Carte GuangdongLa police chinoise a ouvert le feu lundi soir à Maoming, dans la province du Guangdong, à 350 km au sud-ouest de Canton, sur une manifestation de quelques milliers d’habitants demandant l’arrêt de la construction d’un projet pétrochimique qu’ils estiment être polluant. Des clichés et des vidéos postées sur Internet montrent des manifestants gisant dans des flaques de sang, et des policiers casqués tirant au jugé.
Quatre personnes auraient été abattues par les forces de l’ordre selon des habitants. Ce bilan ne peut toutefois pas être confirmé de manière indépendante. Des barrages auraient été installés ce mardi soir à toutes les entrées de la ville. 
Les policiers chargés de la censure d’Internet ont travaillé d’arrache-pied toute la journée de mardi pour effacer les photos et les messages en provenance de Maoming, au fur et à mesure que ces contenus apparaissaient.
 Et mardi soir, l'accès à Internet a carrément été coupé aux 5 millions d'habitants de la ville. La municipalité de Maoming a accusé les manifestants d’être manipulés par «un groupe de hors-la-loi», et a assuré que «personne n’a été tué». Les autorités se sont toutefois gardées d’évoquer le nombre de personnes blessées, qui se chiffreraient par dizaines.

«LE PARAXYLÈNE EST UN PRODUIT IMPORTANT POUR VIVRE HEUREUX»

La mairie avait décrété la manifestation de lundi «illégale», et au préalable sommé la population à «ne pas donner l’opportunité aux criminels de créer le chaos». Dans le jargon politique chinois, ce genre d’avertissement est une menace. 
La manifestation avait commencé paisiblement. De nombreux enfants faisaient partie du cortège qui demandait aux autorités d’arrêter un projet de construction d’une usine de paraxylène – un produit qui sert entre autres à la fabrication de textiles et de bouteilles en matière plastique. L’usine, une fois bâtie, doit être gérée par le groupe pétrolier d’Etat Sinopec. «Le paraxylène est un produit important pour vivre heureux», lisait-on mardi matin en une du journal local - qui est contrôlé par le gouvernement.

C’est loin d’être la première mobilisation populaire contre la pollution, mais c’est la première fois que la police tire sur ce type de manifestants.


Nous avions publié mardi la photo d’une victime présumée des manifestations de Maoming tirée du site Weibo, le Twitter chinois. De nouvelles informations indiquent que ce cliché n’avait en fait pas de rapport avec les événements de Maoming.
Philippe GRANGEREAU De notre correspondant à Pékin