lundi 26 décembre 2016

Mystérieuses et bénéfiques, les mycorhizes fortifient les plantes

24 décembre 2016 

  

    
Pause de Noël au jardin sans pétrole. L’occasion de consulter, au coin du feu, les bons livres de biologie, et de découvrir les souterraines mycorhizes.
Un lecteur assidu du jardin sans pétrole et jardinier en Ardèche m’a adressé les références d’un article sur les mycorhizes très intéressant, bien qu’un peu ardu. Le genre de lecture hivernale à laquelle on s’attèle bien calé dans un fauteuil, une encyclopédie de biologie à ses côtés.
Elles ont été mises en évidence par le biologiste allemand Albert Bernhard Frank, conservateur de l’herbarium de l’université de Liebzig et chercheur en pathologie végétale à la fin du XIXe siècle : les mycorhizes naissent, à l’instar du lichen qui est la symbiose entre un champignon et une algue, de l’union de champignons avec les racines d’une plante. D’où leur nom, qui s’inspire de deux mots grecs - mykes - pour champignon et - rhiza - pour racine.
Observées avec une certaine méfiance dans les premiers temps de leur découverte, puis occultées par les agronomes alors que les travaux s’empilaient dans les laboratoires de recherches, les mycorhizes sortent enfin de l’ombre.
Elles s’avèrent en effet être des compagnons de route indispensables aux plantes, lesquelles attirent les hyphes filamenteux des champignons vers leurs racines en envoyant dans le sol des molécules attirantes. Quand les hyphes et les racines se rencontrent et se soudent, un troc bénéfique se met en place : les racines pompent les micro-nutriments du sol via les filaments du champignon et la plante fournit au champignon à travers ses racines de la matière carbonée qu’elle produit en quantité grâce à la photosynthèse. Mieux, une fois que la plante a installé les champignons mycorhiziens dans ses racines, ces derniers vont se développer dans toute sa rhizosphère (l’environnement racinaire) et accroître son champ de prospection pour l’eau et les minéraux.
Ce n’est pas tout ! Dans le sol, les champignons mycorhiziens peuvent être connectés à plusieurs plantes, qui se trouvent de ce fait en relation les unes avec les autres pour partager des ressources ou pour s’entraider face à des agresseurs, qu’il s’agisse de sécheresse ou de parasites.
Les expériences menées depuis plus de cinquante ans montrent que l’intérêt de la symbiose mycorhizienne joue aussi un rôle dans la qualité du sol, la protection contre les maladies pathogènes ou l’activité hormonale des plantes. Cette symbiose est si essentielle à leur économie vitale, comme interface avec toute la vie du sol, que l’on ne plus aujourd’hui considérer une plante sans son arsenal d’hyphes invisible à l’œil nu.
- Photo du chapô : Les racines jaunes sont entourées de filaments. Ils constituent le mycélium du champignon qui prospecte le sol.
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Le jardin se place en repos hivernal



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Source : Christine Laurent pour Reporterre

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