Russie : la population rejette massivement l’apartheid sanitaire
Par Karine Bechet-Golovko pour Russiepolitic
La Russie est souvent le pays de tous les excès, parfois avec un certain retard, qui peut aller, comme deux fois déjà, jusqu’à provoquer l’implosion du pays. Toujours au nom de l’alignement sur la voie du Progrès et de la Vérité, tenue en Occident. Qui pourrait être opposé à la lutte contre un virus ? Qui ne prendrait pas soin de la population ? Mais, in fine, quel est le rapport entre les mesures d’apartheid adoptées et la dimension sanitaire du Covid ? Chaque combat pour un « nouveau monde » a son détonateur, maintenant le nouveau détonateur est le vaccin, même si cette fois, la population russe est beaucoup plus résistante, refusant très clairement de se plier aux exigences de l’apartheid sanitaire, qui ouvre la voie grâce au Covid, à un monde vide et inhumain.
Le plan de vaccination massive, malgré les menaces, la propagande invasive, la folie ambiante, ne prend pas. Il faut dire qu’annoncer la possible vaccination pour les ados, pour les femmes enceintes, l’obligation de se faire vacciner tous les 6 mois quel que soit le niveau de leurs anticorps, n’est pas fait pour mettre en confiance. Peskov, le porte-parole du Kremlin, l’a annoncé : les 60% de vaccinés ne seront pas atteints d’ici septembre, il va falloir déplacer les dates-buttoirs. Le niveau de vaccination est très faible et paraît-il, les Russes commencent à être plus « responsables ».
Qu’entend le porte-parole du Kremlin par ce terme de responsable? Les Russes se vaccinent-ils parce qu’ils ont peur pour leur santé ? Non, manifestement pas. Dans ce monde covidé, l’on ne se vaccine pas pour des raisons sanitaires (ceux qui y croyait, l’on déjà fait depuis longtemps), mais pour d’autres raisons, Ô combien impérieuses, qui dépassent le droit et la morale, selon les polizeis du moment :
- des raisons sociales : pour ne pas être un « danger » pour les autres (s’ils sont vaccinés, avec leurs masques et leurs gants, de quoi ont-ils peurs ?);
- pour faciliter le travail des médecins et des hôpitaux (sans remettre en cause « l’optimisation » du système de santé);
- pour aller en vacances ou au restaurant (comme il y a une épidémie, qui est comparée avec une Grande Guerre, il faut bien prendre des vacances);
- pour aller au travail, car tout le monde n’a pas la chance d’être rentier;
- pour prendre les transports en commun, car tout le monde n’a pas la chance d’avoir une voiture ou un chauffeur …
Mais en Russie, la population ne se plie pas facilement. Il a suffit que le gouverneur de la région du Sud touristique annonce l’obligation d’être vacciné pour accéder aux établissements hôteliers, pour que les réservations soient en chute libre en 24h : 30% d’annulation pour juillet et 70% pour août.
A Moscou, le Maire de la capitale, notre très cher Sobianine, est en train de faire un bras de fer avec la population et les restaurateurs, les deux n’étant pas écrasés. Comme les Moscovites ne se dépêchent pas de se faire vacciner, n’acceptent pas de se comporter comme des chiens de compagnie qui se font mener chez le vétérinaire pour vaccination, et castration afin d’être encore plus calme, la menace tombe : si vous n’êtes pas vaccinés, vous êtes des parias et serez traités comme tel. L’accès aux hôpitaux ne sera possible que pour les urgences. Quant aux restos, oubliez, restez chez vous.
Les restaurants et les cafés qui avaient refusé début juin l’idée de Sobianine des zones « covid free« , dans un bon russe d’aujourd’hui, se voient obligés d’y passer au 28 juin par décision de Sobianine. Punition bien méritée pour ces déviants et le résultat est bien celui qui était attendu par eux : ceux qui sont passés au système de QR Code, devant prouver que l’assemblage de cellules qui se présente chez eux a bien été piqué, ont vu la fréquentation de leur établissement s’effondrer. En effet, les Moscovites restent chez eux : les établissements avec vérandas ont eu une chute de fréquentation de 50% et ceux sans vérandas de 95%.
Donc, en toute logique, la Mairie de Moscou annonce envisager ce système d’apartheid dans d’autres domaines.
De son côté, Peskov annonce avec une grande bonté, que le pouvoir fédéral n’envisage pas, pour l’instant, d’autres restrictions au niveau fédéral. Pourquoi prendre des risques politiques, quand les autres font parfaitement le travail ? Si cela va trop loin, il sera alors possible d’y mettre en terme, en se posant en sauveur. Et si ça marche, l’objectif sera atteint, l’on pourra se féliciter.
En Russie, le pouvoir est en train de fracturer la société, comme cela a déjà été fait par deux fois dans le passé : en février 1917 et en 1991. A chaque fois, ce processus a eu lieu lorsque des élites dites « libérales » ont pris le pouvoir, ont radicalisé à l’extrême le discours tenu en Occident, de telle sorte que la société s’est fracturée, puis l’Etat a implosé. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’on peut s’inquiéter des conséquences de cette poussée fanatique, sans aucune retenue, chez les élites russes.
Si la dimension sanitaire du Covid, qui n’est somme toute qu’un virus parmi d’autres, intéresse encore quelqu’un en Russie, il serait plus approprié de ne pas bloquer l’accès aux hôpitaux, de mettre un terme à « l’optimisation » des services de santé qui a conduit à la fermeture de beaucoup de lits depuis des années, de développer un travail rationnel sur un vaccin non pas dans la précipitation de l’expérimenter sur les populations, de travailler à des traitements pour soigner les personnes malades et laisser les autres vivre, de mettre un terme à la propagande intrusive mortifère qui met une partie de la population dans une situation de stress extrême très mauvais pour le système immunitaire, d’intégrer l’Académie des sciences écartée – manifestement trop éloignée des groupes d’intérêt, de transférer le contrôle sanitaire à l’Agence fédérale sanitaire et non pas le laisser entre les mains de l’Agence fédérale de la consommation (si l’on ne doit pas gérer le Covid comme un phénomène commercial), etc. Il y a beaucoup de choses à faire, mais qui n’ont rien à voir avec la surveillance totale de la population, la division de la société, la fragilisation des personnes, l’instauration d’un régime d’apartheid, etc.
PS: Il sera intéressant, quand cette période hytérique et liberticide aura pris fin, de voir qui seront ces gens, bien disciplinés aujourd’hui, qui parleront bien fort « contre les répressions », qui voudront construire un mur à la mémoire des victimes de ces « répressions » … Au lieu de construire des murs, il serait plus utile de tirer les leçons de l’histoire.
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