jeudi 8 août 2013

Ub article intéressant du Nouvel Observateur LE PLUS.

Les dentifrices et gels douche sont des produits chimiques : comment écarter le danger
Publié le 04-04-2013 à 09h13 - Modifié le 04-04-2013 à 11h33

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Réseau Environnement Santé


LE PLUS. Une enquête de l’UFC-Que Choisir révèle que les cosmétiques, du dentifrice Colgate Total au gel douche Nivea Water Lily & Oil, contiennent des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire des substances modifiant notre équilibre hormonal. André Cicolella, spécialiste de l’évaluation des risques sanitaires, se réjouit qu’on parle enfin du triclosan et autres molécules.
Édité par Daphnée Leportois  Auteur parrainé par Guillaume Malaurie





Le dentifrice Colgate Total a été épinglé par l'UFC-Que choisir : il contient du triclosan (K.TRIPPLAAR/SIPA).

Les tests réalisés par l’UFC-Que choisir sur 66 produits dévoilent "une teneur en triclosan susceptible d’effet sur la thyroïde" dans le dentifrice Colgate Total. C’est le moment de parler de cet antibactérien : son nom est encore inconnu, mais 95% de la population en est imprégnée.

Le fait que ces produits se trouvent dans les cosmétiques est logique du point de vue des  industriels. Sous forme de conservateurs ou d’antibactériens, ils permettent aux produits mis en vente d’être périmés moins vite. Le problème, c’est que cela est fait au détriment de la santé des consommateurs.

Grille de lecture obsolète

Ces crèmes, gels douche ou déodorants, on ne les met pas sur la peau sans conséquence : il n’y a pas de barrière cutanée, notre corps absorbe ces molécules. Et la durée d’exposition n’est pas courte puisqu’elle est souvent quotidienne ou tout du moins régulière. C’est pour cela que, comme toutes les substances chimiques, les cosmétiques devraient être gérés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

Pour l’instant, les cosmétiques sont gérés par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Or l’on ne peut accepter les effets secondaires de ces produits au même titre que ceux des médicaments – qui, eux, ont pour effet principal de soigner et ne se retrouvent dans les rayons qu’après une autorisation de mise sur le marché.

Il faut modifier les normes. Après-guerre, les industries chimiques se sont considérablement développées et ont été mises sur le marché 143.000 substances dont les risques n’ont, pour la plupart, jamais été évalués. Pour celles dont les risques ont été examinés, seules sont vraiment prise en compte les substances CMR, c’est-à-dire cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction. Ce qui laisse de côté les substances nurotoxiques, obésogènes ou diabétogènes. Notre grille de lecture est obsolète.

Effet cocktail, effet poison

Jusqu’à présent, la présence de perturbateurs endocriniens dans les produits de consommation n’a jamais été contrôlée. C’est pour cela qu’ils n’apparaissent pas dans la liste des composants des cosmétiques. Ils ne sont pas toxiques au sens classique du terme, mais viennent perturber le système hormonal. Il ne peut donc être question de dose, d’en diminuer le taux. La seule réponse, c’est la suppression.

Car ce n’est pas la dose qui fait le poison, c’est la période, principalement la grossesse. Dans le cas du bisphénol A, il a été prouvé que l’exposition pendant la grossesse et les premières années de la vie était plus dangereuse que l’exposition à l’âge adulte.Le problème vient aussi de l’"effet cocktail", lorsque les doses s’additionnent et atteignent un niveau significatif, ou bien lorsque le corps assimile différentes substances inoffensives si elles sont prises seules mais qui, ensemble, vont perturber le système endocrinien.

On retrouvait le bisphénol A dans tous les contenants alimentaires, et notamment les biberons. Depuis son interdiction, deux millions de bébés ne sont plus exposés en buvant du lait au bisphénol A. Ce petit effort des industriels a donc eu un impact considérable en termes de santé publique.

Période de transition délicate

C’est pourquoi je ne pense pas qu’il faille avoir un discours anxiogène. La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons agir pour contrer les grandes maladies d’aujourd’hui : cancers, maladies cardio-vasculaires et troubles neurologiques. Si ces pathologies métaboliques touchent de plus en plus d’individus, ce n’est pas seulement en raison de la sédentarité ou de l’alimentation. La pollution chimique est aussi en cause.

Bien sûr, la période de transition sera délicate. C’est comme lorsque les homards changent de carapace : on voit à présent les défauts du système qui a cours et le nouveau système n’est pas encore mis en place. Mais c’est justement parce que l’opinion publique est sensible à ces problèmes que les décideurs vont le traiter en urgence et que les industriels vont faire leur révolution culturelle.

La réponse se trouve dans l’innovation : il faut tenir compte, dans l’industrie de la chimie, du risque toxique et valoriser la question de la santé. Aujourd’hui, c’est une variable d’ajustement et nous le payons lourdement avec l’augmentation de maladies chroniques dans la population.

En attendant, les consommateurs peuvent se référer à la liste de produits émise par l’UFC-Que choisir. Et, plus largement, aux produits de consommation bio et sans paraben ou encore aux notes fournies par Noteo, une agence qui éclaire les enjeux sanitaires, environnementaux, sociaux et budgétaires de notre consommation.



Propos recueillis par Daphnée Leportois

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