Le Jour.
« Jiraïr Sefilian est né à Beyrouth en 1967, il détient uniquement le passeport libanais, explique Toros Sefilian. Ses demandes pour obtenir la citoyenneté arménienne ont toutes été refusées sans aucune explication ». Suite au décès de son père, il s'est retrouvé obligé d'arrêter ses études pour travailler d'abord en tant que mécanicien, ensuite dans une entreprise de textile.
Au milieu de l'année 1990, Jiraïr Sefilian a quitté le Liban et s'est rendu en Arménie pour prendre part à la guerre contre l'Azerbaïdjan pour le contrôle de la région disputée du Nagorny-Karabakh. Avant son déménagement en Arménie, « à la fin des années 80, en pleine guerre civile, Jiraïr participait activement aux patrouilles qui gardaient les quartiers arméniens à Beyrouth et à Bourj Hammoud. Mais il n'a pas pris part aux combats pour respecter la volonté du parti Tachnag dont il était membre », raconte Toros Sefilian.

Arrêté à plusieurs reprises
Jusqu'en 1999, Jiraïr Sefilian était un officier supérieur de l'armée du Nagorny-Karabakh. Il servait comme commandant de la sixième brigade de défense. « Il a d'abord participé à la guerre en tant que volontaire puis, en 1991, il a été désigné commandant de la brigade des volontaires du parti arménien Tachnag, raconte son frère. Il a participé à presque toutes les opérations militaires majeures, dont la libération de la ville de Shoushi. Il a reçu plusieurs médailles pour son service, notamment la plus haute médaille réservée aux militaires en Arménie. »
Et Toros Sefilian de poursuivre : « En 1999, mon frère a quitté l'armée et a formé quelques années plus tard un comité pour défendre les régions libérées contre les tentatives de les rétrocéder à l'Azerbaïdjan en vertu des plans internationaux. Il a ensuite formé un front populaire pour faire face aux politiques économiques et sociales des autorités arméniennes durant les mandats des présidents Robert Kocharian et Serge Sarkissian. »
Arrêté depuis juin pour détention d'armes, l'opposant est accusé d'avoir voulu occuper des bâtiments gouvernementaux et des centres de télécommunication à Erevan.
Il avait déjà été arrêté en 2006 et emprisonné pendant 18 mois après avoir appelé à « renverser le gouvernement par la violence ». « C'était durant le mandat du président Kocharian, raconte son frère. Il avait alors déclaré au cours d'une conférence de presse qu'il briserait les têtes de ceux qui essaieraient de rendre les territoires libérés à l'Azerbaïdjan. »
Jiraïr Sefilian avait aussi été brièvement emprisonné pour tentative de coup d'État en avril 2015 avant d'être libéré. Il avait été accusé d'avoir planifié « des émeutes à l'occasion des cérémonies de la 100e commémoration du génocide arménien », précise son frère. « Ils ont été obligés de le relâcher deux mois plus tard pour manque de preuves ».
Marié à Nanor Parseghian, une employée de l'ambassade du Liban à Erevan, Jiraïr Sefilian est père de deux enfants de 10 et 22 ans.

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