mercredi 29 décembre 2021

 

La Lufthansa contrainte d’assurer des milliers de vols… sans aucun passager (Allemagne)


Sourav/Pexels via Capital.fr

 

La compagnie doit maintenir certains trajets pour ne pas perdre ses créneaux aéroportuaires.

Par Annick Berger

Publié le 29/12/2021 à 20h53

C’est l’une des aberrations du système aérien. Alors que les compagnies aériennes à travers le monde sont contraintes d’annuler des milliers de vols en raison de la montée du variant Omicron, d’autres doivent effectuer des trajets… à vide. C’est le cas de la Lufthansa. La compagnie allemande a annoncé, la semaine dernière, l’annulation de 10% de son programme de vol, soit 33.000 trajets, cet hiver. Selon BFMTV, elle aurait même pu supprimer 18.000 vols supplémentaires sur la même période, si des règles européennes sur les créneaux aéroportuaires ne la contraignait pas à effectuer ces trajets.

En effet, selon les législations en vigueur, la Lufthansa doit assurer ces liaisons, même à vide, au risque de perdre ses "slots" : les règles européennes stipulent que les compagnies aériennes doivent assurer 80% de leurs créneaux de décollage et d’atterrissage, sans quoi elles perdent leurs droits d’usage pour l’année suivante. "Malheureusement, nous devons effectuer ces 18.000 vols inutiles", a ainsi déploré un porte-parole de la compagnie selon la télévision régionale hr-fernsehen.


Une mesure qui nuit au climat

Au début de la pandémie de Covid-19 en mars 2020, et face à l’arrêt du trafic aérien, l’Union européenne avait suspendu ces règles, avant de les réintroduire au printemps dernier. Elle a toutefois baissé le taux minimal d’utilisation de ces créneaux de 50%, insuffisant aujourd’hui pour éviter d’opérer des vols à vide pour de nombreuses compagnies. Des règles dépassées selon le patron de la Lufthansa.

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Dans une interview au Frankfurter Allgemeine Zeitung, Carsten Spohr a ainsi fustigé des mesures qui nuisent "au climat" et vont à l’encontre du "Fit for 55" mis en place par la Commission européenne et qui désigne le paquet climat européen. Ce projet prévoit une réduction des émissions de Co2 de 55% d’ici à 2030 par rapport à l’année de référence fixée à 1990. Un objectif qui semble difficile à atteindre, surtout si les compagnies se retrouvent forcées d’opérer des vols inutiles pour conserver leurs très chers "slots".

  

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