(En Ukraine, on peut avoir de gros, gros doutes sur la réalité de l'accusation. note de rené)
Ukraine : Boïko, seul candidat d’opposition, sous le coup d’une affaire pénale à quelques jours des élections présidentielles
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La visite à Moscou, ce 22 mars, du seul candidat de l’opposition aux élections présidentielles ukrainiennes n’est pas passée inaperçue dans le pays. Au-delà de la volonté manifeste de regrouper un électorat favorable à une normalisation de la situation en Ukraine, c’est le fait même de la visite qui a provoqué une poussée d’hystérie au sein du pouvoir post-Maïdan : comment peuvent-ils tranquillement négocier et obtenir des promesses intéressantes, alors que le pouvoir officiel en est incapable aujourd’hui ? La question est réglée : à quelques jours du premier tour, une affaire pénale est ouverte. Aucune réaction de la communauté internationale, ni de la presse, qui sont pourtant si empressées habituellement à défendre la « démocratie ukrainienne » et les oppositions de par le monde.
Le 22 mars 2019, le candidat d’opposition Boïko et l’incontournable Medvedchuk (qui participe aux négociations de Minsk et appartient à l’opposition, voir notre texte ici) sont arrivés à Moscou pour une visite éclair. Au programme, une rencontre médiatisée avec le Premier ministre Medvedev et le président de Gazprom, Miller. La rencontre s’est très bien passée, tellement bien que la Russie a proposé une possible réduction de 25% du prix direct, si le pouvoir officiel ukrainien vient en discuter.
Le message politique est clair : seule la Russie est un partenaire réel, qui propose des solutions favorables aux Ukrainiens, quand le FMI demande toujours plus de hausse du prix de l’énergie, que le pouvoir en place est incapable de défendre le pouvoir d’achat de ses citoyens. Poroshenko est entré en furie : quoi, l’on veut à nouveau rendre l’Ukraine dépendante du gaz russe … Mais l’Ukraine l’achète toujours ce gaz russe, seulement beaucoup plus cher aux autres pays d’Europe. Rappelons quand même que la politique énergétique de Poroshenko, suivant les exigences internationales pour obtenir toujours plus de crédits qu’il n’est plus possible de rembourser, coûte très cher à la population:
De 2013 (avant le Maïdan) à 2018, les prix des charges liées au logement ont augmenté en moyenne de 745%. Le gaz a augmenté de 1080%. Le chauffage et l’eau chaude de 1220%. C’est ça le résultat réel du Maïdan.
Ce sont les gens qui paient la facture des choix idéologiques discutables de Poroshenko, du cours antirusse pris lors du Maïdan, par la force, les armes et avec le soutien très actif du clan atlantiste. Soutien qui, selon les paroles du membre du SBU (KGB ukrainien) qui s’est réfugié à Moscou, continue avec une implication active de la CIA dans des opérations spéciales visant à tuer certains individus trop encombrants. Evidemment, dans ces conditions, le pouvoir ne peut et ne doit changer de mains, ce serait trop dangereux. Pour les russophones, voir :
De ce point de vue, cette visite, à quelques jours des élections, est une catastrophe pour le clan au pouvoir : les Ukrainiens pourraient avoir l’idée de donner leur voix à des politiciens, qui s’occuperaient du pays et non pas des intérêts atlantistes. Que se passerait-il alors ? ...
Le ministre de l’Intérieur Avakov de s’exclamer : alors que les vols directs entre Kiev et Moscou sont interdits, qui des gardes-frontières a pris la décision en violation de cette interdiction de donner tant de facilité à des gens qui vont mener à Moscou des pourparlers anti-ukrainiens ? Le SBU a promis de mener l’enquête.
Des gens, qui peut-être, en ont assez de cette hystérie destructrice ? Le risque existe, il faut calmer les ardeurs, le Procureur général s’en occupe et déclare qu’une affaire pénale est ouverte contre Boïko et Medvedchuk pour … passage illégal de la frontière.
Oui, c’est ridicule, car les formalités douanières ont été respectées, comme le déclarent de leur côté les gardes-frontières russes : ces personnes étaient munies des documents permettant le passage de la frontière.
Mais rien d’autre n’a été trouvé, c’est l’impasse du légalisme primaire. L’on ne peut décemment pas dans une Ukraine pro-européenne déclarer que s’intéresser au bien-être de la population, lorsque cela contrevient aux intérêts atlantistes, est un crime … Tout ne peut pas se dire. Ce qui n’empêche pas de poster des groupes extrémistes vociférants devant le domicile de ces hommes.
Maintenant, avec une affaire pénale sur le dos, Boïko va avoir du mal aux élections présidentielles. Et si jamais un mouvement de soutien populaire, tout à fait réaliste, se met en place, de toute manière tout est déjà prévu : les observateurs russes de l’OSCE n’ont pas été accrédités, les âmes mortes votantes se ramassent à la pelle et les Ukrainiens vivant en Russie n’ont pas accès au vote.
Rien ne doit venir perturber les intérêts en jeu, largement supérieurs à ceux de la population – prise en otage. Souvenez-vous en lorsque les organismes internationaux, les politiciens, les grands libéraux de tout poil et toute plume, qui ont déjà retourné leurs pantalons faute d’avoir trop retourné leur veste, vous expliqueront que la démocratie a remporté en Ukraine une victoire contre « la méchante Russie ».
Simplement, souvenez-vous.
Karine Bechet-Golovko
Photo: Yuri Boïko
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