Sanctions contre l'Iran : "Les entreprises européennes s'en vont, les chinoises, indiennes et turques restent"
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Azadeh Kian, professeure de sociologie à l'université Paris Diderot et spécialiste de l'Iran a réagi sur franceinfo à l'entrée en vigueur des sanctions américaines.
Cinq avions ATR assemblés à Toulouse se sont posés en Iran dimanche 5 août. C'est la dernière livraison pour la compagnie Iran Air avant l'entrée en vigueur des sanctions américaines promises par Donald Trump. Des sanctions économiques pour Téhéran mais aussi pour les entreprises qui commerceraient avec l'Iran. Azadeh Kian, professeure de sociologie à l'université Paris Diderot et spécialiste de l'Iran a analysé l'impact de ces sanctions sur franceinfo.
franceinfo : Que risquent les entreprises françaises qui continueraient à commercer avec l'Iran après lundi, date de l'entrée en vigueur des sanctions ?
Azadeh Kian : Elles seront sanctionnées, notamment les entreprises qui commercent également avec les États-Unis, qui y ont des intérêts. Ce n'est pas le cas des petites et moyennes entreprises françaises ou européennes. C'est surtout le secteur industriel iranien qui sera affecté par ces sanctions, en particulier le secteur de l'automobile, où Peugeot et Renault avaient de nouveau investi après la levée des sanctions internationales en janvier 2016. Peugeot a déjà déclaré partir de l'Iran même s'il s'agit d'un marché de 400 000 automobiles par an. Même l'échange des métaux, y compris l'or, sera interdit. L'Iran voulait aussi acheter une centaine d'Airbus, dont trois seulement ont été livrés. Cette transaction va être suspendue. D'autres grandes entreprises françaises comme le pétrolier Total ont également quitté le pays au profit des entreprises chinoises. En effet, si les entreprises européennes s'en vont, les entreprises chinoises, indiennes ou encore turques restent.
Comment les Européens réagissent-ils à ces sanctions ?
Les échanges commerciaux ne représentent pas grand chose en Europe. Ce qui inquiète surtout les Européens, c'est que l'Iran sorte de l'accord sur le nucléaire. La question principale reste celle de la non-prolifération nucléaire, en particulier pour la France. C'est la raison pour laquelle les Français tentent d'offrir aux Iraniens des facilités afin que les entreprises européennes puissent continuer à exister en Iran.
Quels impacts ont ces retraits sur l'économie réelle, beaucoup de gens vont se retrouver au chômage ?
Les Iraniens sont très inquiets, il y a déjà tous les jours des manifestations pour protester contre la vie chère, la crise économique, la dévalorisation importante de la monnaie iranienne. À partir du moment où les sanctions américaines seront appliquées, le ministre iranien du travail a annoncé qu'il risquerait d'y avoir plus d'un million de personnes au chômage et un taux d'inflation très important, de l'ordre de 110%. Cela dit, l'Iran a une dizaine de voisins à qui elle va pouvoir continuer de vendre son pétrole. Même si l'utilisation de dollars sera interdite, les échanges en lyres turques, en roupies indiennes ou en monnaie chinoise continueront très vraisemblablement à exister. L'essentiel de l'économie iranienne pourrait subsister grâce à la Chine.
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