mercredi 25 mai 2016

Catastrophe de Fukushima : le Japon dissimule les cas de cancer, accuse un professeur (INTERVIEW)

Publié le 2016-05-25 à 14:42 | french.xinhuanet.com


TOKYO, 25 mai (Xinhua) -- Comme lors de la tragédie de Tchernobyl en 1986, une hausse des cas de cancer de la thyroïde chez les enfants a été signalée dans la préfecture de Fukushima (nord-est du Japon), accuse un expert nippon dans un récent entretien accordé à Xinhua, déplorant son silence sur cette situation.
"Le gouvernement japonais n'était absolument pas préparé à cette situation", critique Toshihide Tsuda, professeur d'épidémiologie environnementale à l'Université d'Okayama (sud).
Le taux d'enfants souffrant de cancer de la thyroïde dans la préfecture de Fukushima était de 20 à 50 fois plus élevé que le taux moyen national relevé en 2014, soit trois ans après la catastrophe de mars 2011, rappelle-t-il.
Ce taux risque de s'aggraver avec le temps, si l'on en croit les résultats des recherches de l'expert parus l'an dernier dans l'édition en ligne de la revue de la Société internationale d'épidémiologie environnementale (ISEE). Elles ont pourtant été balayées par les autorités.
Lors de la parution de cette étude, se souvient M. Tsuda, lui et d'autres chercheurs ont appelé le gouvernement à prendre des mesures. Mais non seulement ce dernier ainsi que les autorités régionales n'ont pas répondu, mais d'autres ont exprimé doutes et scepticisme.
Tout en reconnaissant la hausse des cas de cancer de la thyroïde chez les enfants, les autorités de la préfecture de Fukushima ont démenti tout lien avec la catastrophe nucléaire d'il y a cinq ans, attribuant ce pic à un "surdiagnostic" ou à un dépistage renforcé.
Toshihide Tsuda juge toutefois que la magnitude de la prévalence est trop forte pour qu'on l'explique par ces arguments. Des données montrent qu'un dépistage renforcé ne pourrait entraîner que des résultats six à sept fois plus élevés, et non des dizaines de fois comme c'est le cas aujourd'hui.
Le 22 janvier dernier, l'ISEE a adressé un message au gouvernement lui proposant son secours pour mener une enquête détaillée et suivie sur la santé des habitants de Fukushima. Pour seule réponse, le ministère de l'Environnement a fait savoir que "la documentation et le suivi de la santé des habitants" faisaient déjà partie des mesures prises par les autorités locales.
"Le gouvernement n'a pas directement répondu à la proposition de l'ISEE. De fait, il a même choisi de l'ignorer", déplore le Pr Tsuda en appelant de nouveau les autorités à changer d'attitude et à faire face au problème.
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MOSCOU, 24 mai (Xinhua) -- La mauvaise gestion des répercussions de la catastrophe nucléaire de Fukushima par le gouvernement japonais a eu des conséquences graves, et c'est en partie dû au fait que le Japon n'a rien appris de la tragédie de Tchernobyl, selon un expert russe en radiations.

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