dimanche 27 mars 2016

(Concernant les mosquées en Algérie, article de El Watan. note de rené)

Enfin la révolution ?

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le 27.03.16 | 10h00 Réagissez


La mosquée est-elle en train de faire sa mue ? Cette structure longtemps passéiste, si elle n’était franchement hostile à la société, a développé vendredi dernier un discours qui, pour la première fois, est en adéquation avec les réalités sociales et politiques du pays. «L’Algérie, sa culture, l’unité de son peuple et sa jeunesse sont menacées et nous avons tous la responsabilité de faire preuve de vigilance.» C’est en substance le message véhiculé par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, rapporté par notre confrère Liberté et repris dans tous les lieux de culte d’Algérie.
Est-ce le début d’une révolution religieuse ? Jusqu’à ce jour, nos imams, pour la majorité autoproclamés, ont développé des discours souvent réactionnaires, loin de l’islam de l’ouverture, de la modernité. Des discours qui ont contribué à infantiliser les citoyens au point, par exemple, que ces derniers se sont extasiés devant une imposture montée par le FIS lorsqu’il avait fait écrire dans le ciel «Allah» avec un laser. Nos gogos avaient cru sincèrement que Dieu s’était adressé à eux ! Or, à ce moment-là, aucun dignitaire religieux n’avait dénoncé cette fumisterie.
Les imams de l’époque avaient totalement été déviés de leur mission. Soit par conviction, soit par lâcheté, ils n’avaient pas fustigé les massacres commis au nom de la religion par les islamistes de l’AIS et du GIA ; une véritable politique de l’autruche qui a permis au terrorisme de prospérer au nom d’Allah parce qu’il n’avait pas trouvé de contradicteurs parmi les théologiens officiels et officieux.
Il se trouvait même que des apprentis imams justifiaient les assassinats de jeunes filles qui avaient commis le crime de ne pas porter le hidjab, par exemple, ou qui étaient utilisées dans les maquis comme esclaves sexuelles. Personne n’avait osé dire à Abdelhak Layada, à Djamel Zitouni ou à Antar Zouabri qu’ils étaient des ennemis de Dieu et de l'humanité.
Avec l’affaiblissement du terrorisme à la fin des années 1990, les mosquées étaient devenues des lieux de flagornerie et de défense du système comme à la belle époque du parti unique, chantant la gloire du «leader respecté et bien-aimé».
Depuis un certain temps, nos lieux de culte bougent positivement. Ils se rapprochent de plus en plus du citoyen et de ses préoccupations. La présence d’un imposteur comme Ali Benhadj n’est plus acceptée, ce qui laisse supposer que l’islamisme est en train de perdre du terrain. Il faut dire que beaucoup de choses ont changé depuis la nomination de Mohamed Aïssa à la tête du ministère des Affaires religieuses.
Il a cassé nombre de tabous en donnant un coup de pied dans la fourmilière. Pour la première fois, un homme a parlé du véritable islam algérien, «l'islam de Cordoue». Il a dénoncé ce qu’aucun autre homme d’Etat algérien n’avait fait avant lui : les méfaits du wahhabisme sur la société algérienne et la nécessité de le combattre vigoureusement.
L’islam des lumières qu’il prône n’est pas du goût de tout le monde, surtout des Saoudiens qui cherchent à avoir sa tête à tout prix. Il leur fait peur. Est-ce le nouveau Luther ?
Tayeb Belghiche

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