mercredi 30 octobre 2019


En 2021, la forêt amazonienne ne pourra plus générer de pluie pour assurer sa survie
Selon les calculs de Monica De Bolle, économiste et auteure du rapport, ce point de bascule pourrait être atteint en 2021. La forêt amazonienne ne pourrait alors plus générer suffisamment de pluie pour assurer sa survie.

29 octobre 2019 - Laurie Debove source : La Relève et la Peste


A force de brûler, la déforestation de la forêt amazonienne l’empêche de générer sa propre pluie. Au rythme actuel, elle pourrait parvenir à un point de bascule irréversible où elle serait condamnée en… 2021, menaçant tous les êtres vivants qui en dépendent.
Déforestation, feux de forêts et précipitations

Dans un nouveau rapport, le Peterson Institute, un observatoire des enjeux économiques mondiaux qui se revendique indépendant et apartisan, fait le lien entre les feux, la déforestation et la baisse dramatique des précipitations dans la forêt amazonienne. En effet, tout comme en Indonésie, la forêt amazonienne déclenche sa propre pluie grâce à l’évapotranspiration. Avec l’accélération de sa destruction ces cinq dernières années, l’Amazonie se rapproche de plus en plus vite du seuil critique de 20 % à 25 % de sa superficie totalement détruite.
Selon les calculs de Monica De Bolle, économiste et auteure du rapport, ce point de bascule pourrait être atteint en 2021. La forêt amazonienne ne pourrait alors plus générer suffisamment de pluie pour assurer sa survie. 
Bien au-delà de son territoire, l’humidité amazonienne est également primordiale pour le maintien des conditions de vie de nombreuses espèces, dont l’humain, car elle contribue aux précipitations hivernales dans certaines parties du bassin de La Plata, notamment le sud du Paraguay, le sud du Brésil, l’Uruguay et le centre-est de l’Argentine. Le rapport précise également que si la forêt amazonienne est considérée comme l’un des « poumons de la planète » grâce à la production d’oxygène, sa destruction effrénée peut surtout en faire une véritable bombe à retardement qui relâcherait 200 millions de tonnes de carbone dans l’atmosphère et entraîner une montée en puissance de la crise climatique.

La nécessité d’une coopération internationale pour préserver la forêt
Si la culture du soja, notamment à destination du bétail, est l’une des majeures causes des feux de forêt causés par l’homme, elle n’est pas la seule à être responsable de la destruction de la forêt amazonienne. Pour promouvoir le développement économique, les autorités brésiliennes ont encouragé la construction de routes, de ports, d’usines d’hydroélectricité et d’autres activités comme l’industrie minière ou du bois.

Résultat : 800 000 km2 de forêt ont été détruits depuis les années 1970.
Face aux menaces, le président Lula avait lancé un plan d’action pour réguler la déforestation en 2004, ce qui avait permis de la réduire de plus de 80 % au cours de la décennie 2004 – 2014. Hélas, l’auteure de l’étude, l’économiste Monica De Bolle, a conclu que la récession économique brésilienne de 2015 est sûrement responsable de la reprise intense de la déforestation ces dernières années. L’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, dont la politique est orientée sur le développement économique, a d’autant plus aggravé ce phénomène.

L’INPE (l’Institut National du Brésil pour la Recherche Spatiale) a estimé que la déforestation était 222 fois plus importante en août 2019 qu’un an avant ! Et pour cause, le président brésilien a coupé les budgets de nombreux programmes chargés de la défense de l’environnement et du respect des peuples autochtones, dont la survie est aujourd’hui gravement menacée, au profit de l’agrobusiness.

Monica De Bolle insiste donc sur l’importance de mettre en place une coopération internationale pour préserver la forêt amazonienne en stoppant l’exploitation illégale de ses ressources, mettant en place des filières plus résilientes comme l’exploitation d’hévéa ou la culture des noix et protégeant les populations autochtones.

Aucun commentaire: