dimanche 3 février 2019

(C'est une idée de merde comme le moteur électrique qui ne change rien à la pollution. note de rené)


Les voitures autonomes pourraient aggraver les embouteillages

Vincent Lucchese  source : Usbek et Rica

Pour les voitures autonomes, il serait plus rentable de tourner à vide que de payer une place de parking, et cela menace d’aggraver considérablement les embouteillages, prévient un chercheur de l’université de Californie.
Soixante-neuf heures. C’est le temps que vous perdez chaque année à cause des embouteillages si vous êtes automobiliste à Paris, d’après un rapport publié l’an dernier par la société Inrix. Le chiffre monte à 102 heures si vous conduisez à Los Angeles.
Avec l’arrivée annoncée des voitures autonomes, cela pourrait bien empirer. C’est en tout cas la conclusion émise par Adam Millard-Ball, professeur associé à l’université de Californie, à Santa Cruz (UCSC). Dans un article tout juste publié dans la revue Transport Policy, il alerte sur le risque d’un « scénario cauchemar d’embouteillage total ».
50 centimes par heure
Les prévisions du chercheur se fondent sur l’idée que les coûts déterminent les comportements. Lorsque les prix de stationnement augmentent, davantage d’automobilistes se tournent vers les transports en commun. Mais les voitures autonomes, elles, n’ont aucune nécessité de se garer. S’il est plus rentable pour elles de rouler à vide en attendant leurs propriétaires ou clients plutôt que de chercher une place de parking, elles risquent d’augmenter considérablement l’intensité du trafic.
« Même en prenant en compte l’électricité, l’usure et l’entretien, rouler coûte environ 50 centimes de l’heure. C’est moins cher que de se garer, même dans une petite ville », explique Adam Millard-Ball dans un article de l’UCSC. Et pour aggraver les choses, ces voitures vides auront également tout intérêt à circuler à très faible allure, pour diminuer leur consommation.

Les embouteillages pourraient ainsi s’accumuler d’autant plus rapidement que seule une poignée de véhicules autonomes suffiraient à paralyser une ville. En s’appuyant notamment sur la théorie des jeux et un modèle de micro-simulation du trafic, le chercheur conclut, « dans le meilleur des scénarios », que 2 000 voitures autonomes roulant dans le centre-ville de San Francisco y ralentirait le trafic « à moins de 2 miles par heure », c’est-à-dire 3,2 km/h.
Plus de trafic ou plus de fluidité ?
Ce n’est pas la première fois qu’une étude souligne les potentiels effets secondaires négatifs de l’arrivée des voitures autonomes. Des travaux publiés en juin 2018 par le Forum économique mondial et le Boston Consulting Group et relayés par la MIT Technology Review prédisent que ces véhicules attireront de nouveaux automobilistes, jusqu’alors usagers des transports en commun. Résultat : une augmentation prévue de 5,5 % du trafic en centre-ville et plus d’embouteillages à la clé.
Ces différentes études viennent modérer l’enthousiasme et la confiance des constructeurs qui ne cessent de vanter les vertus de leurs prototypes. Bourrées de technologie, connectées entre elles et dépourvues du comportement irrationnel et erratique des humains, ces voitures sans pilote permettraient au contraire de fluidifier le trafic. Certaines expériences, comme celle de l’université de l’Illinois de 2017, montrent ainsi que remplacer seulement 5 % des conducteurs par des voitures autonomes fluidifiait la circulation et réduisait de 40 % la consommation de carburant.

Adam Millard-Ball ne condamne pas non plus les voitures autonomes et propose quelques pistes pour éviter les effets pervers qui font qu'il est plus économique pour ces engins de rouler à vide. Passer par la régulation de l’activité, en interdisant par exemple à ces voitures de rouler plus de 10 minutes à vide serait selon lui inefficace et trop difficile à mettre en place. « Comment faites-vous pour les véhicules transportant des colis ? », pointe-t-il.
La mise en place de taxes ou de forfait en centre-ville fonctionne en revanche déjà pour inciter les conducteurs à moins rouler et réduire la circulation dans certaines villes, souligne-t-il. Pour rendre moins rentable de rouler que de se garer, le chercheur propose d’affiner le mécanisme : ces voitures, bardées de capteurs et connectées, pourraient être taxées au kilomètre parcouru à vide, ou bien payer plus dans certaines zones selon l’état du trafic.
Mais alors qu'elles devraient faire partie du paysage d’ici 5 à 20 ans, selon Adam Millard-Ball, il est urgent d’agir. « La tarification de la circulation est difficile politiquement à mettre en œuvre. Les gens ne veulent jamais payer pour quelque chose qu’ils ont historiquement pris l’habitude d’avoir gratuitement. Mais pour l’instant personne ne possède de voiture autonome », note le chercheur. L’occasion ou jamais d’éviter un « scénario cauchemar », et de récupérer les revenus ainsi générés pour développer les transports publics, propose-t-il.

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