Lors de la réunion du G7 en Bavière, en plus de maintenir le régime des sanctions économiques imposées à la Russie et le déploiement d’armes lourdes à ses frontières, il semble que les États-Unis aient mis à l’ordre du jour la question du retour à la situation qui prévalait durant la guerre froide. Autrement dit, relocaliser les vecteurs nucléaires des américains en Europe.
Pershing Missiles New Ulm 1
L’Associated Press avait alors publié le fragment d’un rapport secret préparé par l’état-major des armées des Etats-Unis, qui examine la possibilité de déplacer les armes nucléaires en Europe, en réponse à une présumée violation par Moscou du Traité sur les forces nucléaires intermédiaires (INF). Sur la base de ce rapport, il semble que le Pentagone propose les mesures suivantes :
  1. Installation de systèmes anti-missiles en Europe pour abattre les missiles balistiques intercontinentaux russes immédiatement après le lancement.
  2. Contrer la possibilité d’une attaque nucléaire par la Russie par des frappes préventives des silos de missiles russes et des rampes mobiles de lancement de missiles utilisant des vecteurs nucléaires. Ce qui signifie le déploiement de missiles américains de courte et moyenne portée et de portée intermédiaire, des bombardiers stratégiques et des missiles de croisière en Asie et en Europe.
Concernant le point 1 les systèmes anti-missiles qui seront déployés en Roumanie et en Pologne ne peuvent intercepter aucun missile balistique intercontinental russe. Pour la bonne raison que les silos de missiles de la partie européenne de la Russie sont hors de leur portée (500 km) et leur trajectoire vers des objectifs du continent américain, au départ de l’est des montagnes de l’Oural, passe au-dessus du pôle Nord.
20150625-TrajectMB
En revanche, les boucliers américains de Roumanie et de Pologne sont de type AEGIS terrestre qui constituent, du point de vue de la Russie, des violations flagrantes des dispositions du Traité des forces nucléaires intermédiaires (INF), signé par les Etats-Unis et l’URSS en 1987, étant donné que les lanceurs VLS Mk-41 en Roumanie et en Pologne contiennent des missiles de croisière à têtes nucléaires, des BGM-109G et des Tomahawk, capables de frapper Moscou. Auparavant, 846 missiles BGM-109G Tomahawk et Pershing 2 avaient été retirés de l’Angleterre, la Belgique, la Hollande, l’Italie, l’Allemagne par les Etats-Unis, en vertu du traité INF. C’est ce qui fait penser aux Russes que le point 1 est une sorte de paravent pour masquer le point 2.
Il existe un point 3, concernant un plan d’action visant à améliorer la capacité nucléaire des États-Unis pour détruire la capacité de représailles nucléaire russe. Mais, là encore, la Russie n’a pas été prise au dépourvu. Elle envisage de déployer des MiG-31, capables d’intercepter aussi bien les missiles balistiques que les missiles de croisière.
On peut donc supposer que les Etats-Unis ont l’intention de déployer des vecteurs d’armes nucléaires avec comme objectif de surprendre la Russie, en la frappant dans des directions où elle ne dispose d’aucun moyen antibalistique ou contre des missiles de croisière. Un éventuel nouvel emplacement devrait être les sultanats salafistes du Golfe. Le Pentagone pourrait déployer des missiles tactiques avec des ogives nucléaires MGM-168 ATacMS (portée de 500 km) dans les pays baltes, la Pologne et la Roumanie. La Pologne a acheté 40 missiles de croisière AMG-158 JASSM qui peuvent être équipés d’ogives nucléaires pour ses avions F-16 bloc 52 et est en pourparlers avec les Américains pour acheter des missiles de croisière Tomahawk.
En Corée du Sud, les États-Unis ont un entrepôt souterrain à Kunsan, où ils ont stocké des ogives nucléaires. De là, les États-Unis pourraient déployer 24 bombardiers nucléaires stratégiques B-52 et B-1, aux côtés des deux B-2 « stealth » existants.
La Grande-Bretagne a approuvé la présence sur son sol de trois bombardiers stratégiques nucléaires américains supplémentaires B-52 et deux B-2 à la base aérienne de Fairford. Les Britanniques étudient la possibilité de déplacer les missiles nucléaires américains de portée intermédiaire sur son territoire.
Traduction Avic – Réseau International