Comment la banque internationale ruine le Venezuela
par Claudio Fabian Guevara
Le terrorisme financier contre le Venezuela comprend non seulement le blocus et les sanctions internationales, mais aussi la déstabilisation par la spéculation monétaire, l’hyperinflation et la disparition de la monnaie en circulation, ainsi que la fermeture des comptes à l’étranger qui couvraient le paiement des biens et services courants. Au cœur de la crise se trouve la complicité des banques et des grands capitaux privés.
Au cours de la dernière décennie, il s’est vu clairement que le maintien de l’hégémonie du dollar a été plus important que l’exploitation du pétrole dans l’agenda caché de la guerre.
Le lynchage de Mouammar Kadhafi et la destruction de la Libye ont été dus à son activisme pour une monnaie panafricaine adossée à l’or [1]. L’assassinat de John F Kennedy, l’invasion de l’Irak et l’arrestation de Dominique Strauss-Khan [2] ont en commun les intrigues meurtrières entourant l’utilisation du dollar comme monnaie hégémonique.
Récemment, l’utilisation du dollar comme arme politique par les États-Unis a fait l’objet d’un avertissement du président russe Vladimir Poutine [3]. Comme dans d’autres pays, les sanctions économiques américaines contre la Russie sont appliquées par le biais de restrictions imposées par le système bancaire sur les transactions en dollars, qui dominent le commerce international.
Lors d’une conférence de presse sur les résultats du 10e sommet du BRICS, Vladimir Poutine a déclaré :
« C’est une grosse erreur stratégique, car elle sape la confiance dans le dollar en tant que monnaie de réserve ».
Une bataille politique de premier ordre
Poutine suggère que l’abus de la position prédominante du dollar et de ses institutions financières associées, pour imposer une sorte de justice sommaire aux individus, pays et institutions, génère un mouvement inverse : la génération de la méfiance envers le dollar comme monnaie de réserve, et l’encouragement des opérations latérales – par exemple, le commerce entre l’Inde et la Russie sans la médiation du dollar – et la recherche collective d’alternatives. C’est une expérience de l’humanité qui devrait conduire à une solution fiduciaire globale et publique, non privatisée par les banques de la FED. Il s’agit d’une bataille politique majeure.
Les réseaux financiers sont un aspect central de la société moderne mondialisée. Actuellement, l’accès total ou la déconnexion forcée de certains territoires est décidé par un groupe de banques et d’institutions du gouvernement américain avec leurs agents extraterritoriaux. Ce pouvoir est souvent utilisé pour lancer un harcèlement multidimensionnel, une intimidation inacceptable sur certains peuples.
Son pouvoir, l’efficacité de sa coordination, s’est accru au fil des ans. Maintenant, ils appliquent toute leur technologie pour ruiner le Venezuela. Et ils dépassent les marques de cruauté et de colère destructrice qu’ils ont obtenues à Cuba.
Mission : Ruiner le Venezuela
Dans la crise actuelle, on peut dire beaucoup de choses sur l’influence de la corruption interne, des politiques gouvernementales ou du modèle d’économie mixte tenté par la Révolution bolivarienne. Cependant, le fait de passer du salaire le plus élevé de la région à l’un des plus bas du monde en seulement cinq ans ne s’explique pas seulement par des erreurs locales.
Il y a un aspect qui rend la crise de l’économie vénézuélienne unique : la convergence inhabituelle de moyens financiers, diplomatiques et commerciaux destinés à paralyser le pays.
La situation au Venezuela incarne une prodigieuse coordination des efforts pour produire son étranglement par le biais d’un terrorisme financier très sophistiqué. Aucune économie ne pourrait faire face à une telle flambée sans subir de graves dommages intérieurs.
Cela inclut, la déstabilisation de l’intérieur par la spéculation sur les taux de change et l’hyperinflation, et plus récemment, la disparition de la monnaie circulante du pays. Cette manœuvre criminelle de haut vol, qui a rendu la vie quotidienne des gens extrêmement difficile, est encore entourée de mystère, Elle n’est pas imputable au manque de compétence du gouvernement et ne peut être imaginée sans la complicité des banques et des grands capitaux privés.
Ce terrorisme financier comprend, un blocus financier croissant de l’extérieur, qui a commencé par des sanctions et s’est aggravé avec la fermeture des comptes internationaux qui couvraient le paiement des biens et services courants. L’inclusion de fonctionnaires nationaux sur des listes noires de nature clairement politique et maccarthyste est un autre chapitre du blocus. Et le refus récent des petites banques correspondantes de continuer à travailler avec le Venezuela fait partie du chantage.
Soumission ou échafaud
Les banques correspondantes sont le moyen pour les pays d’effectuer des paiements à l’étranger en acheminant des transferts de fonds, mais les sanctions américaines et les décisions opérationnelles des institutions financières américaines et européennes ayant une dimension mondiale ont laissé à l’administration de Nicolas Maduro peu d’options pour les transactions [4].
Il ne s’agit pas d’un état de droit : c’est une opération de gangsters qui force le pays à transférer des actifs ou à payer des commissions très élevées pour récupérer les actifs déposés dans des institutions financières étrangères. La Banque centrale du Venezuela a récemment dû payer 172 millions d’euros pour récupérer l’or du trésor national détenu par la Citibank en garantie [5].
Même des entités puissantes qui, pour une simple question de commodité commerciale, se réunissent pour traiter avec le Venezuela sont victimes d’une campagne de presse furieuse, comme ce fut le cas pour Goldman Sachs.
Tout vise à empêcher le fonctionnement normal du pays sur le marché mondial et, en fin de compte, l’État vénézuélien peut avoir les moyens de payer, mais pas les réseaux.
Le blocus touche également les individus. Les touristes ou les visiteurs au Venezuela peuvent agir normalement, apparemment, avec leurs cartes de crédit. Lorsqu’ils retournent dans leur pays d’origine, ils seront débités sur leurs comptes de 10 fois la valeur de leurs achats en dollars.
Chacune de ces « fermetures de portes » implique la dissociation et la déconnexion de l’économie mondiale. Des cycles économiques retardés ou interrompus, des fournitures qui n’arrivent soudainement plus. Machines et véhicules qui tombent en panne et ne peuvent pas être réparés. Une économie où, à en plus du sabotage, des erreurs et des inefficacités internes, s’ajoutent le manque d’opportunité, l’inactivité et le désespoir.
Sans argent et sans crédit, la mission est de ruiner l’économie vénézuélienne : que ces millions de métis qui prétendent se rebeller contre le pouvoir colonial retiennent cette leçon historique. Et que se regardent dans ce miroir tous les insubordonnés du continent .
Le Venezuela sert à cette mafia, qui déploie de plus en plus de ressources, comme l’exposition d’un échafaud. C’est pourquoi la bataille inégale que mène le pays nous concerne tous.
Référencias:
[1] “Pequeño banco portorriqueño suspende servicios financieros a Venezuela”, Reuters, novembre 2017
https://lta.reuters.com/article/businessNews/idLTAKBN1DM2QZ-OUSLB
[2] “El dólar: la principal arma de Estados Unidos”, El Economista, août 2014
http://www.eleconomista.es/firmas/noticias/6012037/08/14/EL-DOLAR-LA-PRINCIPAL-ARMA-DE-ESTADos-UNIDOS.html
[3] “La falta de bancos corresponsales ahoga al gobierno venezolano”, Diario de las Américas, 4 juin 2018,
https://www.diariolasamericas.com/america-latina/la-falta-bancos-corresponsales-ahoga-al-gobierno-venezolano-n4152232
[4] “Qué pasa cuando alguien es incluido en la OFAC, la lista negra en que Estados Unidos puso al presidente de Venezuela, Nicolás Maduro”, BBC, août 2017.
https://www.bbc.com/mundo/noticias-america-latina-40784287
[5] “Cronología: injerencia de EE.UU. en Venezuela”, Telesur, 15 août 2017
article originel : Cómo la banca internacional arruina Venezuela
traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International
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