Elles préfèrent ménager les intérêts des grandes firmes agrochimiques que d’admettre qu’elles ont insuffisamment évalué les risques de ces pesticides hautement toxiques pour tous les organismes vivants.
Comme pour l’amiante, le glyphosate et les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, l’autorité sanitaire se camoufle derrière un panel d’études triées sur le volet, majoritairement produites par les firmes agrochimiques elles-mêmes, et préconise ni plus ni moins de continuer à laisser les agriculteurs utiliser massivement les SDHI dans les champs…
…se répandre dans l’air que nous respirons, dans le pollen des plantes butinées par les abeilles, et même dans l’alimentation humaine…
…tout en admettant qu’il subsiste de nombreuses zones d’ombre et d’incertitude, et que des études complémentaires doivent être menées !
En clair, l’ANSES accorde le bénéfice du doute aux industriels de l’agrochimie – au détriment de notre santé et celle des abeilles. C’est inacceptable !
Seul un recours massif aux parlementaires français, les seuls à même de demander des comptes à l’autorité sanitaire, pourra l’obliger à justifier ce choix insupportable, où les bénéfices financiers de quelques multinationales priment sur la protection de la santé des citoyens, de l’environnement, et des pollinisateurs indispensables à la vie sur Terre.
Pour les scientifiques à l’origine de l’alerte, cette décision est insupportable. Eux qui étudient depuis des années le rôle de la SDH, cette enzyme indispensable à la respiration cellulaire chez tous les organismes vivants, et de son déficit dans la survenue de maladies comme les cancers, les encéphalopathies, surtout chez les jeunes enfants, certaines tumeurs du système nerveux, et des affections graves comme la maladie de Parkinson, l’ataxie de Friedreich, le syndrome de Barth, ou la maladie de Huntington, ainsi que certains troubles de la fertilité (4)…
...Eux qui sont au contact des malades, dans les hôpitaux où ils travaillent (Hôpital pour enfants Robert Debré, hôpital européen Georges Pompidou) et essayent de trouver des solutions pour les guérir et éviter que d’autres ne souffrent des mêmes maux à l’avenir…
…Qui consacrent leur vie à la recherche scientifique et médicale, pour sauver celle des autres…
…Ce laxisme des autorités sanitaires, qui balayent d’un revers de la main leurs découvertes scientifiques et leurs cris d’alarmes, pour ne pas écorner les bénéfices de quelques industries agrochimiques, est intolérable !
Le seul moyen de tordre le bras aux autorités sanitaires, et les forcer à réétudier la question immédiatement, c’est de faire appel aux parlementaires français – députés et sénateurs. En leur demandant de mettre en place, de toute urgence, une commission d’enquête parlementaire, comme ils l’ont fait récemment pour le lait contaminé Lactalis, ou la condition des animaux dans les abattoirs français.
Il suffit de convaincre seulement une petite poignée d’entre eux pour que cette commission voie le jour : c’est possible, si les citoyens se mobilisent massivement, et immédiatement !
Cette décision des autorités sanitaires est d’autant plus inadmissible qu’elle se base sur un rapport d’experts jugé très lacunaire par les scientifiques. Ce rapport :
> ne prend pas en compte les spécificités d’action très élaborées des pesticides SDHI, et se base sur des critères d’évaluation réglementaires qui datent d’il y a 20 ans, et méconnaissent les biotechnologies actuelles et le mode de fonctionnement ultra-subtil des pesticides dernière génération comme les SDHI. Leurs effets sur les cellules des fœtus dans le ventre de leur mère exposée, ou sur les maladies épigénétiques transmissibles de génération en génération, ou sur la reprogrammation métabolique – autant d’inquiétudes soulevées par les chercheurs dans leur alerte – ne sont même pas étudiées ;
> il ne prend pas non plus en compte l’étude des maladies mitochondriales, pourtant démontrée noir sur blanc par les chercheurs, et écarte les résultats « gênants » - comme, par exemple, lorsque les expériences menées conduisent à la formation de tumeurs du foie, des reins et de la thyroïde chez les rats pour 11 pesticides sur 13 étudiés… ;
> ignore le « terrain » des malades susceptibles de développer des maladies mitochondriales, et raisonne comme si toute la population était en parfaite santé, sans prédispositions particulières ;
> comble : le rapport ne s’intéresse même pas aux effets des SDHI sur les abeilles ou les vers de terre, pourtant mis en lumière par plusieurs études scientifiques et constats de terrain (5)
> pire encore : le rapport se base sur les seules études fournies par l’agrochimie elle-même pour prétendre que les organismes non-ciblés (abeilles, poissons, êtres humains…) éliminent naturellementles SDHI. Alors qu’il suffit de regarder les études portant sur les résidus de SDHI dans les ruches d’abeilles (6), ou celles menées sur les cheveux de femmes enceintes et de leurs enfants après naissance (63% des échantillons prélevés sont supérieurs à la limite de détection (7)), pour savoir que ce n’est pas le cas !
Sur 13 pesticides de la famille des SDHI, la moitié (7 exactement) ont été classés par l’EFSA, l’autorité sanitaire européenne, comme « susceptibles de provoquer le cancer » (8). Et d’autres substances aux modes d’action similaire, comme la Roténone, ont été retirées du marché…
…Et on voudrait nous faire croire que les SDHI qui restent sont inoffensifs, juste parce qu’ils n’ont pas été correctement étudiés !
Ils jouent clairement avec nos vies et notre environnement.
Tout ça, pour ne pas avoir à reconnaître publiquement leur erreur d’avoir autorisé ces produits au départ, et ne pas montrer au grand jour la triste vérité sur les processus d’homologation des substances chimiques comme les pesticides : c’est l’agrochimie qui est à la manœuvre de A à Z, et les autorisations de mise sur le marché se basent majoritairement sur les études fournies par ces industries elles-mêmes…
C’est déplorable, et ne laisse présager rien de bon sur le niveau réel de protection des autorités sanitaires sur les abeilles, la nature, ou la santé et l’alimentation de la population…
C’est pourquoi il est urgent que les parlementaires s’emparent du dossier.
Une bonne fois pour toutes, nous allons montrer que l’évaluation des substances déversées dans les champs, qu’on retrouve jusque dans nos assiettes et l’air que nous respirons, n’est pas à la hauteur des enjeux et des effets réels – et ultra-subtils – de ces produits.
Si nous arrivons à convaincre, par notre nombre et notre détermination, ne serait-ce qu’une dizaine d’entre eux de créer une commission d’enquête parlementaire sur les SDHI et les procédures d’homologation qui permettent leur autorisation et leur utilisation massive malgré leur dangerosité, nous pourrons mettre l’ANSES au pied du mur et forcer une nouvelle évaluation, indépendante et transparente, du risque que posent les SDHI pour les abeilles, les insectes utiles de l’agriculture et les êtres humains.
Pour persuader les parlementaires de créer de toute urgence cette commission d’enquête, il faut deux choses essentielles :
1/ un dossier scientifique solide, que notre équipe a d’ores et déjà préparé, main dans la main avec les scientifiques de l’Inserm et de l’INRA à l’origine de l’alerte ;
2/ une mobilisation des citoyens d’une ampleur exceptionnelle – pour laquelle je fais appel à vous aujourd’hui.
Après avoir signé la pétition, transmettez SVP ce message le plus largement possible autour de vous. C’est très important : trop de personnes ignorent encore qu’ils ingèrent ou respirent, sans le vouloir, ces substances potentiellement mortelles pour la plupart des organismes vivants…
… et pourtant déversées car centaines de tonnes dans nos champs (9) chaque année, sur les céréales, les fruits et les légumes que nous mangeons au quotidien, et avec la bénédiction renouvelée des autorités sanitaires chargées de protéger notre santé et notre environnement !
Alors s’il vous plaît, aidez POLLINIS et les scientifiques de l’Inserm et de l’INRA à diffuser cette alerte à travers tout le pays, et mobilisez vos proches pour qu’ils rejoignent la pétition – pour obtenir, par la pression de notre nombre, une commission d’enquête parlementaire qui obligera les autorités sanitaires à défendre vraiment l’intérêt et la santé des citoyens et des organismes qu’ils sont chargés de protéger, comme les abeilles - et pas ceux des multinationales agrochimiques !
Merci d’avance pour votre mobilisation dans ce combat crucial pour éviter un désastre sanitaire et environnemental de grande ampleur dans les années à venir.
Bien cordialement,
Nicolas Laarman
Délégué général
Références
(5) Une étude de 2015 sur les effets du boscalid - le SDHI le plus répandu en France - sur les abeilles, a montré des effets similaires à la malnutrition : moindre consommation de pollen des butineuses, difficulté de digestion, qui occasionnent une plus grande vulnérabilité aux parasites et aux virus. Gloria Degrandi-Hoffman, Yanping Chen, Emily Watkins Dejong, Mona L. Chambers, Geoffrey Hidalgo; Effects of Oral Exposure to Fungicides on Honey Bee Nutrition and Virus Levels, Journal of Economic Entomology, Volume 108, Issue 6, 1 December 2015, Pages 2518–2528
Une autre étude menée en Belgique sur 330 colonies pendant 10 mois a démontré une relation claire entre la présence de résidus de fongicide et la mortalité des colonies. Simon-Delso N, San Martin G, Bruneau E, Minsart L-A, Mouret C, et al. (2014) Honeybee Colony Disorder in Crop Areas: The Role of Pesticides and Viruses. PLoS ONE 9(7): e103073. doi:10.1371/journal.pone.0103073
Une étude, menée au Canada a mis en lumière l’interaction mortelle entre les insecticides comme les néonicotinoïdes et les fongicides comme les SDHI : utilisés ensemble, leur impact dévastateur sur les pollinisateurs est décuplé ! « (...) si l’effet des néonicotinoïdes sur les pollinisateurs est indéniable, il n’est pas le même selon les espèces ; il est en outre modulé par des facteurs extérieurs, qui parfois augmentent leur nocivité, comme le fongicide boscalid au Canada » Un cocktail de pesticides grandeur nature, Pour la Science – Marie-Neige Cordonnier 09/08/2017
Sur le terrain :
(9) Plus de 3,24 millions d’hectares de cultures ont reçu un SDHI en 2014 en France, pour plus de 580 tonnes de substances, majoritairement du Boscalid (source Agreste). Utilisations (liste non exhaustive : avoine, blé, carottes, concombres, tomates, fraises, framboises, haricots, laitues, maïs, oignons, melons, lin, orge, pêches, poireaux, poivrons, pommes de terre, seigle, pommes, soja, tabac, vigne…
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire