mardi 26 février 2019


La défaite cuisante du Mouvement 5 étoiles en Sardaigne (Italie)
Caroline Vinet , le 26/02/2019 à 15h48 source : La Croix

Les élections régionales de dimanche 24 février en Sardaigne ont vu s’effondrer le mouvement 5 étoiles qui n’a récolté que 11,2 % des voix.
La coalition de droite, menée par la Ligue, s’est imposée avec 48 % des suffrages. 
Le mouvement 5 étoiles (M5S) encaisse les défaites en cascade. Alors qu’il a difficilement arraché la 3place des élections régionales dans les Abruzzes la semaine dernière avec 20 % des suffrages, dimanche 24 février, il s’est incliné toujours plus en Sardaigne, récoltant bon an mal an quelque 11,2 % des voix. Un revers cuisant pour le mouvement anti-système qui avait raflé près de 40 % voix aux dernières législatives.
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Le parti de Luigi Di Maio paie le prix de sa politique
« Comme tous les partis nouveaux qui arrivent au pouvoir, le M5S connaît des déconvenues », ironise Christophe Bouillaud, professeur à Sciences-Po Grenoble et spécialiste de la politique italienne. Arrivé en 2017 au pouvoir, Luigi Di Maio, le dirigeant du mouvement est aussi ministre du développement économique, du travail et des politiques sociales. « Ce sont les ministères les plus difficiles, assure Jacques De Saint Victor, historien et spécialiste de l’Italie, car il est délicat de faire comprendre qu’il peut y avoir un changement économique rapide ».
Au cœur du problème, les positions économiques du mouvement « qui gère peu les régions », rappelle-t-il. Son hostilité à la ligne ferroviaire à grande vitesse devant relier Lyon et Turin (TAV) et au projet de gazoduc trans-adriatique (TAP), véritables créateurs d’emplois, l’a desservie au profit de la Ligue, dont « la rhétorique sur l’immigration reste toutefois assez proche de celle de Beppe Grillo ».
Les 5 étoiles peinent à conquérir les localités
Pour Christophe Bouillaud, la responsabilité de cet échec revient en partie aussi à la stratégie des 5 étoiles qui « n’ont pas su s’allier » à des personnalités locales. Car si le M5S est parvenu à s’imposer à l’échelle nationale, les élections régionales « perpétuent le système électoral traditionnel d’alternance entre la gauche et la droite ».
La transversalité du mouvement qui était jusque-là son atout principal, s’est transformée en désavantage. « Ils sont mal implantés localement et sont incapables de récupérer les politiciens professionnels d’un camp ou de l’autre », renchérit le spécialiste.
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Victimes directes de l’effet Salvini
C’est d’ailleurs sur ce point que la Ligue s’est imposé face aux 5 étoiles. Son coup de poker? Christian Solinas, chef de liste et grand vainqueur de l’élection. L’homme issu du Parti d’action sarde, « un vieux parti autonomiste » comme le résume Christophe Bouillaud, offre un ancrage local à la droite jusque-là inimaginable.
« Pour Matteo Salvini c’est un coup de force, puisque cela signifie que la Ligue n’est plus seulement le parti des nationalistes du Nord, mais celui de tous les nationalismes et régionalismes italiens. »
Un coup de force permis par la main de fer du ministre de l’intérieur italien. Le Mouvement 5 étoiles avait peu de chances de s’imposer en Sardaigne, Matteo Salvini ayant « gagné la course au leadership » face à son rival Luigi Di Maio, explique Christophe Bouillaud.
Les deux partis devraient toutefois poursuivre leur gouvernance à la tête du pays, selon le président du Conseil Giuseppe Conte, qui a assuré que « ce résultat [ne devrait pas avoir de] conséquences pour le gouvernement ».
Caroline Vinet

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